Profitant de son émission radiotélévisée hebdomadaire, le président vénézuélien, M. Hugo Chavez, a relativisé, dimanche, la portée de l'annonce faite, vendredi, par le pétrolier américain ExxonMobil, selon laquelle il a obtenu un gel mondial des actifs de la compagnie nationale PDVSA pour compenser son retrait du Venezuela il y a un an. Il a affirmé qu'il ne s'agissait, pour le moment, que d'une "menace" d'ExxonMobil, reprenant la position avancée par les responsables vénézuéliens qui avaient tous minimisé, vendredi, la portée de la décision judiciaire britannique. Cependant, le président vénézuélien n'a pas été par quatre chemins pour contre- attaquer en menaçant d'annuler ses exportations de pétrole vers les Etats-Unis, si les tribunaux donnent raison à ExxonMobil et bloquent les avoirs vénézuéliens à l'étranger.M. Chavez a clairement accusé la société américaine de soutenir la politique belliciste de l'administration Bush contre le Venezuela. "Je parle à l'empire nord-américain parce que c'est lui le maître. Qu'il continue et il verra que nous n'enverrons plus une goutte de pétrole à l'empire des Etats-Unis", a déclaré M. Chavez, dans son émission "Allo Président". "Ils (les USA) ne nous font pas peur", a affirmé le chef d'Etat vénézuélien, ajoutant que "si la guerre économique continue contre le Venezuela, le prix du pétrole montera jusqu'à 200 dollars le baril et le Venezuela s'impliquera dans cette guerre économique. Beaucoup de pays sont disposés à nous aider". La menace d'Hugo Chavez ne doit pas être prise à la légère. La situation assez tendue du marché pétrolier lui permet de vendre à d'autres pays (Chine ou Inde notamment) sans aller sur le marché américain. Il peut donc mettre sa menace à exécution. Le Venezuela exporte la moitié de sa production pétrolière de 3,2 millions de barils par jour vers les Etats-Unis pour lesquels ce brut représente seulement 15% de leurs importations (le reste venant d'Arabie Saoudite, Mexique et Canada). L'origine du conflit remonte à la nationalisation partielle du secteur pétrolier vénézuélien par le gouvernement, il y a un an. Cette nationalisation a fait prendre à la compagnie nationale PDVSA le contrôle des gisements et raffineries des groupes étrangers dans la très prometteuse Ceinture de l'Orénoque. ExxonMobil et ConocoPhilips avaient refusé de participer au nouveau système d'entreprises mixtes mis en place par PDVSA et avaient demandé l'arbitrage de plusieurs juridictions internationales pour obtenir des dédommagements, en particulier le Centre international des règlements de conflits relatifs à des investissements de la Banque mondiale. Le prétendu blocage des actifs de la société nationale pétrolière du Venezuela (Pdvsa), annoncé par la multinationale pétrolière ExxonMobil, est plus une tentative pour abattre le gouvernement du président vénézuélien Hugo Chavez et transférer les politiques pétrolières nationales sous le contrôle des majors, qu'un simple acte économique. Pour le sociologue américain James Petras, "il participe de la stratégie des Etats-Unis pour affaiblir le gouvernement (vénézuélien) élu ". Dans un interview exclusif pour TeleSUR, Petras a déclaré que l'action en justice initiée par ExxonMobil sera suivie d'autres semblables qui seront introduites par les autres multinationales qui sont en train d'exploiter le pétrole vénézuélien, puisque le tout fait partie d'une plan qui cherche " à renégocier tout le projet de nationalisation du pétrole ", le tout avec l'appui des Etats-Unis. Yacine B.