L'équipementier en télécommunications suédois Ericsson a annoncé mardi qu'il allait engager des mesures supplémentaires de rationalisation après avoir essuyé une nouvelle perte nette au deuxième trimestre dans une conjoncture adverse qui devrait encore se dégrader. La perte nette du suédois --quatrième perte trimestrielle consécutive-- a atteint 1,0 milliard de couronnes (105 millions d'euros) entre avril et juin pour un chiffre d'affaires en repli de 8% à 49,9 milliards de couronnes, là où les analystes attendaient 50,5 milliards. L'équipementier entrevoit un "risque accru" de dégradation du marché avec un effet négatif de 3 à 5 milliards sur son bénéfice opérationnel au cours des 12 prochains mois et va en conséquence porter ses programmes de réduction des coûts à 10 milliards de couronnes par an d'ici 2018. L'objectif est de doubler la marge opérationnelle de 2016. "Nous ne sommes pas satisfaits de nos performances sous-jacentes avec une baisse continue de nos ventes et des pertes en hausse au cours du trimestre concerné", a commenté le PDG de l'industriel, Börje Ekholm. A la lumière des conditions actuelles du marché, nous allons accélérer notre programme de réduction des coûts", a-t-il ajouté. Après une année noire en 2016, où son bénéfice net a chuté de 86%, Ericsson n'a toujours pas trouvé la parade au ralentissement des investissements dans les infrastructures réseaux, son coeur de métier. Il craint une contraction du marché de 5 à 9% en 2017 alors qu'il prévoyait jusqu'à présent un recul de 2 à 6% seulement. L'agence d'évaluation Moody's a relégué le groupe à la catégorie "spéculative" début mai, abaissant sa note d'endettement d'un cran à "Ba1". Réduction de la prévision du marché En effet, Ericsson a publié mardi une perte d'exploitation plus élevée que prévu au deuxième trimestre et a abaissé sa prévision de performance du marché des infrastructures mobiles, ce qui constitue un nouveau coup dur pour le groupe suédois qui tente de renouer avec la rentabilité. L'action Ericsson recule de 8,04% à l'ouverture de la Bourse de Stockhlom, plus forte baisse de l'indice européen Stoxx 600. Le concurrent Nokia cède 2,4% au même moment. L'équipementier télécoms, qui a supprimé massivement des emplois et accéléré ses réductions de coûts, a perdu près d'un tiers de sa valeur en Bourse au cours des deux dernières années, certains investisseurs redoutant que le plan initié par le nouveau directeur général Börje Ekholm soit insuffisant pour relancer la croissance. Ericsson souffre de l'intensification de la concurrence du chinois Huawei et du finlandais Nokia, de la faiblesse des marchés émergents et du recul des dépenses d'investissement des opérateurs télécoms car la demande pour la téléphonie de cinquième génération (5G) ne se concrétisera pas avant quelques années. L'équipementier, qui a surpris les investisseurs au début de cette année en annonçant des provisions, des dépréciations et des coûts de restructuration de 1,7 milliard de dollars, a dit qu'il projetait à présent une contraction de 5% à 9% du marché des infrastructures mobiles cette année et non plus de 2% à 6 %. Le directeur financier Carl Mellander anticipe par ailleurs une contraction à un chiffre de ce marché en 2018, alors qu'il projetait auparavant une stagnation, qu'il prévoit pour l'année suivante. "Au regard des perspectives actuelles du marché, nous allons accélérer nos actions afin d'atteindre notre objectif d'un doublement de la marge opérationnelle de 2016 au-delà de 2018", déclare dans un communiqué Börje Ekholm, qui a pris les rênes de la société en janvier. Ericsson vise une réduction des coûts d'au moins 10 milliards de couronnes (1,05 milliard d'euros) par an d'ici la mi-2018. L'équipementier a fait état d'une perte d'exploitation de 1,2 milliard de couronnes (126 millions d'euros), à comparer à un bénéfice de 2,8 milliards un an auparavant. Le consensus Reuters donnait une perte de 244 millions de couronnes. Le chiffre d'affaires trimestriel a été de 49,9 milliards de couronnes, en deçà du consensus le donnant à 50,5 milliards, et la marge brute s'est établie à 27,9%, inférieure elle aussi au consensus qui était de 28,4%. "Ericsson n'est pas au rendez-vous, il est en retrait par rapport au marché et le marché est faible", a commenté Inge Heydorn, gérante de fonds chez Sentat Asset Management.