Deux attentats commis vendredi par des femmes handicapées mentales sur des marchés de Bagdad ont fait 98 tués et 208 blessés, selon un nouveau bilan établi samedi par des responsables irakiens de la sécurité.Les attentats attribués à Al-Qaïda ont été commis par deux femmes handicapées mentales portant des vestes d'explosifs qui ont été déclenchées à distance. Les deux attaques ont été menées sur des marchés bondés lors du jour de repos hebdomadaire.Dans les deux cas, “les deux femmes étaient des handicapées mentales”, selon le porte-parole de l'armée irakienne dans la capitale, le général Kassem Atta. “Elles portaient chacune une veste d'une quinzaine de kilos d'explosifs, avec des boulons et des billes de métal. Le mécanisme a été déclenché à distance avec des téléphones portables”, a précisé le général Atta. Il n'a cependant pas été en mesure de préciser si les deux femmes avaient agi volontairement ou portaient les vestes explosives à leur insu. L'armée américaine a condamné ces “attaques barbares” qu'elle a immédiatement attribuées à la branche irakienne d'Al-Qaïda, disant “travailler en étroite collaboration avec les autorités irakiennes pour trouver les coupables et les traduire en justice”. Il s'agit de la journée la plus meurtrière à Bagdad depuis le 1er août 2007, date à laquelle un triple attentat à la voiture piégée avait fait 80 morts. Une première bombe a explosé vers 10h40 (07h40 GMT) sur le marché animalier d'al-Ghazil dans le centre de Bagdad, faisant 46 tués et 82 blessés. Ce marché qui attire des foules d'amateurs a déjà été la cible de plusieurs attentats, dont le dernier en novembre 2007 avait fait 13 tués. Ouvert uniquement le vendredi, il est généralement très fréquenté par des familles qui viennent y acheter des oiseaux —pigeons, perruches et même perroquets— et autres petits animaux. Le second attentat est survenu dix minutes plus tard sur un autre marché d'un quartier du sud-est de la capitale, Al-Jadida, faisant 18 tués et 25 blessés. Un ballet d'ambulances et de véhicules de police sont venus immédiatement évacuer les victimes vers cinq hôpitaux de la ville. “Les deux attaques ont été menées de façon coordonnée, et dans chaque cas par une femme kamikaze portant une veste d'explosifs”, a indiqué le commandement américain, faisant état d'un bilan total de 27 morts. Selon le général Kassem Atta une des deux femmes “n'était pas irakienne”. Le recours à des femmes pour des attentats suicide est rare mais pas inédit en Irak où de telles attaques se sont multipliées depuis deux mois dans le centre-nord du pays, fief des partisans d'Al-Qaïda. C'est en revanche la première fois qu'un tel dispositif —des femmes handicapées avec des vestes piégées déclenchées à distance— est utilisé. Dans un communiqué, le président Jalal Talabani a condamné ces “nouveaux crimes brutaux” qui ont tué “près de 70 civils innocents”. “L'étau se resserre autour” des terroristes “et ils commettent de tels crimes pour se venger”, a assuré M. Talabani. Le 23 janvier, une explosion à Mossoul, dans le nord du pays, d'un immeuble piégé servant de stocks de munitions, avait fait au moins 60 tués. L'attentat avait été attribué à Al-Qaïda. Le Premier ministre Nouri al-Maliki avait annoncé peu après le lancement d'une “bataille finale” contre Al-Qaïda dans la région de Mossoul. A Washington, la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, a dénoncé les attentats affirmant que l'utilisation d'handicapées mentales pour commettre des attentats montrent que les Irakiens font face à un ennemi “brutal” et “en déroute”. L'utilisation de ces femmes privées de leur capacités mentales représente “un défi très difficile” pour les troupes de la coalition, a ajouté Mme Rice.“Ces extrémistes ne font aucun cas de la vie. Nous continuerons à être au côté des Irakiens pour vaincre ces terroristes”, a pour sa part affirmé le porte-parole de la Maison-Blanche Gordon Johndroe.