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Violation des arrêts de la CJUE : La communauté internationale et l'UE interpellées
Publié dans Le Maghreb le 21 - 11 - 2018

Le ministre sahraoui chargé de la Coordination avec l'Europe, Mohamed Sidati, a interpellé samedi à Madrid, la communauté internationale en général et l'Union européenne (UE) en particulier, quant au non-respect des arrêtes de la Cour de justice européenne (CJUE) relatifs à l'Accord commercial Maroc-UE, les appelant à "assumer leur pleine responsabilité". "Est-ce que les pays d'Europe peuvent laisser passer cette injustice et faire avaliser des accords qui sont entachés d'illégalités ?!", s'est interrogé M. Sidati, en marge de la 43ème Conférence de soutien et de solidarité avec le peuple sahraoui (Eucoco 2018), ajoutant que "si l'UE n'arrive pas à faire respecter sa propre justice, de quelle crédibilité peut-on parler ?". L'interpellation exprimée par M. Sidati s'inscrit dans le sillage des appels lancés aux Européens pour respecter le droit du peuple sahraoui de jouir de ses ressources naturelles et renoncer aux manœuvres auxquelles a eu recours la Commission européenne avec l'occupant marocain pour se soustraire à la décision de la CJUE, qui annule tout accord commercial conclu avec le Maroc pouvant inclure les eaux territoriales et les richesses provenant du Sahara occidental occupé.
Après avoir souligné la tenue de la 43ème Eucoco dans un moment crucial dans la lutte que mène le peuple sahraoui pour son indépendance, coïncidant avec une date importante du 14 novembre de la signature de l'accord tripartite par le biais duquel des pays envahissent des territoires et exposent la population à la persécution et la discrimination, M. Sidati a rappelé que "l'Espagne a des responsabilités morales et historiques politiques essentielles en tant qu'ancienne puissance coloniale", qui l'amène, par conséquent, à "assumer de lourdes responsabilités".
"Les accords entre l'UE et le Maroc avec la prétention d'essayer d'inclure le Sahara occidental dans le champ de ces accords, constitue une violation flagrante du droit international mais aussi et surtout des décisions de la Cour de Justice de l'UE", s'est indigné le responsable sahraoui. M. Sidati a rappelé que cette l'Eucoco 2018 intervient avant la reprise des négociations entre le Front Polisario et le Maroc les 4 et 5 décembre prochain à Genève, à l'invitation de l'Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara occidental, Horst Kohler. Ce rendez-vous prévu sous l'égide de l'Onu devrait marquer la relance du processus de règlement du conflit du Sahara occidental, au point mort depuis 2012. Les négociations se veulent directes, franches et loyales, sans conditions aucune, et sur la base du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, en présence des pays voisins, l'Algérie et la Mauritanie en tant que pays observateurs officiels.
Samedi après-midi, un rassemblement de mouvement de solidarité à grande échelle est prévu à Madrid pour exiger la mise en application du droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance.
Dans ce sens, M. Sidati a estimé, que ce rassemblement va envoyer "un message très clair de solidarité mais aussi un message clair d'interpellation allant droit à l'UE, et à la communauté internationale et allant droit à l'Espagne" quant à leur responsabilité dans le règlement du conflit du Sahara occidental.

