La tendance haussière des prix des produits de premières nécessité enregistrée à travers le monde, n'est pas, selon les experts, le fait de la gestion politique catastrophique des gouvernants, même si dans certains cas on peut regretter l'absence de prévisions sur le moyen et long termes. Selon les mêmes sources, elle est surtout portée par des facteurs exogènes, et particulièrement des cours des matières premières. Premier argument avancé par les spécialistes, l'offre n'arrive pas à satisfaire une demande toujours plus grandissante. C'est notamment le cas pour le pétrole, les métaux ou encore les produits laitiers. Mais ce phénomène n'explique pas à lui seul la flambée de ces derniers jours. Pour comprendre l'ampleur de la hausse, il faut se tourner vers un autre facteur : la baisse du dollar. La monnaie américaine ne cesse de s'effondrer, elle a atteint son plus bas niveau contre l'euro, franchissant la barre symbolique de 1,5 dollar pour un euro. Cette flambée des prix, n'est pas en adéquation avec les performances économiques des pays africains et de nombreux autres pays en développement. Elle est favorisée par une forte demande des pays émergents comme l'Inde et la Chine (qui représentent à elles seules, le 1/3 de la population mondiale) en matière agricole et surtout en pétrole pour alimenter leur croissance économique. Le pétrole, a-t-on besoin de le dire, est au centre de toutes les problématiques actuelles. Il intervient dans le transport, l'industrie, l'énergie, les pneumatiques, les infrastructures routières etc. Quant aux autres matières premières, selon les experts, leur demande s'accroît sous le triple effet du développement des biocarburants pour réduire la forte dépendance du pétrole. Pour M. Mustapha Mékidéche, vice-président du CNES (Conseil national économique et social), il y a une inflation manifeste. " Dans les pays en voie de développement où les pouvoirs d'achat des ménages consacrent l'essentiel de leurs revenus à la nourriture et au transport, on comprend fort bien que ces augmentations ont un impact direct sur la vie de tous les jours des populations et la réaction se manifeste par des manifestations et des revendications syndicales ". " La situation risque de s'aggraver parce que la facture des importations augmente partout dans le monde ", avertit-il encore. M. Mékidèche met en cause l'Union européenne pour le soutien des prix de leurs paysans y compris en donnant des subventions et gardé la production. " Il faut que tout cela cesse et soit réexaminé parce qu'il y a aujourd'hui un problème mondial en matière d'alimentation ". Il explique qu'il faut réexaminer les productions par rapport aux besoins car dans le cas contraire, c'est l'explosion, parce que " de plus en plus ces manifestations sociales, qui se déroulent notamment dans les pays du Sud, vont vite. Il faut intervenir sur la nourriture, sur le transport, l'éducation et sur l'eau, et il faut des solutions sérieuses à tous ces problèmes ". C'est dire que l'évolution du marché des matières premières a suivi depuis quelques années de très près le cycle économique. En phase d'expansion économique, les prix des matières premières augmentaient, et en période de ralentissement économique, les prix baissaient. Aujourd'hui, la situation et quelque peu différente, en ce sens que les prix des matières premières sont moins corrélés au cycle économique. La demande élevée est davantage de nature structurelle que conjoncturelle, indique-t-on dans les milieux économiques. Cette demande est soutenue, en particulier, par les pays émergents, en raison de leur développement économique, de leur urbanisation incessante et de la construction des nombreuses infrastructures telles que les routes, aéroports, capacités électriques, grands barrages…