Comme promis, les éditions Sédia qui sont en train d'élargir de plus en plus leur territoire éditorial en créant depuis peu une nouvelle collection spécial Essai, vient de publier, Vers l'Orient compliqué, un texte d'Antoine Sfeir coédité en 2006 par Grasset et Fasquelle. A la bonne heure ! Cet ouvrage de 164 pages est le deuxième essai que Sédia publie après, “Paris Alger, le couple infernal ” de Jean Pierre Turquoi. D'une concision et d'une sobriété déconcertantes, l'ouvrage d'Antoine Sfeir, nous offre une lecture bien documentée sur la politique étrangère notammentées occidentale menée dans les pays d'Orient. Ce livre pourrait être un excellent document pour les journalistes qui interviennent dans les dossiers qui concernent l'Orient, certains pays d'Europe ainsi que les Etats-Unis dont les mécanismes politiques ne sont pas aussi simples que l'on croit, puisque selon l'auteur de L'Orient compliqué, looby et autres structures bien huilés influencent de façon systématique les décisions de la Maison Blanche. Antoine Sfeir ne donne pas une lecture simpliste des conflits qui minent les arabes en général et l'Orient en particulier, puisque son propos fait monter à la surface tout ce qui est underground. Basé sur des faits historiques, soutenu par des déclarations officielles des personnalités qui ont eu tout au long de leur carrière politique de gérer l'écheveau du conflit oriental, cet ouvrage démasque les écarts flagrants des Etats-Unis qui laissent faire la machine de guerre quand ça les arrange et guerroient sur les terrains riches et fragiles, -comme c'est le cas en Irak-, comme ça leur chante. Loin de faire dans l'emphase, l'auteur de Vers l'Orient compliqué rappelle d'abord les événements qui ont précédé leur intervention totale en Orient. C'est ainsi qu'à la page 32 de cet ouvrage, Antoine Sfeir note : “ Les Etats-Unis n'ont en réalité pas attendu la Guerre froide pour s'intéresser au moyen- Orient. Leur présence dans la région remonte au début du XX ème siècle, époque de l'émergence de la puissance américaine dont les besoins en pétrole commençaient déjà à se faire lourdement sentir. Or, la région était encore sous domination franco-britannico-néerlandaise, et le restera jusqu'aux années 1950. ” De plus les relations arabo-arabes, et américano-arabes, sont tout aussi décortiquées dans cet ouvrage qui éclaire de bout en bout ceux qui ont des connaissances insuffisantes sur la question. Le cas le plus flagrant serait le rapport privilégié qu'entretiennent les USA avec le premier producteur du pétrole au monde, l'Arabie Saoudite. A la page 33, l'auteur rappelle que “ le 14 février 1945, à sa demande, Roosvelt rencontre le roi d'Arabie à bord du croiseur américain Quincy, afin de mettre définitivement un terme à la domination européenne sur place. Inflexible sur certains points, tels que le sort des juifs de Palestine, qui, à ses yeux, doivent rentrer dans leur pays d'origine, Ibn Séoud trouve cependant de nombreux terrains d'entente avec le président des USA. ” Ce pacte serait décisif pour l'évolution des deux pays dont l'un tient le rôle de protecteur et l'autre de fournisseur soumis. Au-delà de tous ces rapports extrêmement compliqués, l'auteur en concluant son texte survole quelques cas précis comme celui de l'Iran, de la Syrie ou alors, le Liban, son pays d'origine et nous montre combien le concept de démocratie qui rappelle la mission civilisatrice des pays tiers-mondistes par les métropoles, occidentales à partir du début du XIX ème siècle- est surfait devant les intérêts économiques et commerciales de ceux qui défendent ces idées sensées être citoyennes. “Vers l'Orient compliqué” est déjà chez les libraires et ça coûte 550 DA.