Renforcer le mouvement de solidarité parlementaire
La 43ème Eucoco 2018, qui a pris fin samedi soir à Madrid, a réitéré la nécessité de renforcer les liens entre le mouvement de solidarité et les différents intergroupes parlementaires afin d'"encourager les rencontres et les actions internationales, pour lutter contre l'inclusion du Sahara Occidental dans le champ d'application des accords commerciaux UE-Maroc". Tant au niveau européen, que national, régional et local, les participants à la Conférence ont souligné "l'impératif de sensibiliser les élus sur ce qui constitue une violation du droit international et communautaire". "A ce titre, il est important de renforcer les liens entre le mouvement de solidarité et les différents intergroupes parlementaires afin d'encourager les rencontres et les actions internationales", lit-on dans le document final ayant sanctionné les deux jours de travaux de la conférence. Dans ce contexte, les participants ont été unanimes sur l'appel au "renforcement du réseau interparlementaire constitué d'un axe à part entière de nos actions de plaidoyer". En outre, après avoir salué le travail remarquable de l'Envoyé Spécial du Secrétaire Général de l'ONU, Horst Kohler, en vue de ramener le Front Polisario et le Maroc autour de la table de négociations, l'Eucoco a estimé "indispensable" de poursuivre le plaidoyer auprès du Parlement européen afin de "lutter contre l'inclusion du Sahara Occidental dans le champ d'application des accords commerciaux UE-Maroc". Le Parlement européen devrait se prononcer sur ces accords commerciaux amendés le 3 décembre 2018. Si l'accord proposé par la Commission est adopté par le Parlement européen, il conviendra de "mener une campagne de dénonciation si possible, avec des ONG internationales", ont-ils insisté.
A la même occasion, les participants ont déploré la volonté du Conseil européen et de la Commission européenne de contourner le droit européen en voulant inclure le Sahara Occidental occupé dans le champ d'application d'accords commerciaux signés entre l'UE et le Maroc. Elle encourage le Parlement européen à se ranger du côté du droit international et européen en votant à l'encontre des amendements proposés par la Commission européenne. L'importance du rôle que joue l'Union Africaine (UA) dans la défense du droit d'existence et de représentation de la RASD a été soulignée, en particulier, lors des sommets avec des Etats ou institutions ne reconnaissant pas officiellement le République sahraouie, a-t-on rappelé. Durant la conférence, un point de situation sur les développements dans le dossier du conflit du Sahara occidental a été établi par les participants, qui ont salué la table ronde prévue à Genève les 4 et 6 décembre sous l'égide de l'Onu entre les deux parties en conflit, le Maroc et le Front Polisario. Par ailleurs, la conférence s'est réjouie du fait que l'Union africaine s'engage à créer "un mécanisme permanent dédié à la question du Sahara Occidental", exprimant son encouragement à redéployer une délégation au sein de la Mission de l'Onu pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso). La conférence, qui s'est tenue sur deux jours sous le slogan: "Pour l'indépendance du Sahara Occidental. La responsabilité de l'Espagne et de l'Europe dans la solution", a rassemblé plus de 400 participants venus d'Europe, d'Afrique et d'Amérique latine. Les travaux de ces assises se sont déroulés sous la houlette du président du Conseil national (Parlement) de la République arabe démocratique sahraouie (RASD), Khatri Adouh, en présence du président de l'Eucoco, Pierre Galand.

