Viols, enlèvements et incendies viennent s'ajouter aux combats parmi les plus violents en dix-sept mois de guerre civile au Soudan du Sud, laissant aussi des centaines de milliers de personnes sans aide humanitaire, ont rapporté hier les Nations unies. Plus de 300 000 civils sont privés d'une aide vitale dans l'Etat de l'Unité, dans le nord du pays, par le retrait de la zone des combats des agences de l'ONU et organisations humanitaires, précise cette dernière dans un communiqué. Les Nations unies avaient déjà annoncé la semaine dernière que 100 000 personnes avaient dû fuir leurs foyers en une semaine de violents affrontements. La mission de maintien de la paix de l'ONU au Soudan du Sud se dit de plus en plus préoccupée par les informations en provenance des comtés de Guit et Koch, dans l'Etat de l'Unité, faisant état de villes et villages incendiés, de meurtres, enlèvements de garçons parfois âgés de tout juste 10 ans, de rapts et viols de femmes et filles et de déplacement forcé de civils. Les forces gouvernementales avancent vers le Sud depuis la capitale de l'Etat, Bentiu, en direction d'une zone proche de la ville pétrolière de Leer aux mains des opposants. Le Comité international de la Croix-Rouge s'est déjà retiré de Leer et a averti que l'escalade des combats entre les forces fidèles au président Salva Kiir et celles de son rival, l'ex-vice-président Riek Machar, avait provoqué la fuite de milliers de civils. Les deux camps s'affrontent depuis décembre 2013 dans une guerre qui a déjà fait plusieurs dizaines de milliers de morts et deux millions de déplacés. Le gouvernement de l'Unity, Joseph Monytuil, a déclaré lundi soir à la presse que les soldats gouvernementaux avaient pour objectif une reprise de Leer dans les prochains jours. Médecins sans frontières (MSF) avait annoncé dès samedi le retrait de son personnel étranger de la ville et la suspension de son aide médicale dans la crainte d'une attaque imminente des forces gouvernementales. Ville natale de M. Machar, Leer a été saccagée en janvier 2014 par les forces de Juba et l'hôpital de MSF pillé et en partie incendié. L'ONG a depuis reconstruit l'établissement, le seul en zone rebelle. Lundi soir, l'Union européenne a condamné les combats, estimant que la guerre avait provoqué une des pires catastrophes humanitaires des récentes années. Son responsable humanitaire, Christos Stylianides, a déclaré que le conflit n'avait pas de solution militaire et qu'il revenait aux dirigeants sud-soudanais de faire la paix. Plusieurs rounds de négociations entre les camps de MM. Kiir et Machar n'ont jusqu'à présent pas donné de résultat.