Le gouvernement a lancé un nouveau programme visant à réglementer et surveiller la vente et la distribution des engrais chimiques utilisés par les agriculteurs, pour empêcher qu'ils ne soient utilisés par des terroristes pour la fabrication d'explosifs. Une démarche qui inquiète, néanmoins, les agriculteurs. Ces derniers appréhendent que les changements apportés ne réduisent les rendements agricoles.Les ministères de l'Agriculture, de la Défense et de l'Intérieur se sont entendus donc sur cette nouvelle mesure, après les attentats suicide qui ont visé, dans la capitale, les bureaux des Nations unies et le bâtiment du Conseil constitutionnel.De leur côté, les services de sécurité ont renforcé la surveillance sur les importations de produits chimiques.Cette décision intervient après la saisie, fin janvier, par les même services de quantités avoisinants les 50 tonnes de phosphate et d'engrais chimiques qu'utilisent les terroristes en plus de substances chimiques servant à la fabrication d'explosifs. Pour sa part, le ministre de l'Agriculture, Saïd Barkat, a indiqué que le gouvernement n'envisageait pas ces nouveaux contrôles comme une mesure de représailles envers les agriculteurs, mais plutôt pour permettre de distinguer un usage correct et incorrect de ces engrais. Des responsables du ministère de l'Agriculture ont organisé une série de réunions en décembre et janvier derniers pour présenter ces mesures aux représentants des ministères de la Défense nationale, de l'Intérieur et de l'Energie. Une décision antérieure avait interrompu la distribution d'engrais aux agriculteurs, afin d'empêcher qu'ils ne tombent entre les mains des terroristes. Le projet gouvernemental a cependant été froidement accueilli par les agriculteurs, qui redoutent que cette mesure n'ait un impact négatif sur la production. Mohamed Alioui, secrétaire général de l'Union nationale des agriculteurs algériens (UNPA), s'est déjà exprimé à ce sujet. Il a demandé aux autorités de ne pas léser les agriculteurs par cette mesure. Lors des déclarations à la presse, il a suggéré de confier la distribution des engrais à des agences locales soumises à la surveillance constante des forces de sécurité, et de mettre un terme aux ventes privées. Le secrétaire général de l'UNPA a tenu à rassurer les agriculteurs, expliquant que la distribution des engrais reprendrait après que le gouvernement aura mis en place ces nouvelles mesures. Il a indiqué que la pénurie qui a fait l'objet de nombreuses rumeurs n'affectait que certaines régions et que les entreprises privées disposaient de stocks suffisants pour surmonter cette interruption. Saïd Barkat s'est fait l'écho de ce message, ajoutant qu'il serait vraisemblablement fait appel aux institutions publiques et que le suivi des engrais sera permanent. Les agriculteurs font l'objet déjà la surveillance de leurs réserves d'engrais. Les services de sécurité continuent d'intensifier leurs contrôles sur les produits, en particulier les engrais en provenance des pays voisins le Maroc et la Tunisie. L'année dernière, les gardes frontaliers avaient intercepté plus de cinquante tonnes de produits chimiques utilisés dans la fabrication d'explosifs, destinés à des groupes terroristes. Des restrictions ont également déjà été imposées aux importateurs de substances utilisées dans la production de produits chimiques, en particulier des acides, utilisés dans la production d'explosifs et de grenades à main.