Le Conseil militaire de transition (CMT) au Soudan a adressé samedi ses remerciements à l'Ethiopie pour son initiative de médiation entre les différentes parties soudanaises, réitérant sa "volonté de négocier pour parvenir à l'établissement de la transition démocratique", ont rapporté des médias locaux. Au lendemain de la visite effectuée à Khartoum par le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, pour tenter une médiation au Soudan, le Conseil militaire soudanais a publié une déclaration dans laquelle il a adressé ses remerciements à l'Ethiopie pour avoir mené cette initiative, a indiqué l'agence de presse soudanaise (SUNA). Le Conseil militaire de transition a salué, à l'occasion, l'initiative de l'Etat éthiopien pour "son empressement à rapprocher les points de vue des partis politiques soudanais", a ajouté l'agence, citant un communiqué publié par l'instance de transition. Le Conseil militaire de transition a réitéré, dans ce contexte, son "ouverture et sa volonté de négocier pour parvenir à des accords satisfaisants conduisant à un consensus national et au passage de la période de transition à la stabilité, devant conduire à l'établissement de la transition démocratique", a poursuivi Suna. Vendredi, le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed a exhorté, lors de son déplacement à Khartoum, les dirigeants soudanais et les représentants de la contestation à faire preuve de "courage" pour tenter de parvenir à un accord sur la transition vers la démocratie. "L'armée, le peuple et les forces politiques doivent faire preuve de courage et de responsabilité en prenant des actions rapides vers une période de transition démocratique et consensuelle dans le pays", a déclaré M. Ahmed dans un communiqué. Lundi dernier, les forces de sécurité soudanaises ont dispersé par la force un sit-in de manifestants devant le siège central de l'armée à Khartoum, provoquant la mort d'au moins 113 personnes, selon un bilan des médecins proches de la contestation. Ce bilan est contesté, toutefois, par le gouvernement qui parle de 61 morts durant les incidents. Les pourparlers entre le Conseil militaire de transition et les chefs de la contestation sont actuellement dans l'impasse, avec de profondes divergences de vues quant à la composante du "Conseil souverain" qui devra diriger la période de transition vers la démocratie. L'ONU, l'Union africaine, l'Union européenne et les Etats-Unis ont condamné ces violences appelant à la reprise des négociations pour parvenir à une "solution rapide" à la crise politique actuelle. Bien qu'aucune avancée décisive n'ait été annoncée à l'issue de la visite du premier ministre éthiopien d'une journée, des sources médiatiques ont souligné que "les discussions s'étaient bien déroulées" et qu'Abiy Ahmed retournerait bientôt au Soudan pour poursuivre son initiative. Sur le terrain, les forces de sécurités soudanaises ont rétabli partiellement la circulation dans les rues de la capitale, alors qu'un important déploiement de forces de soutien rapide a été opéré, notamment sur les ponts et les sites vitaux du pays, a rapporté l'agence russe Spoutnik. La circulation est revenue en partie à la normale après que de grandes sections des barrages routiers ont été supprimées dans les rues principales de Khartoum par les forces régulières, ont déclaré en outre des témoins cités par l'agence russe. D'autre part, le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine (UA) a annoncé jeudi sa décision de suspendre la participation du Soudan à toutes les activités de l'UA jusqu'à la création effective d'une autorité de transition dirigée par des civils. Il a décidé de "suspendre, avec effet immédiat, la participation de la République du Soudan à toutes les activités de l'UA jusqu'à la création effective d'une Autorité de transition dirigée par des civils, seule solution pour permettre au Soudan de sortir de la crise actuelle", peut-on lire dans le communiqué de l'UA. "Si le Conseil militaire de transition échoue à transmettre le pouvoir à une Autorité de transition dirigée par des civils, le Conseil imposera automatiquement, sans autre délai, des mesures punitives aux personnes et entités entravant la création de l'Autorité de transition dirigée par des civils", ajoute le communiqué. Le gouvernement soudanais a déclaré jeudi que 46 personnes avaient été tuées lors de la dispersion d'un sit-in devant le quartier général de l'armée, dans la capitale de Khartoum. L'opposition, quant à elle, a estimé que plus de 100 personnes auraient trouvé la mort. Depuis le 6 avril, des milliers de manifestants organisent un sit-in devant le quartier général de l'armée. Auparavant, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed est arrivé vendredi à Khartoum pour tenter une médiation entre les militaires au pouvoir et les chefs de la contestation dont les rapports sont devenus des plus tendus suite à la répression des manifestants faisant des dizaines de morts. M. Ahmed est arrivé à l'aéroport de Khartoum, selon des sources médiatiques Il doit rencontrer dans un premier temps les dirigeants du Conseil militaire aux commandes du pays depuis la destitution d'el Béchir le 11 avril dernier avant une réunion avec des leaders de la contestation. "Nous avons reçu une invitation de l'ambassade d'Ethiopie à rencontrer le Premier ministre éthiopien à 11H00 (09H00 GMT) et nous y allons", a déclaré aux médias Omar al-Digeir, un chef de la contestation. Lundi, les forces de sécurité ont dispersé par la force un sit-in de manifestants devant le siège de l'armée à Khartoum et ont ensuite réprimé toute autre manifestation. Au moins 113 personnes sont mortes dans cette répression, la grande majorité au sit-in de Khartoum, selon un dernier bilan des médecins proches de la contestation. Le gouvernement a fait état de 61 morts. Le secrétaire général de l'ONU, l'Union africaine, l'Union européenne et les Etats-Unis ont condamné ces violences. Les chefs de la contestation rejettent toute négociation avec les militaires.