Le Représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU en Libye, Ghassan Salamé, a affirmé jeudi que "les conditions sont réunies" pour la tenue des élections parlementaires en Libye avant la fin du printemps prochain, soulignant que "le gouvernement algérien peut aider les parties libyennes à faire avancer le processus politique". S'exprimant dans une interview diffusée lors de l'émission, l'Histoire en marche, de la Chaine III de la Radio algérienne, M. Salamé a indiqué qu'il existait un dialogue continu entre la Mission et les autorités algériennes, soutenant que "l'Algérie, en tant que pays voisin, est concernée par ce qui se passe en Libye et peut aider, avec plusieurs interlocuteurs libyens, à faire avancer le processus politique". Évoquant la situation sécuritaire du pays voisin, M. Salamé a noté que l'accord de cessez-le-feu signé en septembre dernier par les différents groupes armés à Tripoli est toujours en vigueur, avant d'exprimer, toutefois, ses inquiétudes quant à la situation dans le sud de la Libye, où il a été enregistré, selon lui, "une activité très fréquente de groupes terroristes", notamment du groupe autoproclamé "Etat islamique (Daech/EI)". "C'est une question qui commence à nous inquiéter depuis l'été dernier. J'ai découvert auprès des autorités algériennes le même souci sur la nécessité de trouver une solution pour que la situation ne s'aggrave pas d'avantage dans le sud où les frontières sont très mal gardées par les autorités libyennes, étant donné l'effondrement de l'Etat libyen", a affirmé M. Salamé. Il a, en outre, ajouté que "des puissances régionales et internationales commencent à intervenir dans cette partie Sud de la Libye, d'une manière ou d'une autre, sans qu'elles ne soient respectueuses de la souveraineté libyenne". Plaidant pour une "coordination régulière" entre l'Algérie, la Tunisie et l'Egypte, pays voisins de la Libye, pour mieux contrôler les frontières, le responsable onusien a estimé que cette concertation évitera à la Libye de devenir un "asile pour les terroristes qui fuient aujourd'hui la Syrie et l'Irak". "Je suis favorable à cette coordination entre les trois pays voisins de la Libye, voir même à son élargissement à d'autres pays subsahariens, comme le Niger, le Tchad ou le Soudan", a estimé M. Salamé, mettant en garde contre le fait que "les terroristes de Daech pourraient considérer la Libye comme un refuge", ce qui constituera, a-t-il ajouté, "une menace non seulement pour la Libye, mais (également) pour les pays voisins".
Support constitutionnel et une conférence exclusivement inter-libyenne Répondant à une question sur la possibilité de la tenue des élections présidentielles au cours du premier semestre 2019, Ghassan Salamé a expliqué que celles-ci ne peuvent pas avoir lieu sans l'existence d'un support constitutionnel. A ce sujet, il a déploré le retard accusé par le Parlement dans l'élaboration d'un projet de loi fondamentale qui sera soumis au référendum. En revanche, les élections parlementaires pourraient avoir lieu avant la fin du printemps, a-t-il fait savoir, notant que "les conditions commencent à être réunies pour leur déroulement". Outre l'expérience acquise dans l'organisation des précédentes élections parlementaires en 2012 et en 2014, l'invité de la radio a évoqué aussi un "très fort intérêt des Libyens pour participer", constaté, selon lui, lors des inscriptions au fichier électoral et à travers la mise en place de la commission électorale, pour laquelle la Mission onusienne s'était engagée à apporter son aide matérielle et logistique. S'agissant de la tenue de la conférence nationale inter-libyenne, il a souligné que celle-ci sera "exclusivement" libyenne et que la date et lieu de son déroulement seront dévoilés dans les trois prochaines semaines. "Je dois encore contacter beaucoup de groupes libyens avant de fixer la date et le lieu de cette conférence nationale", a-t-il relevé, exprimant à l'occasion sa satisfaction des premières démarches entreprises dans ce cadre. "La conférence peut être un moment historique pour la Libye, si j'arrive à convaincre les différentes parties libyennes qui comptent que le moment de la paix, de la vie en commun, de rétablissement de l'autorité de l'Etat est arrivé", a-t-il clarifié. Faisant le bilan du travail accompli par la Mission d'Appui des Nations unies en Libye, Ghassan Salamé a cité notamment le transfert de son siège de Tunis vers Tripoli, ce qui a permis, a-t-il dit, l'établissement d'un accord de cessez-le-feu dans la capitale libyenne et l'ouverture prochaine d'une antenne à Benghazi et une troisième à Sebha, dans le sud du pays. Saluant les efforts déployés par le gouvernement libyen pour le rétablissement de la sécurité dans le pays, il a affirmé que la question de désarmement des milices nécessite encore du temps. "L'urgence est de faire taire les armes et de convaincre ceux qui les utilisent à les garder dans leurs dépôts", a-t-il souligné, relevant que jusqu'à 15 millions de pièces d'armes sont encore entre les mains de la population. "Il sera tout à fait impossible et naïf de pouvoir ramasser en l'espace d'un mois ou d'une année ces armes dans les mains de populations", a-t-il soutenu, insistant, à ce propos, sur l'établissement des institutions de l'Etat et la prévention contre le recours aux armes entre groupes opposés.
