Le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, a indiqué mercredi, dans un entretien accordé à l'agence américaine d'informations financières Dow jones Newswires, que l'Algérie et le Nigeria vont signer dans un mois le mémorandum d'entente pour la réalisation du gazoduc transaharien "Trans-saharian Gas Pipeline" (TSGP). Il précisera à ce sujet que l'échéance pour entamer l'acheminement du gaz à travers ce gazoduc a été fixée à l'horizon 2015. Le ministre a également signalé que la dernière visite de travail qu'il avait effectuée au Nigeria en février dernier avait permis aux deux pays de faire progresser les discussions pour la concrétisation de ce méga projet. Le Niger, par lequel transitera le gazoduc, a également accepté officiellement de se joindre à ce projet, a fait savoir M. Khelil. D'une capacité de transport de 20 à 30 milliards de mètres cubes par an, le TSGP aura une longueur de 4 128 km, dont 1 037 au Nigeria, 841 au Niger et 2 310 en territoire algérien jusqu'à la côte méditerranéenne, soit le tronçon le plus long. Ce projet comprend également la construction d'une vingtaine de stations de compressions. Il doit aussi être doublé d'une route transaharienne et d'un câble de fibre optique. L'ouvrage doit être mis en service en 2015. Classé comme "projet prioritaire" du programme du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad), ce gazoduc ne sera pas sans retombées économiques pour les pays de transit et leur voisinage. Le centre et le nord du Nigeria, comme le Grand Sud algérien, régions dépourvues d'infrastructures gazières, bénéficieront, ainsi, grâce au TSGP, de l'alimentation en cette matière, tandis que le Niger, pays de transit, et les pays limitrophes tels que le Mali et le Burkina Faso pourront tirer profit du rapprochement de cette source d'énergie. L'arrivée du gaz naturel dans ces contrées favorisera la création de zones économiques viables et propres et, partant, la fixation des populations et la diminution des flux migratoires vers l'Europe. Ce gazoduc permettra en outre de préserver, dans ces régions, l'utilisation du bois pour les besoins en énergie des populations, un bois prélevé sur les maigres surfaces boisées, seuls remparts contre la désertification. Par ailleurs, le TSGP sera d'un appoint considérable aux besoins énergétiques de l'UE, dont la dépendance en gaz sera de 85% en 2030, en raison de la croissance de la demande (1,9% par an jusqu'en 2020 au moins), et le déclin de la production interne de l'Europe, selon les indications fournies par le commissaire européen à l'Energie, Andris Piebalgs, lors du séminaire de lancement, devant près de 300 invités représentant des firmes pétrolières, des banques, des organisations financières internationales et des diplomates. L'Europe, importera 330 milliards de m3 de gaz en 2010 (pour une consommation de 536 milliards de m 3), ce qui nécessitera des investissements importants en matière d'infrastructures de transport, des stations de compression et des terminaux. Dans ce contexte, le TSGP répond à la fois au souci de l'UE de renforcer la sécurité et la diversité de ses approvisionnements, et permettre la mise en œuvre de sa politique à l'égard de l'Afrique en matière énergétique et d'infrastructures. Le TSGP, projet "impressionnant et ambitieux", selon les termes de M. Piebalgs, permettra également de soutenir la politique européenne de développement durable, grâce à la récupération du gaz en grande partie torché actuellement au Nigeria et réduire ainsi l'émission de gaz à effet de serre. Pour rappel, le mémorandum d'entente portant réalisation de ce projet a été signé entre Sonatrach et Nigerian national petroleum corporation (NNPC) en janvier 2002. Sonatrach et NNPC ont confié la réalisation de l'étude de faisabilité du projet à la société britannique Penspen/IPA. Les résultats de l'étude ont confirmé la faisabilité du projet pour lequel Sonatrach avait procédé, en juillet dernier à Bruxelles, au lancement de la campagne de promotion.