Les Etats-Unis exigent que tous les pays cessent d'importer du pétrole iranien d'ici novembre 2018. Ceux qui ne se plieront pas à cette exigence seront soumis à des sanctions. Washington justifie ces mesures par le comportement de Téhéran au Moyen-Orient, ainsi que par les violations supposées de l'accord nucléaire auquel Washington a renoncé en mai. Les experts supposent que les acteurs importants ne stopperont pas complètement leurs achats de pétrole iranien. Et si cela arrivait, la Russie pourrait lancer une bouée de secours à l'Iran en acceptant son pétrole en échange de marchandises, écrit jeudi le quotidien Nezavissimaïa gazeta. L'Arabie saoudite, l'un des principaux rivaux géopolitiques de l'Iran au Moyen-Orient, compte parmi les principaux pays sommés par les USA de faire évoluer leur politique. L'information concernant l'exigence américaine de réduire les achats de pétrole iranien a été confirmée lors d'une conférence téléphonique par un haut représentant du département d'Etat américain. Ce dernier a expliqué que Washington ne comptait pas faire d'exceptions: absolument tous les pays pourraient faire l'objet des nouvelles sanctions américaines, y compris les alliés des USA. Selon le représentant, une délégation diplomatique américaine a déjà effectué des visites d'avertissement au Royaume-Uni, en Allemagne et en France. Les Américains ont également visité plusieurs pays d'Asie pour trouver une entente dans l'affaire de l'"isolement des flux de financement" de l'Iran. Téhéran a déjà répondu à l'annonce des USA. Un représentant du ministère iranien du Pétrole a déclaré à l'agence de presse Tasnim que les exigences américaines étaient "impossibles à remplir". "Le mois dernier, l'Iran a exporté 2,8 millions de barils de pétrole brut et de condensat de gaz. Actuellement, le volume est de 2,5 millions de barils. Il est impossible de supprimer une telle quantité de pétrole brut et de condensat de gaz du marché mondial en quelques mois", explique le représentant iranien. Et de poursuivre: "Malgré la suspension des achats de pétrole iranien par les compagnies européennes ces dernières semaines, l'Iran continue d'exporter du pétrole en Europe, en Asie et ailleurs dans le monde." Vladimir Sajine, chercheur de l'Institut d'études orientales affilié à l'Académie des sciences de Russie, pense que peu de pays-importateurs se plieront aux exigences de Washington. "La Chine, l'Inde, la Corée du Sud et la Turquie achètent de grandes quantités de pétrole à l'Iran (respectivement 648.000, 502.000, 314.000 et 165.000 barils par jour). La dernière fois que les sanctions avaient eu cours, entre 2012 et 2015, les principaux acheteurs de pétrole iranien avaient effectivement réduit leurs achats, mais ils ne les avaient pas cessés complètement." Toutefois, si Téhéran se retrouvait effectivement coupé des acheteurs internationaux, l'expert pense que la Russie pourrait lui venir en aide. "Il y a quelque temps, certains parlaient d'un schéma "pétrole contre marchandises". Autrement dit, l'Iran pourrait fournir son pétrole en Russie en échange de la fourniture de différents produits russes en Iran pour ce montant. La solution pourrait se trouver dans la signature d'un tel accord. Dans ce cas, la Russie vendrait le pétrole iranien comme son propre pétrole", conclut Vladimir Sajine.