Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a soutenu lundi l'idée d'une pause dans la réduction du contingent américain en Irak après juillet, lors d'une visite à Bagdad, où deux attentats ont fait au moins 19 morts.“Je crois que l'idée d'une brève période de consolidation et d'évaluation est probablement logique” après une phase de réduction du nombre de soldats qui doit passer de 157.000 actuellement à environ 130.000 soldats d'ici juillet 2008, a déclaré M. Gates. Le responsable américain s'exprimait devant des journalistes à l'issue d'une rencontre de deux heures avec le commandement américain en Irak, dont le plus haut gradé, le général David Petraeus. Ce dernier avait laissé entendre le mois dernier qu'il souhaitait un temps de réflexion après le retrait initial et doit émettre en avril une recommandation quant à une éventuelle poursuite de la réduction du contingent américain après juillet. C'est la première fois que M. Gates se prononce aussi clairement sur ce sujet, particulièrement sensible au moment où la campagne pour la présidentielle de novembre 2008 aux Etats-Unis est entrée dans une phase cruciale et que la conduite de la guerre en Irak y joue un rôle important. “La décision doit être encore évaluée et prise par le président” George W. Bush, a toutefois ajouté M. Gates. Les principales personnalités de l'opposition démocrate, y compris les présidentiables Barack Obama et Hillary Clinton, ont dénoncé ce projet. “Au lieu de fausses promesses et d'une stratégie erronée, les Américains ont besoin d'un retrait rapide et responsable de nos brigades de combat qui allège la pression sur notre armée, pousse les Irakiens à la réconciliation, et nous permette d'enfin nous concentrer sur les priorités négligées par (le président) George Bush”, a dit M. Obama dans un communiqué. Mme Clinton s'est dite quant à elle “très découragée” par les déclarations du secrétaire à la Défense. Alors que M. Gates s'apprêtait à quitter la capitale irakienne, deux voitures piégées ont explosé dans un quartier animé de Bagdad devant les locaux d'une organisation tribale, l'Association des tribus irakiennes, selon des sources de sécurité. Dix-neuf personnes ont été tuées et 45 blessées. Les chefs tribaux sunnites ont été mobilisés depuis 2006 par le commandement américain pour lutter contre les extrémistes d'Al-Qaïda en Irak. Par ailleurs, vingt-cinq membres de l'armée du Mahdi, la milice du chef radical chiite irakien Moqtada Sadr, ont été arrêtés dans un raid de l'armée américaine mené lundi avant l'aube à Bagdad, selon l'armée américaine. Selon elle, ces membres font partie d'un groupe refusant de respecter une trêve annoncée fin août 2007 par le mouvement sadriste. Dans le même temps, l'état d'alerte a été décrété dans la ville de Baqouba au nord de Bagdad, à la suite de tensions entre la police et des groupes sunnites mobilisés par l'armée américaine contre les affiliés d'Al-Qaïda en Irak. Quelque 3.500 personnes ont manifesté dans les rues pour appuyer les exigences de ces groupes de vigilance locaux, qui demandent notamment la démission du chef de la police. La veille, des incidents dans le nord du pays, théâtre d'affrontements avec les affiliés d'Al-Qaïda, avaient fait 40 tués. En dépit de ces violences, M. Gates a dressé un bilan positif de la situation en Irak, près d'un an après la décision des Etats-Unis d'y envoyer des renforts. “Al-Qaïda est en déroute, des insurgés ont été enrôlés, et le niveau des violences de toutes sortes a diminué”, a assuré le responsable américain, qui a toutefois reconnu que “la situation en Irak continue d'être délicate”. Le général Jeffrey Hammond, commandant du secteur de Bagdad, a de son côté assuré que “presque 70% de la capitale irakienne était sous le contrôle” des forces irakiennes et américaines. L'officier a ajouté que le nombre des attaques avait diminué de 75% dans Bagdad depuis juin 2007, au moment où les renforts de 30.000 soldats envoyés en Irak par Washington étaient au complet. Un militaire américain a été tué et deux autres ont été blessés dimanche dans l'explosion d'une bombe dans la province de Diyala, dans le centre de l'Irak, a annoncé lundi l'armée américaine dans un communiqué.