Une nouvelle dynamique"
Les travaux de la 43ème étaient marqués par une nouvelle dynamique, a estimé le représentant du Front Polisario à Madrid, coordinateur sahraoui de l'organisation, Abidine Bouchraya.
"Cet arrêt est une preuve encore que le Sahara occidental est un territoire à part entière, séparé et distinct du Maroc", a soutenu M. Bouchraya dans une déclaration à l'APS, à la veille de cette conférence dont le slogan pour cette 43e édition: "Pour l'indépendance du Sahara occidental. La responsabilité de l'Espagne et de l'Europe dans la solution". Cette Conférence annuelle de deux jours, organisée depuis 1976 sans interruption dans différentes villes européennes, à l'instar de Madrid, Barcelone, Rome, Bruxelles, Valence et Paris, est considérée comme la plus importante manifestation internationale de solidarité avec le peuple sahraoui, où des centaines de militants portent leur soutien chaque année à la cause sahraouie et au droit du peuple du Sahara occidental à l'autodétermination. Devenant le rendez-vous annuel incontournable du mouvement européen de solidarité avec le peuple sahraoui, la 43e édition de l'Eucoco, "verra la participation de plus de 375 délégués, représentants de gouvernements venus des cinq continents, des ambassadeurs de pays reconnaissant la République arabe sahraouie démocratique (RASD), des députés et des élus européens et nationaux, ainsi que des organisations nationales et internationales", a souligné le représentant du Front Polisario à Madrid.
En plus des délégations officielles, des syndicalistes, des militants des droits de l'Homme, des ONG et des associations amies avec le peuple sahraoui, sont également attendus au rendez-vous, comme chaque année, avec notamment la forte participation de la délégation de l'Assemblée populaire nationale (APN) qui, est composée du président de la de la Commission des Affaires étrangères, de la coopération et de la communauté, Abdelhamid Si Afif et de la présidente du Groupe d'amitié de fraternité parlementaire "Algérie-Sahara Occidental", Saida Brahim Bounab, ainsi que les députés, Mohamed Moussaoudja, Djamel Madi, Sid Ahmed Abiri et Noureddine Belmeddah. Selon le programme de la conférence, la première journée sera consacrée principalement aux interventions des participants et des représentants de différentes délégations et institutions ainsi que celui de la Mairie de Madrid -hôte de la conférence-. La rencontre devait marquer la relance du processus de paix au Sahara occidental, au point mort depuis 2012. La précédente Conférence qui s'est tenue en 2017 dans la ville de Vitry-sur-Seine en France, avait été l`occasion pour les participants d'interpeller la France sur sa position et souligner l'attachement indéfectible à l'application du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance. Dans leur déclaration finale de la précédente édition, tenue sous le slogan "Autodétermination du peuple Sahraoui, Droit inaliénable", les participants avaient aussi insisté sur l'urgence de l'élargissement des prérogatives de la Minurso à la protection des droits de l'Homme au Sahara occidental occupé, annonçant des actions au sein du Conseil des droits de l'homme de l'Onu.

Solidarité avec le peuple sahraoui
Des milliers de personnes se sont rassemblées à Madrid pour appeler à la décolonisation et à l'indépendance du Sahara occidental, et réclamer au gouvernement espagnol l'annulation de "la Déclaration de Madrid signée en 1975, ayant permis l'invasion marocaine des territoires sahraouis". "Pacte illégal", "Espagne responsable, le Maroc coupable", étaient entre autres slogans scandés lors de cette manifestation, initiée en marge de la 43me édition de la Conférence européenne de soutien et de solidarité avec le peuple sahraoui (Eucoco 2018). Les participants à la grande marche qui s'est ébranlée depuis la place d'Atocha, au centre de Madrid, ont brandi des banderoles aux revendications légitimes du peuple sahraoui dans sa lutte contre l'occupation et dénonçant la position du gouvernement espagnol.
La marche de soutien au peuple sahraoui a été notamment une occasion pour évoquer le 43ème anniversaire de la signature de la Déclaration de Madrid (14 novembre 1975), qui avait ouvert la voie à l'invasion marocaine des territoires sahraouis.
"Nous sommes solidaires avec le peuple sahraoui et nous le soutenons dans sa lutte", ont crié, sans cesse, les manifestants La marche de solidarité avec les Sahraouis a pris fin à la Place de Mayor, emblématique place du centre de Madrid.
"Justice", "solidarité avec le peuple sahraoui (en lutte) pour la liberté et l'indépendance", pouvait-on également lire sur les banderoles brandies par les participants à cet événement, lors duquel des appels à la "lutte armée", ont été également entendus parmi les manifestants.
Cette manifestation a été, en outre, mise à profit pour réclamer le droit légitime à l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental, et appeler à la libération des militants politiques du groupe Gdeim Izik.
"C'est un message claire destiné à l'Espagne, la France et l'occupant marocain pour mettre un terme à la souffrance du peuple sahraoui", a déclaré à l'APS, une militante argentine soutenant la cause sahraouie.
La manifestation est également destinée à réitérer le soutien inconditionnel à l'exercice du peuple sahraoui de son droit inaliénable à l'autodétermination et à l'indépendance.
Inscrit depuis 1966 sur la liste des territoires non autonomes, et donc éligible à l'application de la résolution 1514 de l'Assemblée générale de l'ONU portant déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux, le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique, occupé depuis 1975 par le Maroc, soutenu par la France.


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