L'envoyé spécial des Nations unies pour le Yémen, Martin Griffiths, a mis en garde contre la fragmentation du Yémen, soulignant qu'"elle est devenue une menace plus forte et plus urgente que jamais", ont rapporté mercredi des médias locaux. S'exprimant mardi soir devant le Conseil de sécurité de l'ONU, Martin Griffiths s'est alarmé sur la situation au Yémen, évoquant notamment les affrontements ayant éclaté en début août à Aden, la capitale "provisoire" du gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi, entre deux factions habituellement alliées contre le mouvement Houthis (Ansarullah), ont ajouté les mêmes sources. "La violence enregistrée à Aden a entraîné la mort de dizaines de civils et fait des centaines de blessés. Je suis alarmé par cette violence et je condamne les efforts inacceptables du Conseil de transition du Sud pour prendre le contrôle des institutions de l'état par la force. Je déplore également le harcèlement des Yéménites originaires du nord à Aden", a déclaré Martin Griffiths. Se félicitant des efforts menés par l'Arabie saoudite pour restaurer le calme et pour organiser à Djeddah un dialogue entre ces deux factions, l'envoyé spécial onusien a souligné qu'"il est essentiel que cette réunion ait lieu dans un très proche avenir pour éviter une nouvelle détérioration et pour assurer la continuité de la gouvernance, de la sécurité et de la fourniture des services de base à Aden et dans les autres zones concernées relevant de la compétence exclusive de l'Etat". Selon l'envoyé des Nations unies, ces affrontements à Aden rendent les efforts de médiation de l'ONU dans le cadre du processus de paix yéménite "plus urgents que jamais". "Il n'y a pas de temps à perdre", a-t-il précisé. "J'espère que toutes les parties prenantes yéménites, de toutes les régions du pays, voient dans les événements d'Aden un signe clair que le conflit actuel doit cesser, de manière rapide et pacifique", a-t-il, également, plaidé. M. Griffiths a affirmé, à l'occasion, que la mise en œuvre de l'accord de Stockholm conclu en décembre 2018 entre le gouvernement yéménite et le mouvement Houthis sur un cessez-le-feu dans le gouvernorat d'Hodeïda "a été importante sur le plan politique et a eu des effets bénéfiques tangibles sur le terrain". "Mais cela ne peut être une condition préalable à la réalisation de la paix dans tout le Yémen", a-t-il fait observer. 'Le gouvernement yéménite et le mouvement Houthis continuent d'assurer de leur volonté forte de trouver une solution politique", a soutenu M. Griffiths, se disant toutefois "frustré par la lenteur des progrès". De son côté, la sous-secrétaire générale aux affaires humanitaires, Ursula Mueller, a rappelé aux membres du Conseil de sécurité que "seule une solution politique peut répondre durablement à l'énorme crise humanitaire que connaît le pays". "Nous appelons toutes les parties prenantes à soutenir les efforts de l'Envoyé spécial pour mettre fin au conflit aussi rapidement que possible", a-t-elle dit. "Nous avons besoin de toute urgence d'une désescalade à travers le Yémen, de préférence grâce à un cessez-le-feu national qui mettrait fin à toute violence". Le Yémen reste la plus importante opération humanitaire au monde, les agences humanitaires fournissant une assistance à environ 12 millions de personnes chaque mois, a fait savoir, en outre, Mme Mueller.