Le Dow Jones, l'indice vedette de Wall Street, a passé jeudi le cap des 25 000 points, entamant 2018 sur les chapeaux de roue après une excellente année boursière en 2017 portée par un contexte économique très favorable. A la clôture, le Dow Jones a progressé de 0,61% à 25 075,13 points après avoir franchi ce seuil symbolique peu après l'ouverture. Il poursuivait ainsi en ce début d'année 2018 sa course aux records, après avoir déjà bondi de 25,08% en 2017. "Le Dow Jones atteint les 25 000 (points). Félicitations! La forte diminution de la régulation inutile va se poursuivre", a tweeté Donald Trump. Le président américain, qui affronte actuellement une situation politique difficile, profite toutefois d'un climat économique favorable. Outre ses engagements à réduire la régulation financière imposée depuis la crise financière de 2008, plusieurs motifs viennent expliquer l'insolente progression de l'indice vedette de Wall Street, selon les analystes. Les investisseurs demeurent "optimistes sur le renforcement de l'économie américaine à travers la réforme fiscale", a indiqué Karl Haeling de LBBW. Promulguée par Donald Trump juste avant Noël, elle devrait augmenter les profits des entreprises, déjà au plus haut en 2017, en faisant passer leur taux d'imposition de 35% à 21%. La société d'analyse Factset anticipe une progression moyenne du bénéfice par action - la référence pour les investisseurs de Wall Street - des entreprises composant le S&P 500 de 11,6% sur la totalité de l'année 2018. Le contexte international favorise également la tendance, les indicateurs macroéconomiques en provenance des pays développés et des zones émergentes multipliant les signaux d'optimisme. "Les investisseurs observent le renforcement de l'économie en dehors des Etats-Unis", a estimé M. Haeling. "Quand les économies brésiliennes et russes sont en meilleure santé, tout ne peut que bien aller", a ajouté Maris Ogg de Tower Bridge Advisors. L'alignement des planètes de l'économie mondiale est complété par la baisse marquée du dollar, source de compétitivité supplémentaire pour les entreprises exportatrices américaines. Après avoir chuté de près de 9,9% en 2017 face à un panier de devises étrangères, la devise américaine naviguait jeudi à des plus bas depuis septembre. Certaines valeurs en ont notamment profité pour tirer la tendance en 2017, Boeing (+90%), Caterpillar (+70%), Visa (+46%) et Apple (+46%) faisant figure de locomotives du Dow Jones.
Voyants au vert "On sent désormais une acceptation de la hausse du marché par rapport à l'an dernier où je recevais des coups de téléphone nerveux de clients, affirmant qu'+il (Donald Trump) nous mènerait à la guerre+", a indiqué Mme Ogg, ajoutant qu'elle en reçoit "moins désormais". Les voyants semblent au vert pour l'ensemble de l'année, les analystes prédisant toutefois un assombrissement en 2019. "Les inquiétudes portent davantage sur 2019, en fonction de ce que décidera la banque centrale américaine (Fed) et les banques centrales à travers le monde", a estimé Mme Ogg. Engagée dans un processus de hausse des taux d'intérêt, la Fed pourrait tempérer l'euphorie boursière en durcissant davantage sa politique. Mais l'euphorie boursière semble généralisée pour l'instant. L'indice Nasdaq, qui reflète davantage les nouvelles technologies et l'économie de l'internet, a avancé l'an dernier de 28,24% et a franchi en décembre lui aussi un cap symbolique, celui des 7.000 points. L'indice élargi S&P500 a lui gagné 19,42% en 2017 et a passé mercredi un cap historique à 2.700 points. Outre la Bourse, l'économie américaine apparaît aussi en pleine forme avec un taux de croissance annualisé supérieur à 3% et un taux de chômage de 4% au plus bas depuis 17 ans. "Je ne pense pas que le chiffre en lui-même soit important mais c'est la tendance de fond qui permet d'y arriver", souligne Maris Ogg en évoquant les 25.000 points franchis jeudi par Wall Street.
