Le Conseil de sécurité, au terme d'un débat sur la paix et la sécurité en Afrique, réunissant une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement, de ministres et d'ambassadeurs, s'est déclaré mercredi "résolu à prendre des mesures efficaces" en vue de resserrer davantage encore les relations entre les Nations unies et les organisations régionales, en particulier l'Union africaine, notamment au regard de la crise alimentaire mondiale qui se fait jour. Cette réunion, en présence du Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a été marquée par le message adressé au Conseil de sécurité par le président de la République, Monsieur Abdelaziz Bouteflika, lu en son nom par son représentant personnel, l'ancien chef de gouvernement, Ahmed Ouyahia. Le chef de l'Etat dans son message, après s'être félicité de la qualité de la coopération entre l'ONU et l'Union africaine et des succès enregistrés dans ce domaine, a déclaré que c'est dans le cadre de cette coopération que s'est réalisé à la fin de l'année écoulée, "le transfert de l'autorité de la Mission de l'Union africaine au Soudan à l'opération hybride de l'UA-Nations unies au Darfour ". " C'est là un développement majeur fondé sur un équilibre dynamique entre des considérations politiques impérieuses et des exigences opérationnelles et logistiques incontournables", soutien le chef de l'Etat. Il souligne que, d'un autre côté, les Nations unies ont apporté leur appui à des pays africains, tels que le Burundi, la Sierra Leone et la Guinée Bissau. Des pays concernés par les programmes de la Commission de la consolidation de la paix, dont deux d'entre eux ont bénéficié, en janvier 2007, du fonds pour la consolidation pour la paix. Là, le chef de l'Etat rappelle que, malheureusement, l'enveloppe budgétaire allouée à cette consolidation "n'a, malheureusement, pas été entièrement débloquée". Le Président fera remarquer, à travers son message aux membres du Conseil de sécurité de l'ONU qu'au regard des questions de paix et de sécurité, "la situation en Afrique a été caractérisée par des contextes de sortie de crise et par la persistance de conflits que nous espérons voir résolus par la mobilisation des Africains d'abord, et celle de la communauté internationale ensuite. C'est le cas du Sahara occidental où la Minurso est déployée depuis plus de quinze ans. C'est aussi le cas de la Somali où l'Amisom ne peut manifestement pas parvenir à réunir les conditions nécessaires au redressement de la situation dans ses dimensions sécuritaire, politique et humanitaires". Pour le président Abdelaziz Boutéflika, la mise en place d'une architecture de paix et de sécurité de l'Union africaine, dont un mécanisme de prévention, de gestion et de règlement des conflits, un Conseil de paix et de sécurité et un Groupe de sages, "marque la volonté de l'Afrique de se prendre en charge et d'inscrire son action de manière à favoriser des solutions politiques intégrant les valeurs de la conciliation et de la réconciliation et assurant la viabilité des compromis réalisés". Il espère que cette réunion de haut niveau du Conseil de sécurité constituera "un pas décisif dans le renforcement de la coopération entre l'Organisation des Nations unies et les organisations régionales, en particulier l'Union africaine". Il insiste à dire que cette coopération qui, "fondée sur les principes de la Charte des Nations unies, donnerait naissance à des modes opératoires novateurs". Le président de la République, affirme à cet égard : "Nous ferions véritablement œuvre utile en adoptant une interprétation plus ambitieuse du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui est le fondement juridique des opérations de maintien de la paix menées par les organisations régionales". Une telle interprétation pourrait prendre en compte les données locales et favoriser des réactions appropriées aux contextes et aux spécificités concernées, avec une claire perception des responsabilités différenciées et des complémentarités en présence. "Il importe, en effet, que le potentiel non encore exploité, en termes notamment de synergie, d'interaction et de coordination que recèle la coopération entre le Conseil de sécurité et des organisations régionales et sous-régionales, puisse se réaliser pleinement", soulignera encore le chef de l'Etat en ajoutant : "Il ne fait pas de doute, à ce sujet, qu'une synthèse réussie des efforts consentis aux plans régional et sous-régional et de l'action de la communauté internationale permettra la mobilisation de toutes les énergies si indispensables pour atteindre les objectifs servant la cause de la paix". A ce titre, le chef de l'Etat note, dès qu'elle a obtenu l'approbation par le Conseil de sécurité, une opération de maintien de la paix sur le continent africain devrait bénéficier d'un traitement identique à celui réservé aux opérations menées par l'ONU, en particulier en ce quoi concerne la prise en charge et la disponibilité d'un financement adéquat et régulier. Il souligne dans ce contexte que le moment est venu "d'institutionnaliser" le financement et dépasser le caractère ponctuel de certains apports financiers qui rend difficile leur planification et leur gestion. Pour dépasser définitivement ces incertitudes, le président de la République plaide pour des mécanismes de financement plus prévisibles et mieux cordonnés. Il rappelle de fait que la voie identifiée en janvier 2007, par les chefs d'Etat de l'UA, consistant à organiser des missions dirigées par l'UA, menées avec l'accord du Conseil de sécurité et financées par des contributions évaluées par les Etats membres de l'ONU, dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies, "devrait être retenue et mise en œuvre dans les meilleurs délais possibles".