Beihdja Rahal, l'une des rares interprètes à avoir eu le courage de pénétrer l'univers exclusivement masculin de la musique andalouse, continue son extraordinaire aventure pour la sauvegarde du patrimoine musical classique. Ce travail entamé depuis l'année 1995, sous l'œil vigilant du maître, Ahmed Serri, n'est pas encore au bout. La première nouba qu'elle a ainsi sauvée de l'oubli, elle l'a enregistrée en 1995, dans le mode Zidane. Dimanche dernier, la chanteuse a présenté un nouvel album dans le mode Raml. Ce dernier qui entre dans le cadre de l'enregistrement des 12 noubates restantes –il y en avait 24 au départ-, fait partie de sa deuxième série de noubas. A l'origine, il existait 24 noubas, chacune composée dans un mode défini. Il n'en reste actuellement plus que 11 au Maroc, 16 en Algérie (dont 4 inachevées) et 13 en Tunisie. Chaque nouba correspondait à une heure de la journée et se divisait en une suite de plusieurs pièces de rythmique différente. En général, les mouvements de la nouba s'enchaînent en accélérant progressivement le tempo, jusqu'à la dernière pièce, plus lente, destinée à l'apaisement. La nouba que Bahdja Rahal vient d'enregistrer comporte huit titres, dont un istikhbar Zidane tiré de la poésie d'Ibn Zeydoun et un betaïhi Raml inédit. L'artiste a rappelé lors d'une rencontre avec la presse qu'elle a déjà achevé sa première série de 12 noubas, précisant que ce nouvel album est le quatrième, après ceux dans les modes Mezmoum, Rasd et Zidane de la deuxième série de noubas entamée en 2005. La star de la musique andalouse donnera, demain mercredi, un concert, au complexe culturel Laâdi-Flici. Elle se produira, par ailleurs, le 6 mars prochain à Mostaganem et animera un café littéraire le 2 mars à Constantine. Des soirées musicales à la Maison des cultures du monde à Paris (France) sont également prévues le 1er et le 2 avril prochain. L'interprète a, par ailleurs, touché du doigt la mauvaise distribution de ces albums surtout à l'intérieur du pays. Selon elle, de nombreux fans lui ont adressé des messages l'informant de la difficulté ou parfois de la non- disponibilité de ses produits chez les disquaires locaux. “La distribution est mal faite, elle devrait être nationale et pas seulement dans la capitale. Le public se trouve dans tous les coins du pays et cette musique doit être proche du peuple ”, a-t-elle soutenu, ajoutant que ce n'était pas de son ressort de “trouver des solutions pour cela, moi je ne suis qu'une artiste-interprète, mon rôle principal consiste en la contribution à la sauvegarde de ce patrimoine musical avec tout ce qu'il comporte comme textes, musiques et modes, et le promouvoir afin que le grand public s'intéresse à cet art ”. Bahdja Rahal qui était une parfaite inconnue du public au début des années 90 est devenue, moins d'une décennie plus tard, une véritable vedette de ce genre classé chez nous, “ musique andalouse classique.” Depuis, à chaque concert l'interprète qui vit entre Paris et El Biar (Alger) fait le plein. D'ailleurs, la chanteuse a été classée, selon un sondage, 4e meilleure vente de disques en Algérie, derrière cheba Djenet, Bilal et un autre chanteur de raï, toutes musiques confondues. Bahdja s'était réjouie en disant qu' “être classée juste après le raï, c'est qu'on a gagné quelque part.”.