L'armée égyptienne a lancé vendredi une opération "antiterroriste" dans plusieurs régions du pays, dont la péninsule du Sinaï, où sont très actifs des groupes djihadistes, selon un communiqué. Baptisée "Sinai 2018", l'opération a lieu dans le Sinaï, plusieurs régions du Delta du Nil (nord) et dans le désert occidental. Les forces de sécurité ont lancé ce matin une opération "pour affronter les (...) organisations terroristes et criminelles", a annoncé le porte-parole de l'armée Tamer el-Refai dans une allocution télévisée. L'opération vise à "renforcer le contrôle des zones frontalières (...) et réaliser les objectifs planifiés pour nettoyer les zones où se trouve des foyers terroristes". L'armée et la police ont déclaré l'"état d'alerte maximale" dans ces secteurs, ont par ailleurs indiqué les forces armées dans un communiqué. Depuis la destitution en 2013 par l'armée du président islamiste Mohamed Morsi, les forces égyptiennes affrontent dans le Sinaï (nord-est) des groupes extrémistes, dont la branche égyptienne du groupe djihadiste Etat islamique (EI). Des centaines de policiers et de soldats ont été tués. L'EI a revendiqué de nombreuses attaques contre les forces égyptiennes mais également contre les civils. Fin novembre, une attaque contre une mosquée dans le Nord-Sinaï avait fait plus de 300 morts, l'attentat le plus meurtrier de l'histoire récente de l'Egypte. L'attaque n'avait cependant pas été revendiquée. Début janvier, le Parlement égyptien a prolongé de trois mois l'état d'urgence instauré initialement en avril 2017 après deux attentats meurtriers contre des églises coptes, notamment à Tanta, dans le Delta du Nil, où une trentaine de personnes avaient péri. Les attaques avaient été revendiquées par l'EI. L'état d'urgence était déjà appliqué depuis quelques années dans une partie du nord du Sinaï.
… Défendre l'accord maritime avec Chypre Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, a réaffirmé jeudi la "validité" d'un accord maritime avec Chypre, en réponse aux critiques de la Turquie, ces pays cherchant à exploiter leurs ressources gazières en Méditerranée. Il répondait à des déclarations du ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, contestant cet accord dans des déclarations à un journal grec. M. Choukri a défendu "la validité de l'accord" avec Chypre au regard du droit international, lors d'une conférence de presse au Caire. Son porte-parole, Ahmed Abou Zeid, avait mis en garde la Turquie la veille contre "toute tentative de compromettre les droits souverains de l'Egypte". En 2003, l'Egypte et Chypre se sont mis d'accord sur le partage des zones maritime internationales en Méditerranée pour y développer l'exploration pétrolière. Chypre est divisée depuis l'invasion en 1974 de son tiers nord par la Turquie en réaction à un coup d'Etat visant à rattacher l'île à la Grèce. Les explorations menées par la République du Chypre, reconnue par la communauté internationale et qui exerce son autorité sur le sud du pays, ont déclenché des frictions avec Ankara, qui réclame leur suspension dans l'attente d'une solution à la division de l'île. En juillet 2017, le Premier ministre turc, Binali Yildirim, avait déjà dénoncé les "initiatives unilatérales et dangereuses" de Chypre au sujet des gisements gaziers méditerranéens. L'Egypte et la Turquie sont en froid. Le président turc Recep Tayyip Erdogan est un important soutien des Frères musulmans dont est issu le président Mohamed Morsi destitué en 2013 par l'armée du général Abdel Fattah al-Sissi, élu chef de l'Etat un an plus tard. En Egypte, la production du champ gazier de Zohr, présenté comme le plus grand de Méditerranée et découvert en août 2015 par le géant italien ENI, a débuté en décembre 2017.