La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a entamé, hier, ses discussions à Jérusalem en appelant à des améliorations "tangibles" sur le terrain pour les Palestiniens, afin de renforcer leur confiance dans les négociations de paix en cours. "Je suis convaincue que ce qu'il nous faut, ce sont des progrès tangibles vers une vie meilleure pour les Palestiniens, au moment même où nous avançons vers la création d'un Etat", a affirmé Mme Rice, lors d'une brève conférence de presse commune avec son homologue israélienne Tzipi Livni. Mme Rice est arrivée la veille en Israël pour sa seconde visite depuis le début du mois afin de tenter de débloquer le processus de paix israélo-palestinien. Ses discussions devaient se poursuivre en fin de matinée d'abord avec le ministre israélien de la Défense Ehud Barak, puis dans le cadre d'une réunion trilatérale sous sa houlette, en présence de M. Barak et du Premier ministre palestinien Salam Fayyad. Ehud Barak a annoncé récemment son intention d'autoriser la livraison de 25 véhicules blindés russes à l'Autorité palestinienne, pour renforcer les services de sécurité du président Mahmoud Abbas. Les habitants de ce territoire sont soumis depuis la mi-janvier à un blocus d'Israël. M. Barak a également donné mardi son feu vert au déploiement de plusieurs centaines de policiers palestiniens à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, et pourrait annoncer de nouveaux permis de travail pour les Palestiniens en Israël. Mme Rice avait indiqué avant son arrivée en Israël qu'elle souhaitait cette fois-ci faciliter le circulation de marchandises et de personnes en Cisjordanie pour y améliorer la situation économique, au moment où de récents sondages montrent que le soutien au processus de paix s'affaiblit aussi bien dans la population palestinienne que parmi les Israéliens. Selon un sondage réalisé par le Palestinian Center for Policy and Survey Research (PCPSR), 80% de Palestiniens estiment que les négociations vont échouer et 68% de Palestiniens jugent "nulles ou très faibles" les chances de la création d'un Etat palestinien d'ici cinq ans. Un sondage réalisé par l'Institut de recherches Harry Truman de l'Université hébraïque de Jérusalem israélien relève que 66% d'Israéliens ne croient pas à la création d'un Etat palestinien d'ici cinq ans dans les territoires occupés par Israël contre 31% d'un avis contraire. Mme Livni, qui dirige les négociations de paix côté israélien, a admis que les négociateurs étaient confrontés à un "conflit". "D'un côté nous avons décidé de réduire les attentes parce que (...) quand les attentes sont élevées et qu'il y a un échec, cela conduit à des violences", a-t-elle expliqué en référence aux précédentes négociations de 2000 ayant conduit à la deuxième intifada. "D'un autre côté, je sais qu'en agissant de façon très discrète (...), on risque de provoquer un manque de confiance dans le processus lui-même", a-t-elle ajouté. Elle a reconnu la nécessité d'améliorer la vie quotidienne des Palestiniens. "Je pense que les Israéliens et les Palestiniens comprennent que l'économie palestinienne fait partie de nos intérêts " a-t-elle indiqué. "Sur cette base, j'espère trouver une formule qui permette de donner de l'espoir aux gens et davantage de confiance dans le processus lui-même", a-t-elle ajouté.