Londres exceptée, les principales Bourses européennes ont fini en hausse jeudi avec les valeurs financières, favorisées par la perspective d'une hausse de taux aux Etats-Unis en décembre, tandis que Wall Street et le dollar subissaient quelques prises de bénéfices. A Paris, le CAC 40 a terminé sur un gain de 0,49% (25,63 points) à 5.267,29 points et à Francfort, le Dax a progressé de 0,25%. L'indice EuroStoxx 50 a pris 0,4%, le FTSEurofirst 300 0,36% et le Stoxx 600 0,24%. A Londres, le FTSE 100 a perdu 0,11%, pénalisé par la baisse des cours de nombreuses matières premières avec la remontée du dollar. Au moment de la clôture en Europe, Wall Street était en légère baisse, le Dow Jones cédant 0,07% tandis que le Nasdaq abandonnait 0,33%. Le Dow a inscrit un record en tout début de séance à 22.419,51 points avant de céder un peu de terrain en réaction à l'annonce par Donald Trump d'un renforcement des sanctions américaines contre la Corée du Nord. La nouvelle a aussi provoqué une brève poussée de volatilité sur les marchés américains. Mais les décisions et les déclarations de la Fed restent le fait dominant du jour. En confirmant qu'elle commencerait à réduire son bilan en octobre et en suggérant qu'elle remontera encore ses taux en décembre, la banque centrale américaine a enclenché un mouvement de hausse du dollar et des rendements obligataires américains, suivi d'une remontée des valeurs financières et d'un repli des marchés émergents comme des cours des matières premières. Le billet vert, qui a touché mercredi son plus haut niveau depuis deux semaines, rétrocède une petite partie de ses gains, abandonnant 0,43% face à un panier de référence. L'euro, lui, remonte à près de 1,1950 dollar mais il évoluait à plus de 1,20 avant le communiqué de la Fed mercredi.
Le secteur bancaire européen en nette hausse Sur le marché des emprunts d'Etat, le rendement des Treasuries à dix ans se replie légèrement mais, à 2,2605%, il reste au-dessus de son niveau d'avant le communiqué de la Fed. Dans son sillage, les rendements de la zone euro sont eux aussi remontés, à 0,452% pour le dix ans, allemand et 0,734% pour le français. A la baisse, l'indice MSCI des marchés émergents abandonne 0,36% et les cours du cuivre et du nickel, affectés par la hausse du dollar, perdent respectivement 0,8% et 4,09%. En Europe, le secteur financier a été le plus favorisé par la perspective d'une remontée prochaine des taux américains, qui ravive l'espoir d'une amélioration des marges de crédit. L'indice Stoxx des banques a pris 1,41%, celui de l'assurance 0,56%. Parmi les autres hausses notables sur le continent, le groupe britannique de chimie de spécialités Johnson Matthey a bondi de 14,6% après avoir confirmé ses prévisions à l'occasion d'une journée investisseurs. Alstom a pris 3,93%, la plus forte hausse de l'indice SBF 120, après les informations selon lesquelles l'allemand Siemens (+1,29%) pourrait prochainement choisir entre un rapprochement avec le groupe français et une alliance avec le canadien Bombardier dans le domaine du ferroviaire.
Wall Street finit en repli Wall Street a fini en légère baisse jeudi, en dépit d'un record du Dow Jones à l'ouverture, alourdie par un nouveau recul d'Apple et par la perspective d'une troisième hausse de taux cette année malgré le bas niveau de l'inflation. Le Dow Jones a cédé 53,36 points, soit 0,24% à 22.359,23 et le S&P-500, plus large, 7,64 points ou 0,30% à 2.500,60. Le Nasdaq Composite a reculé de son côté de 33,351 points (0,52%) à 6.422,69. Le Dow, qui restait sur neuf séances de hausse et sept clôtures record, a atteint un plus haut absolu de 22.419,51 dans les premiers échanges avant de virer à la baisse. Apple, en repli de 1,72% à 153,39 dollars, après déjà un recul de 1,68% la veille, a apporté la plus forte contribution à la baisse des trois indices. Les investisseurs redoutent que le nouvel iPhone X, attendu en magasin en novembre, fasse de l'ombre à la sortie de l'iPhone 8 vendredi. Le groupe a en outre admis mercredi des problèmes de connectivité avec sa nouvelle montre Apple Watch 3, également commercialisée à partir de vendredi. Le titre Apple, première capitalisation boursière mondiale, a perdu plus de 4% depuis la présentation des nouveaux produits le 12 septembre et il n'avait plus subi une telle baisse sur deux séances depuis le mois de juin. Les investisseurs ont par ailleurs pris le temps d'analyser la décision de la Réserve fédérale de commencer, comme attendu, à réduire son énorme bilan de 4.200 milliards de dollars gonflé par des années de rachats d'obligations après la crise de 2008. Si la banque centrale a sans surprise maintenu son principal taux directeur inchangé, elle a répété sa prévision d'une nouvelle hausse de taux d'ici la fin de l'année aux Etats-Unis, ce dont les investisseurs doutaient en raison d'une inflation toujours éloignée de son objectif de 2%. Les futures sur les taux intègrent maintenant une probabilité de 70% d'une hausse de taux en décembre, selon le baromètre FedWatch de CME, contre 50% avant les annonces de la Fed. Et une enquête Reuters auprès de grandes banques laisse prévoir trois autres resserrements en 2018. "On assiste aujourd'hui à un retrait du marché, le temps de digérer le communiqué de la Fed et sa conférence de presse", dit Michael Dowdall, stratège chez BMO Global Asset Management. "Il est clair que la Fed s'explique mal la faiblesse de l'inflation cette année mais elle ne veut surtout pas prendre le risque de se retrouver derrière la courbe de l'inflation." Le marché a plus généralement éprouvé le besoin de souffler au vu de valorisations élevées, le S&P-500 se payant 17,6 fois les résultats attendus à comparer à une moyenne sur 10 ans de 14,3, selon Thomson Reuters Datastream. "J'ai du mal à voir un catalyseur à la hausse mais je n'en vois pas non plus à la baisse", tempère Peter Cecchini, stratège chez Cantor Fitzgerald in New York. Preuve de cette sérénité, l'indice Vix de la volatilité a fini à 9,67, un plus bas de près de deux mois, et la séance a été calme avec 5,54 milliards de titres échangés contre 6,70 milliards la veille et une moyenne de 6,03 milliards sur les 20 derniers jours.
