Les cours du pétrole ont terminé en nette baisse mercredi, plombés par l'annonce d'un repli moins fort que prévu des réserves de brut aux Etats-Unis et par les inquiétudes concernant les conséquences du conflit commercial entre Washington et Pékin. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre a lâché 2,37 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) pour finir à 72,28 dollars. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour le contrat de septembre a cédé 2,23 dollars pour clôturer à 66,94 dollars. Selon le rapport hebdomadaire de l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA), les stocks de pétrole brut aux Etats-Unis ont reculé de 1,4 million de barils la semaine se terminant le 3 août, quand les analystes attendaient un repli de 3 millions. Cette baisse moins forte que prévu "a probablement joué sur le recul des prix", a avancé Andrew Lebow de Commodity Research Group. Les réserves d'essence ont, elles, augmenté de 2,9 millions de barils, alors que les analystes tablaient sur un recul, tandis que les stocks d'autres produits distillés (fioul de chauffage et gazole) ont progressé de 1,2 million de barils. En général, l'été est la saison de la conduite aux Etats-Unis, et les réserves de brut et d'essence ont tendance à s'amenuiser pour répondre à la demande élevée des vacanciers. Mais les raffineries ont aussi augmenté une nouvelle fois leur cadence la semaine dernière, fonctionnant désormais à 96,6% de leurs capacités et transformant encore plus de brut en produits raffinés. Selon M. Lebow, le marché a par ailleurs été rattrapé "par une certaine nervosité face aux nouvelles tensions entre les Etats-Unis et la Chine, qui poussent les investisseurs à se demander si cela ne va pas peser sur la demande chinoise de pétrole". Les Etats-Unis ont ainsi annoncé mardi soir qu'ils allaient appliquer à partir du 23 août des droits de douane de 25% sur un total de 50 milliards de dollars de produits chinois. La Chine a riposté mercredi en promettant des taxes sur les mêmes montants. Cette annonce intervient le jour même où selon les derniers chiffres des douanes chinoises, le pays "a importé 8,48 millions de barils de brut par jour en juillet, ce qui est à peine plus qu'en juin quand (ces importations) étaient descendues à leur plus bas niveau depuis six mois", ont remarqué les analystes de Commerzbank. La forte baisse des cours du pétrole est toutefois "un peu étonnante" au vue des informations du jour, a estimé M. Lebow. "Alors que de nombreux investisseurs parient sur une hausse des cours, le marché a peut-être juste besoin de prendre un peu d'air".
Mitigé en Asie Les cours du pétrole évoluaient mercredi dans des directions opposées en Asie, le WTI étant tiré à la hausse par les estimations d'un reflux des réserves américaines de brut. Vers 04H55 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en septembre, gagnait 11 cents à 69,28 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, pour livraison en octobre, cédait un cent à 74,64 dollars. La fédération privée américaine American Petroleum Institute a estimé que les réserves américaines de brut avaient reculé de six millions de barils au cours de la semaine achevée le 3 août, soit d'une façon plus marquée que ce auquel on s'attendait. Les investisseurs suivront avec attention la publication mercredi des chiffres officiels du département de l'Energie. Le niveau des réserves américaines est un indicateur très suivi de l'état de la demande au sein de la première économie au monde. Benjamin Lu, de Phillip Futures à Singapour, a relevé que les cours étaient également affectés par les sanctions américaines contre l'Iran. Décidées après le retrait unilatéral des Etats-Unis de l'accord historique sur le nucléaire conclu en 2015 entre l'Iran et les grandes puissances, de premières sanctions américaines contre l'Iran ont pris effet mardi. Cette première vague comprend des blocages sur les transactions financières et les importations de matières premières, ainsi que des mesures pénalisantes sur les achats dans le secteur automobile et l'aviation commerciale. Elle sera suivie, en novembre, de mesures affectant le secteur pétrolier et gazier ainsi que la Banque centrale. L'Iran est le troisième plus grand producteur de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Ces sanctions devraient peser lourdement sur une économie iranienne à la peine, qui souffre d'un taux de chômage élevé et d'une nette inflation. Les inquiétudes quant à leurs répercussions au Proche-Orient ont fait grimper les cours lundi et mardi. "Les marchés pétroliers s'inquiètent surtout de la deuxièm vague de sanctions qui ciblera les exportations de brut de l'Iran en novembre", a cependant observé M. Lu.
Baisse de la production US Les stocks de pétrole brut aux Etats-Unis ont reculé un peu moins fortement que prévu la semaine dernière, tandis que la production a baissé pour la deuxième semaine de suite, selon les chiffres publiés mercredi par l'Agence américaine d'information sur l'Energie (EIA). Lors de la semaine achevée le 3 août, les réserves commerciales de brut ont reculé de 1,4 million de barils pour s'établir à 407,4 millions de barils, alors que les analystes interrogés par l'agence Bloomberg prévoyaient un recul de 3 millions de baril. Elles s'inscrivent en baisse de 14,3% par rapport à la même époque l'an dernier et sont environ 1% en dessous de la moyenne des cinq dernières années à cette période. La production de brut a de son côté reculé à 10,80 millions de barils par jour (mbj) contre 10,90 millions de mbj la semaine dernière. Dopée depuis plusieurs années par les extractions de pétrole de schiste, elle reste toutefois près de son record de 11 mbj atteint début juillet. Egalement scrutés puisqu'ils servent de référence à la cotation du pétrole à New York, les stocks de brut WTI du terminal de Cushing (Oklahoma, sud) ont diminué de 600.000 barils, à 21,8 millions de barils, au plus bas depuis quatre ans. Le niveau des stocks y a été divisé par plus de deux depuis le début de l'année, quand il évoluait encore à 46,6 millions de barils. Les réserves d'essence ont, elles, augmenté de 2,9 millions de barils, alors que les analystes tablaient sur un recul de 1,9 million de barils. Elles sont en hausse de 1,2% par rapport à leur niveau d'il y a un an et sont environ 4% au-dessus de la moyenne des cinq dernières années.
Cadence élevée des raffineries Les stocks d'autres produits distillés (fioul de chauffage et gazole) ont progressé de 1,2 million de barils, là où les analystes anticipaient une hausse plus modeste de 800.000 barils. Ils sont en baisse de 15,1% par rapport à leur niveau d'il y a un an et de 10% par rapport à la moyenne des cinq dernières années. La cadence des raffineries a de son côté avancé, celles-ci ayant fonctionné à 96,6% de leurs capacités contre 96,1% la semaine précédente, et ayant produit au total 17,6 mbj. Les exportations américaines ont légèrement progressé, à 1,85 mbj contre 1,31 mbj la semaine précédente, tout comme les importations, à 7,93 mbj contre 7,75 mbj la semaine précédente. Du côté de la demande, les Etats-Unis ont au total consommé en moyenne 21,1 mbj de produits raffinés au cours des quatre dernières semaines, en baisse de 0,6% par rapport à la même période l'an dernier. La demande d'essence a baissé de 0,7% quand celle des autres produits distillés a reculé de 8,3%. Juste après la publication de ce rapport vers 14H50 GMT, le prix du baril de pétrole américain, qui évoluait déjà en baisse, lâchait 1,49 dollar à 67,68 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).