Le président de la Commission européenne, M. José Manuel Barroso, a annoncé, jeudi, à Bruxelle, son soutien au projet de l'Union pour la Méditerranée. La Commission européenne, qui avait le plus à perdre dans le projet originel qui prévoyait de n'associer que les pays riverains de la Méditerranée, ce qui aurait réduit son rôle dans le pilotage, a donné le signe du ralliement après avoir eu l'assurance que tous les Vingt-Sept en feraient partie. Ce soutien intervient après que la France et l'Allemagne soient parvenues à un accord révisant à la baisse les ambitions initiales du président français, Nicolas Sarkozy, sachant que l'Allemagne s'était opposée en premier lieu à ce projet auquel elle reprochait d'exclure tous les pays de l'UE qui ne sont pas du pourtour méditerranéen. Mardi dernier, le président Sarkozy et la chancelière allemande, Angela Merkel, sont arrivés à un compromis en se mettant d'accord pour une révision des ambitions du projet initial. La France voulait initialement limiter le périmètre de l'UPM aux seuls 22 pays strictement riverains de la Méditerranée, plus le Portugal, la Jordanie et la Mauritanie, ce qui avait suscité la colère d'Angela Merkel, qui évoquait une division de l'UE. Cela a poussé le président français à revoir ses ambitions et à réviser son projet. Cependant, les Etats européens se sont prononcés en faveur du projet révisé. "Ce qui est important, c'est que c'est un projet européen", a souligné le chancelier autrichien Alfred Gusenbauer. "Nous ne ferons pas un barbecue pour quelques Etats membres seulement". Les propos tenus par le chancelier autrichien illustre parfaitement la nature du projet de l'UPM. C'est un projet européen, préparé et finalisé par des Européens sans la concertation des autres pays méditerranéens. Ces derniers n'auront qu'à adhérer à ce nouveau projet, s'ils veulent l'assistance de l'Europe dans leurs projets de développement. Par ailleurs, l'adhésion des pays non méditerranéens à l'UPM, sous prétexte qu'ils font partie d'une organisation régionale dont certains de ses adhérents sont aussi des pays méditerranéens, ouvre la boite de Pandore. Rien n'empêche, demain, l'Arabie Saoudite ou la Somalie de demander l'adhésion à l'UPM, puisque eux aussi, adhérent à la Ligue Arabe, au même titre que l'Algérie ou la Tunisie (pays méditerranéens). D'autre part, il y a le conflit israélo-arabe. L'adhésion d'Israël à ce projet signifie que certains pays importants du pourtour méditerranéen, vont s'abstenir d'adhérer à ce projet. Du coup, l'Union pour la Méditerranée pourrait se retrouver avec plus de pays non méditerranéens que de pays méditerranéens. Ce qui vide cette organisation de sa substance. Par ailleurs, l'Union pour la Méditerranée, que M. Sarkozy comptait lancer le 13 juillet lors d'un sommet réunissant uniquement les pays riverains, avant une réunion plus large le 14 juillet qui devait être annoncée, sera désormais lancée en un seul sommet réunissant le 13 juillet les "Vingt-Sept", les pays du Sud de la Méditerranée et la Commission européenne.