La coopération sécuritaire pour le renforcement de la stabilité Le gouvernement libyen a appelé à davantage de soutien international afin de mieux former le personnel de sécurité, tout en autorisant les services de sécurité libyens à coopérer avec leurs homologues de l'est du pays pour améliorer la situation sécuritaire et renforcer la stabilité. Cette coopération aura comme but principal de renforcer la réconciliation inter-libyenne, a affirmé le ministre de l'Intérieur du gouvernement d'union nationale (GNA), Fathi Bashagha. A travers cette mesure, le ministère tend à améliorer la situation sécuritaire dans le pays, en proie à une crise politico-sécuritaire depuis la chute de l'ancien régime de Maâmmar El-Gueddafi en 2011. "Le ministre de l'intérieur a accordé la permission à tous les départements et services de sécurité du ministère de contacter officiellement leurs homologues orientaux". Des officiers de police et des forces de sécurité venus de différentes régions du pays se sont rencontrés samedi dernier à Benghazi (est) dans le but d'unifier leurs efforts en matière de sécurité. Beaucoup d'observateurs voient cette rencontre comme un pas significatif vers la réunification de l'Etat libyen. Les efforts de la communauté internationale durant l'année 2018 pour le règlement de la crise libyenne ont permis d'entrevoir une issue pacifique à travers un processus politique inclusif, alors que des défis sécuritaires et économiques restent encore à relever et nécessitent une mobilisation accrue des différentes parties libyennes. En effet, les membres de la communauté internationale ont multiplié les initiatives durant l'année 2018 pour faire sortir la Libye d'une crise complexe et multidimensionnelle. Les démarches entreprises, dans ce cadre, devront permettre notamment d'aboutir à l'organisation des élections au printemps 2019, à l'édification des structures de l'Etat, à l'unification des rangs de l'Armée nationale libyenne et à la dissolution des milices ainsi que les autres groupes armés, sans oublier la mise en marche de l'appareil économique. Toutefois, six ans d'efforts internationaux, la Libye n'est pas encore parvenue à instaurer une autorité centrale à même d'être le garant de la stabilité et l'unique interlocuteur vis-à-vis la communauté internationale.
Scrutin avant la fin du premier semestre Les service de sécurité libyens peinent à améliorer la situation sécuritaire dans le pays, qui souffre d'une recrudescence des violences et de divisions politiques depuis la chute de l'ancien régime en 2011. Deux autorités rivales se disputent le pouvoir en Libye. Il s'agit du Gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par la communauté internationale, dirigé par Fayez Sarraj, qui siège à Tripoli, et le parlement de Tobrouk, dans l'est du pays, dirigé par Aguila Salah Issa et soutenu par l'Armée commandée par Khalifa Haftar, mais dont le mandat a expiré. Une situation qui n'a pas pour autant empêché la communauté internationale a lancer plusieurs initiatives en vue de réunir les parties libyennes, alors que les pays voisins et leurs partenaires européens ont organisé deux conférences internationales. La première s'était déroulée à Paris le 29 mai dernier, alors que la deuxième, organisée à l'initiative de l'Italie, avait eu lieu à Palerme les 12 et 13 novembre dernier. S'inscrivant dans le cadre de la Feuille de route tracée par le Représentant spécial du secrétaire général de l'Onu pour la Libye, Ghassan Salamé, cette voie de règlement du conflit tant attendue s'articule autour de la mise en place d'un cadre constitutionnel et l'organisation d'un double scrutin législatif et présidentiel avant la fin du premier semestre 2019. Dans le registre de la sécurité, le ministre de l'Intérieur libyen a tenu une rencontre avec le chargé d'affaires de l'ambassade britannique en Libye, Andrew Allen. Les deux responsables se sont réunis mercredi à Tripoli, la capitale libyenne, où ils ont discuté de leur coopération en matière de sécurité. Selon un communiqué du ministère de l'Intérieur, M. Bashagha a souligné l'importance du soutien logistique et sécuritaire apporté par le Royaume-Uni au gouvernement libyen, ainsi que la nécessité de mettre en place un "soutien international direct à travers la formation du personnel de sécurité et une consolidation des capacités du ministère". Le diplomate britannique a quant à lui réaffirmé la détermination du Royaume-Uni à soutenir le gouvernement libyen sur les plans politique et économique, ainsi qu'à travailler à résoudre tous les problèmes de la région, notamment en Libye.