La flambée du taux de change de la devise européenne ne cesse d'accentuer sa courbe ascendante. Après l'amorce de son envolée face au dollar américain, (actuellement un euro s'échange à près de 1,6 dollar), la monnaie européenne vient d'entamer une hausse vertigineuse sur le marché parallèle en Algérie. En effet, un euro vient d'atteindre la barre mythique des 120 dinars, alors qu'au niveau des banques, le taux de change officiel pour un euro oscille entre 104 et 106 dinars. La conjoncture actuelle est donc très loin de la situation de la période 2006/2007 lorsque la devise européenne a connu une véritable dégringolade sur l'ensemble des places de change informel à l'est, à l'ouest ou au centre du pays, en enregistrant le taux le plus faible de moins de 90 dinars pour un euro. Cette hausse sur le marché parallèle, donc, n'est que le reflet de l'envolée des cours de l'euro sur les marchés. Cette dernière n'est guère faite pour encourager le renforcement des échanges commerciaux de l'Algérie avec la zone euro. En effet, les importateurs et l'ensemble des opérateurs économiques nationaux fuient systématiquement la zone euro au fur et à mesure que la flambée de la monnaie européenne se poursuit. En tout cas, en guise de retombées de cette hausse, d'aucuns ont relevé le recours massif des opérateurs du commerce extérieurs et les importateurs vers les marchés de la zone dollar. C'est, d'ailleurs, la raison pour laquelle le marché national des produits de consommation est de plus en plus envahi par des produits importés notamment des pays asiatiques et des pays du Golfe. Cette situation, si elle persiste, joue en défaveur du marché national en matière de qualité, ont averti de nombreux spécialistes, qui ont affirmé que le recours des importateurs aux marchés asiatiques pour leurs approvisionnements a ouvert la voie grande aux produits de la contrefaçon provenant notamment de l'Asie centrale et de l'Asie de Sud. En outre, les observateurs les plus au fait des développements du marché local des changes attribuent cette flambée de la devise européenne à plusieurs facteurs, notamment, en ce qui concerne l'effet d'annonce des décisions que le gouvernement s'apprête à prendre sur le plan économique et du commerce extérieur. D'emblée, il est vite fait allusion à la décision de suppression par le gouvernement de l'interdiction de l'importation des véhicules d'occasion, qui entrera en vigueur vraisemblablement dans le cadre de la loi de finances complémentaire pour l'année en cours et qui est actuellement en préparation au niveau du ministère des finances. Les véhicules de moins de trois ans d'âge, est-il utile de rappeler, sont interdits à l'importation depuis 2006, mais cette interdiction est sur le point d'être levée. La réouverture du commerce extérieur à la faveur de l'allégement des conditions d'exercice des activités d'importation, également, est à l'origine de la flambée de la devise européenne sur le marché parallèle. En effet, à la faveur de la loi de finances pour l'année 2007, le gouvernement a exigé un capital minimum de 20 millions de dinars pour la création des sociétés d'importations. Mais depuis janvier dernier, dans le cadre de la loi de finances pour l'année en cours (2008), cette mesure a été supprimée. Autant de facteurs qui accentuent la hausse du taux de change sur le marché parallèle et la situation risque, en revanche, d'aggraver davantage la hausse des prix des produits de consommation.