L'Europe termine en hausse Les Bourses européennes ont terminé en hausse jeudi et l'euro grimpe encore après de solides indicateurs macroéconomiques confirmant le dynamisme de l'économie de la zone euro. À Paris, l'indice CAC 40 a terminé en hausse de 1,55% à 5.413,69 points. Le Footsie britannique a pris 0,32% et le Dax allemand a gagné 1,46%. L'indice EuroStoxx 50 a progressé de 1,68%, le FTSEurofirst 300 de 0,94% et le Stoxx 600 de 0,89%. Au même moment à Wall Street, les trois indices majeurs sont en hausse, avec un Dow Jones au-dessus des 25.000 points après un bon rapport sur l'emploi privé qui s'ajoute au sentiment général d'une croissance robuste à l'échelle mondiale. En Europe, la tendance positive est soutenue par la hausse de l'indice PMI composite définitif en zone euro, au plus haut depuis février 2011. L'économie de la zone a terminé 2017 sur sa plus forte croissance en près de sept ans, grâce à une accélération de la croissance des services et de l'activité manufacturière dans ses principaux Etats membres, selon les résultats définitifs des enquêtes d'IHS Markit auprès des directeurs d'achat. En Allemagne, la croissance de l'activité dans les services s'est, elle aussi, accélérée le mois dernier pour atteindre son plus haut niveau depuis deux ans. En Asie, la dynamique favorable se confirme également. Le secteur des services en Chine a connu sa plus forte croissance depuis plus de trois ans et au Japon, l'activité manufacturière a enregistré sa plus forte croissance en près de quatre ans.
Les cycliques en tête Les analystes d'UBS affirment dans une note de recherche que "les investisseurs doivent rechercher une exposition cyclique", en regard de la surperformance des mesures macro-économiques. Dans ce contexte, le compartiment de la construction a pris 1,91%, la meilleure performance sectorielle en Europe. L'indice bancaire a inscrit un gain de 1,64%. Crédit Agricole a terminé sur une hausse de 4,52%, bénéficiant par ailleurs d'un relèvement de conseil à l'"achat" des analystes d'HSBC. Société Générale a pris 2,46%. Le secteur automobile a gagné 1,79%, à un pic de deux ans et demi (juin 2015), soutenu en partie par la progression la veille des valeurs automobiles américaines. Fiat Chrysler s'est envolé de 8,36%, au plus haut historique, tandis qu'à Paris, PSA a avancé de 1,37%. Safran a affiché un gain de 3,57%, Bernstein étant passé à "surperformance" sur la valeur. Le secteur défensif de l'immobilier est le seul à avoir clôturé en baisse, -0,65%. Parmi les plus importants replis du Stoxx 600, Rémy Cointreau a reculé de 2,85% %, plombé par l'abaissement de la recommandation d'Investec, qui craint que le durcissement des mesures anti-corruption en Chine ne compromette les objectifs du groupe de spiritueux.
L'euro grimpe face au dollar L'euro grimpait face au dollar jeudi, porté par des données encourageantes en zone euro tandis que le billet vert souffrait d'une certaine prudence de la Réserve fédérale américaine (Fed) malgré un bond des créations d'emplois dans le secteur privé aux Etats-Unis. Vers 22H00 GMT (23H00 HEC), l'euro valait 1,2068 dollar - grimpant même vers 15H25 GMT à 1,2089 dollar, un nouveau sommet en quatre mois - contre 1,2014 dollar mercredi vers 22H00 GMT. La monnaie unique européenne montait également face à la devise japonaise, à 136,03 yens pour un euro - atteignant même vers 15H25 GMT 136,37 yens, un nouveau plus haut depuis fin octobre 2015 - contre 135,17 yens mercredi soir. Le billet vert montait un peu face à la monnaie nipponne, à 112,72 yens pour un dollar contre 112,52 yens la veille. "L'euro a repris sa hausse face au dollar après la publication d'indicateurs sur le secteur des services dans plusieurs grands pays de la zone euro (en particulier en Allemagne) bien reçus" par les cambistes, a observé David Madden, analyste chez CMC Markets. Depuis la fin 2017, les indicateurs en zone euro sont prometteurs et portent la monnaie unique, a relevé James Stanley, analyste chez DailyFX. De son côté, la livre britannique baissait face à la monnaie unique européenne, à 89,05 pence pour un euro. Mais elle montait face au billet vert, à 1,3552 dollar pour une livre. La devise suisse baissait face à l'euro, à 1,1764 franc suisse pour un euro, mais montait face à la devise américaine, à 0,9748 franc pour un dollar. La monnaie chinoise a terminé en hausse face au billet vert, à 6,4935 yuans pour un dollar à 15H30 GMT contre 6,5030 yuans mercredi vers 15H25 GMT. L'once d'or a fini à 1.314,50 dollars au fixing du soir, contre 1.314,90 dollars mercredi. Le bitcoin valait 15.026,11 dollars contre 15.029,47 dollars mercredi vers 22H00 GMT, selon des chiffres compilés par le fournisseur de données financières Bloomberg.