Des milliers d'Irakiens ont envahi dimanche les rues de Bagdad et de villes du sud de l'Irak, répondant à un appel à une nouvelle grève générale en soutien aux manifestants qui réclament un changement de régime depuis plusieurs semaines. Ce mouvement de contestation inédit a débuté le 1er octobre et a été émaillé de violences qui ont fait au moins 330 morts, en majorité des manifestants. "Nous continuerons notre mouvement et la grève générale avec tous les Irakiens jusqu'à ce que nous poussions le gouvernement à la démission", a déclaré dimanche à Bassora (sud) Hassan al-Tufan, avocat et militant, au lendemain d'un appel à la grève lancé par des manifestants sur les réseaux sociaux. Dans cette ville pétrolière, les manifestants ont coupé des routes en brûlant des pneus, tandis qu'à Hillah, au sud de Bagdad, étudiants et militants se sont rassemblés devant le siège du Conseil provincial. A Kout, Najaf, Diwaniya et Nassiriya (sud), écoles et bureaux du gouvernement sont restés fermés, et les rues étaient peu à peu envahies par la foule. A Bagdad, des centaines d'étudiants ont raté l'école pour rejoindre la place Tahrir, épicentre de la contestation. "Pas de politiciens, pas de partis, ceci est un éveil étudiant!", avait écrit l'un d'eux sur une pancarte. Des manifestants ont installé des tentes sur un segment du pont Senek, face à des policiers antiémeutes placés derrière une double rangée de murs de béton, protégeant l'accès à l'ambassade d'Iran, pays accusé par les manifestants de soutenir le gouvernement qu'ils veulent mettre à bas. Le gouvernement a proposé ces dernières semaines une liste de réformes, que les manifestants ont jugées insuffisantes. L'Irak est le 12e pays le plus corrompu au monde selon Transparency International. "Ces réformes ne sont que de l'opium pour le peuple, ni plus ni moins", a lancé un manifestant. Montrant la Zone verte située de l'autre côté du fleuve Tigre et où se dressent le Parlement, le bureau du Premier ministre et d'autres institutions clés du pays, il a insisté sur le souhait des manifestants de voir de "nouveaux visages". "Il y a tant de jeunes gens compétents et brimés en Irak. Et ce sont malheureusement ces gens-là qui nous gouvernent", a-t-il dit.