La principale saison de récolte de cacao va probablement satisfaire l'objectif de 650 000 tonnes en 2008, même si la pluie se fera rare. La majorité du cacao du Ghana est moissonnée lors de la récolte principale qui va d'octobre à mai. La mi-récolte, qui produit de plus petites fèves, se déroule de juin à septembre. C'est une première dans l'histoire du cacao : au moment où s'achève la récolte principale, les autorités du Ghana ont annoncé mercredi que le prix payé au planteur sera augmenté de 25% pour lutter contre la contrebande vers la Côte d'Ivoire. Près de 100 000 tonnes de fèves auraient discrètement traversé la frontière vers le premier pays producteur. C'est plutôt dans l'autre sens que le cacao passait en fraude ces dernières années. Lorsque les cours mondiaux étaient bas, le prix garanti au Ghana attirait les fèves de Côte d'Ivoire, maintenant qu'ils remontent, le courant s'établit dans l'autre sens. Cela ne relève pas d'un marché noir organisé mais plutôt d'arrangements entre producteurs. Pour les Ivoiriens qui en profitent, l'aubaine est double : non seulement le cacao ghanéen est moins cher mais en plus il est de bonne qualité. La qualité, c'est précisément ce qui manque à la récolte ivoirienne. Trop acides, mal séchées, les fèves ivoiriennes désespèrent les industriels. La détérioration de la production n'est pas d'aujourd'hui. Les planteurs démotivés par le faible prix payé et le coût croissant des intrants, n'ont pas toujours entretenu leurs arbres. La structure de la filière n'encourage pas l'effort. Par ces temps de déficit, les multinationales achètent tout ce qu'on leur offre. Comme les producteurs entendent bien tirer partie des prix bord champs mirifiques pratiqués en ce moment, entre 500 et 600 FCFA le kg, ils proposent même des fèves pas encore arrivées à maturité. Ils touchent en quelque sorte les miettes des hausses records enregistrées sur les marchés à terme de Londres et de New York. En Europe, le cacao a atteint cette semaine son plus haut niveau depuis cinq ans, à 1 350 livres la tonne livrable en mai. Le mouvement est loin de retomber, les fonds qui l'animent seront acheteurs tant que le déficit sera sensible, c'est-à-dire au moins jusqu'à la fin de la campagne. Quand le seuil des 1 500 livres la tonne sera dépassé, ils pourraient être tentés de prendre leur bénéfice, mais certainement pas avant.