Calgon Carbon s'envole Neuf des 11 grands indices sectoriels S&P ont fini en repli, la plus forte baisse étant pour les biens de consommation de base (-0,97%). Les valeurs industrielles (+0,34%) et les financières (+0,20%), sensibles aux taux d'intérêt, ont signé les deux seules progressions sectorielles. Au sein du Dow, Procter & Gamble (-1,86%) a accusé la plus forte baisse devant Apple. General Electric (+1,77%) a réalisé la meilleure performance, suivi de JPMorgan & Chase (+0,45%). Aux technologiques, Tesla a cédé 1,99% à 366,48 dollars. Jefferies a entamé son suivi du constructeur de voitures électriques avec une recommandation à "sous-performance" et un objectif de cours à 240 dollars. Le fondeur GlobalFoundries, sous-traitant d'Advanced Micro Devices, a par ailleurs démenti une information de CNBC selon laquelle Tesla collaborait avec AMD pour mettre au point sa propre puce d'intelligence artificielle pour les voitures autonomes, au détriment de son fournisseur actuel Nvidia. Nvidia a limité sa baisse à 2,72%, après avoir perdu jusqu'à 5%, et AMD, initialement en hausse, a reculé de 2,40%. En vedette, le groupe de matériaux Calgon Carbon s'est envolé de 62,12% après l'annonce d'une offre d'achat de 1,1 milliard de dollars du chimiste japonais Kuraray. Sur le marché des changes, le dollar est retombé de 0,35% face à un panier de grandes devises, après avoir atteint un plus haut de deux semaines en réaction aux annonces de la Fed. L'euro/dollar remontait de 0,4% en fin de séance, à 1,1939, mais le yen est resté à un creux de deux mois après un statu quo de la Banque du Japon sur ses taux. Du côté du marché obligataire, l'écart de rendement entre les obligations à 5 ans et le papier à 30 ans est tombé à 92 points de base, au plus bas depuis le 6 juillet, la courbe des rendements s'ajustant ainsi à la perspective d'un resserrement monétaire en décembre. Le rendement des Treasuries à 10 ans est lui resté stable à 2,28%.
L'euro monte face au dollar L'euro se reprenait jeudi face à un dollar qui peinait à conserver le terrain gagné la veille grâce à une position jugée optimiste de la Réserve fédérale américaine (Fed) sur l'économie des Etats-Unis. Vers 21H00 GMT (23H00 HEC), l'euro valait 1,1942 dollar, contre 1,1893 dollar mercredi vers 21H00 GMT. La monnaie unique européenne montait face à la devise japonaise, à 134,34 yens pour un euro contre 133,48 yens mercredi. Le billet vert grimpait légèrement face à la monnaie nippone, à 112,49 yens pour un dollar - atteignant même vers 06H50 GMT 112,72 yens, son niveau le plus élevé en deux mois - contre 112,24 yens la veille. La livre britannique montait face à la monnaie unique, à 87,92 pence pour un euro, comme face au dollar, à 1,3583 dollar pour une livre. La devise britannique était montée mercredi à 1,3657 dollar, un nouveau sommet depuis fin juin 2016. La devise chinoise a clôturé en baisse face à la devise américaine, à 6,5904 yuans pour un dollar, contre 6,5749 yuans mercredi à 15H10 GMT. L'once d'or a fini en baisse, à 1.292,10 dollars au fixing du soir contre 1.311,30 dollars mercredi soir. Le bitcoin valait 3.645,89 dollars contre 3.956,55 dollars mercredi vers 21H00 GMT, selon des données compilées par Bloomberg.