Ancienne capitale du beylik du Titteri et un des trois beylik de la régence d'Alger, fondée vers le milieu du 16è siècle par le bey Hassan, Médéa garde à ce jour les traces de la présence ottomane dans la région. L'influence de la culture ottomane, dans les domaines de l'urbanisme et de l'architecture, est toujours visible, notamment au centre-ville de Médéa où de nombreux édifices et lieux de culte, en particulier, se dressent à l'intérieur de la ville. L'ancien noyau urbain de la ville renferme le plus grand nombre de vestiges datant de cette époque, parmi lesquels la casbah de Médéa, constituée de petites maisonnettes, de boutiques d'artisans, ainsi que nombreux lieux de culte et de résidences réservés au bey et à son sérail. Les premières constructions, calquées sur l'architecture ottomane, remontent à la fin du 16è siècle, période marquée par le début de l'édification de la casbah de Médéa, un ensemble d'habitations en pierre qui formaient le noyau embryonnaire de ce qui va devenir, quelque temps plus tard, la capitale du beylik du Titteri. Quelques bâtisses qui faisaient partie, autrefois, de cette Casbah existent encore, mais se trouvent dans un état de dégradation très avancé. Certaines de ces bâtisses servent de dépôt de marchandises ou de brocantes, d'autres commencent à tomber en ruine, en raison des aléas climatiques, mais, surtout, du manque d'entretien et de rénovation. Un plan d'action, destiné à la préservation de la casbah de Médéa, a été élaboré en 2016 par la direction de wilaya de la culture, dans le cadre d'une vaste opération de sauvegarde du patrimoine local. Ce plan de préservation prévoit, indique Mohamed Merbouche, chef de service du patrimoine au niveau de cette direction, une série d'actions devant permettre de sauvegarder les principaux vestiges et édifices, encore en l'état, érigés durant la présence ottomane dans la région. La première action projetée, à la faveur de cette opération, consistera en la réfection et à la réhabilitation des constructions qui ont une valeur historique et méritent, à cet égard, une prise en charge susceptible de les mettre en valeur, a-t-il expliqué. En sus des bâtisses, encore debout, qui entourent l'ancienne résidence d'hiver des beys, devenue, plus tard, la maison de l'émir Abdelkader, puis transformée, à partir de 2010, en siège du musée régional des arts et des traditions populaires, le plan de sauvegarde devrait également toucher la résidence qu'occupait l'émir Khaled, neveu de l'émir Abdelkader, et sa famille, avant son exil pour l'Egypte, explique le même responsable. Un projet de classification de ce site, initié en 2014, par ladite direction, a été approuvé récemment par la tutelle, révèle M. Merbouche, précisant que la matérialisation de ce projet est tributaire, d'une part, de la disponibilité des fonds financiers, et l'adhésion, d'autre part, des propriétaires actuels des lieux à ce projet.
Les lieux de culte, l'autre aspect apparent de la présence ottomane Conscient de la place de la religion au sein de la communauté autochtone, les premiers beys, installés à la tête du beylik du Titteri, en particulier le Bey Mustapha, entamèrent de grands travaux de constructions et de rénovation des lieux de culte dans le but de se rapprocher de la population et renforcer ses liens avec cette dernière, notamment les notables de la région. Quatre mosquées furent ainsi construites autour de la casbah de Médéa, dont un seul lieu de culte a pu échapper à la campagne de destruction orchestrée par l'occupant français, au lendemain de l'invasion du pays. Il s'agit, d'après les écrits du défunt historien Mokhtar Skander, de la mosquée Mourad, l'un des beys qui se sont succédés à la tête du beylik du Titteri, dédié au rite hanafite. La mosquée, qui porte aujourd'hui le nom de l'un des érudits de la région, en l'occurrence Cheikh Fodhil Skander, a fait l'objet, en 2007, de travaux de réhabilitation, à la faveur d'un plan de restauration, chapeauté par la direction de la culture. Les trois autres lieux de culte, à savoir Djamaâ Lahmar, du nom d'un des saints patrons de la ville, la mosquée de la garnison militaire, édifiée à proximité de Bab-Lakouas , l'une des cinq portes de la ville, et, enfin, la mosquée de Sidi-Slimane, furent détruits par l'occupant, après la prise de la ville, au milieu du 19è siècle. De ces lieux de culte, il ne reste aujourd'hui que quelques traces, à l'image du minaret de Djamaâ Lahmar qui a bénéficié, en 2010, de travaux de restauration, ou du mausolée de Sidi-Slimane qui se trouvait à côté de la mosquée qui porte le même nom.
L'empreinte du Bey Mustapha L'époque du bey Mustapha fut la plus prospère, sur le plan architectural. On commença au cours de cette période, plus précisément à partir de 1637, la rénovation de la mosquée malékite situé en plein coeur de l'ancienne ville, suivi de la construction d'une résidence d'hiver, qu'occupa pendant quelques temps l'Emir Abdelkader, la réalisation d'une grande bibliothèque, mitoyenne à la mosquée, ainsi que l'aménagement d'une résidence d'été à la périphérie ouest de l'ancienne ville, que les Médéens désignent par Haouch El-Bey. Cette seconde résidence, qui a été occupée par les différents beys du Titteri, mais également par l'Emir Abdelkader, est presque réduite en ruines. Un projet de réhabilitation de ce lieu a été initié par la direction de la culture, en 2007, mais resta, depuis, sans suite, en raison d'un problème de squat qui n'a toujours pas trouvé solution. D'autres édifices, dont il ne subsistent, aujourd'hui, que le souvenir et le nom, ont été réalisés durant la période ottomane, dans l'optique de reproduire le même plan d'aménagement qui caractérisait les centres urbains de l'époque. L'ancienne capitale du Titteri fut dotée, ainsi, de cinq portes, en guise d'organisation des flux des citoyens, des marchands et visiteurs, mais surtout d'assurer un meilleur contrôle des accès à la ville. Au nord, il y avait, Bab Dzair, principal point d'accès à la ville, aux gens qui transitent de la régence d'Alger vers le sud, et vice-versa, au nord-ouest, Bab-El-Ghort , à l'ouest, Bab-Lakouas, au sud, Bab-Sidi Slimane et, enfin, Bab El-Barkani, au sud-est, toutes détruites, lors de la prise de la ville, par l'armée d'occupation coloniale, vers l'année 1840. En attendant l'entrée en exécution effective du plan de sauvegarde de l'ancien noyau urbain de la ville, qui englobe l'essentiel des quelques vestiges ottomans encore debout, une jeune association, "les amis du patrimoine", s'active, depuis peu, pour sensibiliser, aussi bien les pouvoirs publics, que les particuliers, sur l'intérêt à préserver ce qui subsiste de ce legs historique. Selon le président de cette association, Smail Allel, un travail de proximité est mené actuellement en direction des autorités et des élus locaux pour les inciter à s'impliquer davantage dans la réalisation de ce plan de sauvetage, affirmant que des contacts sont établis avec des structures spécialisées en études et restauration du patrimoine, en vue d'identifier les actions à entreprendre en priorité.