La désormais affaire John Crane connaît de nouveaux rebondissements. Hier, le tribunal criminel près la cour d'Alger a décidé de reporter à la fin de la session criminelle l'examen du dossier de deux cadres de l'entreprise Sonatrach et d'un ressortissant français impliqués dans cette affaire. Il est utile de rappeler, dans ce contexte, que pas moins de 104 cadres exerçant principalement dans les raffineries de Baraki, Mahalma, Skikda et Arzew de la Sonatrach et soupçonnés d'avoir conclu des marchés contraires à la réglementation, pour le compte de plusieurs filiales du groupe Sonatrach, avec l'entreprise française "John Crane", ont été auditionnés la semaine passée par deux juges d'instruction du tribunal d'El-Harrach. D'après les chefs d'inculpation, de hauts cadres du groupe Sonatrach ont conclu des marchés non conformes à la réglementation, principalement avec l'entreprise française "John Crane", spécialisée dans la fabrication mécanique dans les domaines pétrochimiques et pétroliers. Une affaire qui a porté un préjudice économique énorme à la Sonatrach et qui se chiffrerait en millions de dollars. Pour en revenir aux trois accusés mis en examen, et dont le dossier a été examiné hier le tribunal criminel près la cour d'Alger, ces derniers sont poursuivis pour détournement de deniers publics, conclusion de marchés illicites, falsification de documents administratifs et bancaires, escroquerie et abus d'autorité. Les accusés sont poursuivis principalement pour conclusion d'un marché entre la Sonatrach et une entreprise française dirigée par l'accusé français, et spécialisée dans les études techniques pour la réalisation d'infrastructures d'hébergement des cadres de la Sonatrach dans le sud du pays. L'obtention "illégale" du marché par l'entreprise française grâce aux deux cadres algériens qui étaient membres de la commission d'ouverture des plis, et le recours du gérant français au financement du projet par le biais du CPA en utilisant de faux documents qui lui ont permis de bénéficier d'un crédit de plus de 100 millions de dinars, sont les principaux éléments présentés par la partie civile (Sonatrach) dans sa plainte. Pour sa part, le collectif de défense a souligné la nécessité "de la présence des témoins dont un autre ressortissant français vu l'importance de leurs témoignages dans cette affaire". Les avocats ont également insisté sur la convocation des experts arguant que le dossier comporte des pièces incomplètes qui doivent être élucidées. Le président de l'audience a rejeté la deuxième requête du collectif de défense relative à la convocation de la brigade de Gendarmerie nationale chargée de l'enquête préliminaire "faute de fondement juridique". Le parquet a en outre rejeté la requête des avocats des deux accusés "K.H.C" et "B.M" pour leur libération provisoire, d'autant plus qu'ils sont restés longtemps en détention préventive (trois ans et cinq mois pour le premier et 43 mois pour le deuxième) alors que le ressortissant français a bénéficie de la liberté provisoire.