Le Syndicat des travailleurs du Soudan du Sud a appelé le gouvernement à tenir sa promesse de multiplier par trois les salaires de tous les fonctionnaires et d'améliorer les conditions de travail des employés du public comme du privé. George Paul Baya, secrétaire aux relations extérieures du syndicat, a rapporté que le gouvernement n'avait pas tenu complètement sa promesse car seuls les fonctionnaires travaillant pour le gouvernement central ont bénéficié de cette hausse de salaires tandis que ceux des gouvernements locaux et du secteur privé conservent des salaires inchangés malgré l'aggravation de la crise économique. M. Baya accuse également le gouvernement de ne pas réglementer le secteur privé, qui exploite ses employés sous différentes formes, a-t-il dit. "Ces jours-ci ou cette année, nos employés souffrent trop à cause des prix élevés du marché. Alors que nous célébrons la Fête du travail, les gens souffrent trop à cause des salaires trop faibles qu'ils reçoivent", a déclaré M. Baya. "Nous appelons le gouvernement à faire de son mieux et à faire quelque chose pour améliorer la vie de tous les travailleurs dans le pays. Tous les maîtres doivent à leurs servants l'égalité et la justice", a-t-il ajouté. Le gouvernement du Soudan du Sud a annoncé en janvier 2016 une augmentation de salaire de 300% pour tous les fonctionnaires du pays, ordonnant également au secteur privé de payer un salaire minimum de 2.000 livres sud-soudanaises (SSP), soit environ 13 dollars après la dévaluation de la SSP en fin 2015. Toutefois, le gouvernement n'a pas appliqué cette augmentation de salaires, poussant les juges, professeurs d'université et enseignants de primaire à organiser plusieurs grèves l'année dernière pour protester notamment contre le niveau des salaires et les mauvaises conditions de travail. Toutefois, la sous-secrétaire au ministère du Travail et des Services publics, Mary Hilary Wani, a déclaré que le gouvernement était gêné dans l'application de la nouvelle réforme des salaires à cause de la situation économique que connaît le Soudan du Sud. Il est dans l'intérêt du ministère du Travail de veiller à ce que les employés et les habitants du Soudan du Sud bénéficient des meilleurs services, mais cela ne sera possible que s'il y a la stabilité économique, a-t-elle ajouté. "Du fait de la chute des cours pétroliers, les recettes ne sont plus suffisantes. Nous tentons de diversifier l'économie du pays, et une fois que ce sera fait, nous serons en mesure d'augmenter les salaires et de veiller à ce que le secteur privé améliore les conditions de travail des gens", a dit M. Wani. Le Soudan du Sud, pays ravagé par la guerre, dépend des recettes pétrolières pour financer 98% de son budget, cependant la production a fortement baissé en raison de la guerre civile éclatée en 2013, qui a provoqué la fermeture de la plupart des gisements pétroliers dans la région pétrolifère du nord du pays. La production, auparavant de 350.000 barils par jour (bpj), est tombée en-dessous de 130.000 bpj. Ce pays d'Afrique de l'Est est actuellement confronté à une hyperinflation et à une pénurie de liquidités qui ont mis le gouvernement dans l'impossibilité de payer dans les délais ses effectifs élevés de soldats et de fonctionnaires, alors que les réserves de change manquent pour financer les importations.
L'ONU appelle à la protection des civils L'ONU a appelé avant-hier à la protection des milliers de civils à Aburoc et aux environs, suite à la reprise de l'offensive gouvernementale contre les rebelles et des affrontements dans plusieurs zones sur la rive ouest du Nil, dans le nord du Soudan du Sud. Serge Tissot, coordonnateur par intérim de l'ONU sur les affaires humanitaires au Soudan du Sud, a demandé aux parties au conflit d'assumer leurs responsabilités pour protéger des milliers de civils qui ont trouvé refuge à Aburoc. "Beaucoup fuient au Soudan, et nos collègues de l'autre côté de la frontière feront tout ce qui est possible pour les aider. Cependant, il est tout à fait inacceptable qu'ils soient forcés de fuir leurs terres", a déclaré M. Tissot dans un communiqué Publié à Juba. Il a déclaré que les civils à Aburoc vivent dans la peur, ne sachant pas ce que chaque jour apportera, et demandé au gouvernement de respecter la nature civile de ces établissements et de veiller à ce qu'ils ne fassent pas objets des attaques. "Je demande aux forces de l'opposition de veiller à ce que les zones fortement peuplées par des civils soient démilitarisées", a indiqué le responsable onusien. Il est rapporté que des milliers de personnes ont fui vers Aburoc, à 30 km au nord de Kodok, où il y a environ 50.000 personnes, bien que certains tentent maintenant de traverser la frontière pour se réfugier au Soudan après que les forces gouvernementales aient pris le contrôle de Kodok la semaine dernière. Selon l'ONU, beaucoup ont marché pendant des jours à pied sans avoir accès à de l'eau suffisante en raison du conflit le long du fleuve Nil et arrivent épuisés et faibles. Des milliers de personnes se déplacent maintenant vers le Soudan par peur des attaques futures potentielles. Les transports, à prix exorbitants, sont pourtant inadéquats, et beaucoup de gens doivent marcher. Plusieurs employés locaux restent dans la communauté et font tout leur possible pour aider les personnes dans le besoin. Toutefois, les matériels d'aide ont souvent été pillés par des forces de l'opposition et d'autres acteurs ces derniers jours, selon l'ONU. M. Tissot a appelé le retour immédiat à Aburoc de tous les biens humanitaires pillés, qui sont "absolument essentiels" à l'action humanitaire vitale. Sinon, "nous sommes incapables d'opérer dans cette zone, qui est très éloignée et incroyablement difficile sur le plan logistique", a-t-il affirmé, demandant aux autorités de garantir la sécurité du personnel et des biens humanitaires, et de respecter l'espace humanitaire. Une équipe composée des représentants de différentes agences onusiennes a visité Aburoc vendredi dernier pour évaluer la situation, et le Fonds central d'intervention d'urgence a déboursé des fonds pour appuyer les opérations d'urgence dans les zones où des civils arrivent.