Plusieurs centaines de producteurs de tomate industrielle se sont rassemblés mardi devant le siège de la wilaya pour réclamer l'intervention d'urgence des autorités locales pour trouver une solution au problème du déficit en eau qui menace leur récolte. Venus de diverses communes, les protestataires qui sont membres de l'Association de wilaya des producteurs de la tomate industrielle assurent que leurs plantations de tomate n'ont été arrosés depuis 15 jours en raison de l'arrêt du pompage vers leur périmètre irrigué des eaux du barrage de Bouhamdène dont le niveau aurait baissé à moins 15 % cette saison. Ils ont également souligné que la solution alternative de recourir aux eaux du barrage de Sedrata (Souk Ahras) bute sur des problèmes de perturbation des approvisionnements. Le mouvement de protestation a démarré de la commune de Boumehra concentrant le plus grand nombre de producteurs de tomate rejoint par les tomaticulteurs des autres communes dont Belkheir, Guelma, Bouchegouf et Hammam Debagh. Son objectif, selon ces producteurs, est de sensibiliser les responsables à la gravité de la situation due au manque d'eau d'irrigation sans laquelle les plants risquent de mourir notamment en cette période cruciale de croissance. Le directeur des services agricoles par intérim, Sebti Ghedjati, a indiqué que les eaux d'irrigation seront pompées à partir de diverses zones de culture de tomate, affirmant que les autorités de wilaya et du secteur déploieront les efforts nécessaires pour garantir le succès de la saison agricole en cours. Pôle de culture de la tomate industrielle, Guelma a réservé cette saison 4.000 hectares à cette spéculation avec un objectif de production de 3,217 millions de quintaux. Bien évidement, la filière production-transformation de la tomate industrielle, connaît, ces dernières années, une renaissance remarquable. Non pas que cette importation a cessé, loin s'en faut, mais du fait de la conjugaison d'un ensemble de facteurs. Situés à différents niveaux mais qui s'interpénètrent. Et en tête desquels se trouve la claire volonté des pouvoirs publics d'aider, par des mesures concrètes, les producteurs de tomate industrielle à travers le pays à développer leurs activités; une aide qui s'inscrit dans l'objectif, aujourd'hui, clairement affiché et assumé, de réduire la facture d'importation de produits alimentaires et ce, par le développement de la production nationale. A titre d'exemple, tout agriculteur qui s'engage dans la production de ce produit bénéficie d'une aide financière de l'Etat, visant à "l'acquisition de nouvelles techniques (de production) plus modernes à même d'intensifier les rendements ", fixée à 16 000 DA pour tout hectare cultivé; une aide qui est renforcée par l'octroi d'une subvention supplémentaire de 4 DA pour tout kilogramme (de tomate industrielle) effectivement livré à une unité de transformation. Des mesures dont la pertinence s'est très vite vérifiée. Comme l'atteste l'extension, à travers le territoire national, des surfaces dédiées à la culture de la tomate industrielle, et l'augmentation sensible de sa production : en 2015, la première était de 23 000 ha alors qu'en 2009 elle tournait autour de 12 000 ha. Et la seconde avait dépassé, l'année écoulée, les 12 millions de quintaux alors qu'elle se situait, en 2012, légèrement au-dessus des 8 millions de quintaux. Des résultats auxquels ont grandement contribué quatre wilayas du nord-est du pays : 90% de la superficie nationale totale dédiée à la culture de la tomate industrielle, sont, en effet, concentrés sur le territoire des wilayas d'Annaba, Skikda, Guelma et Tarf où est également implanté le gros des 27 unités de transformation de ce produit existantes à l'échelle nationale. La wilaya de Guelma illustre parfaitement cette évolution positive de la filière de la tomate industrielle. Et ce, aussi bien sur le plan de l'extension de la superficie dédiée à la culture de ce produit - de 2350 ha, en 2011, celle-ci est, en effet, passée à presque 4500 ha l'année écoulée - que sur celui de la hausse sensible de sa production. Selon des données publiées récemment par la DSA (Direction des Services agricoles) de cette wilaya, la production de tomate industrielle qui avait atteint les 2,662 millions de quintaux, en 2014, s'est améliorée, en 2015, pour atteindre les 3,130 millions de quintaux. Une amélioration à laquelle, selon les mêmes sources, a largement contribué celle, sensible, du rendement moyen à l'hectare : de 200 qx/ha seulement en 2011, ce dernier atteint aujourd'hui les 700 qx/ha. Ce qui est de bon augure pour le devenir de la filière.