Au moment où la Banque Mondiale publie le rapport sur le développement dans le monde sur le thème " L'agriculture pour le développement " , l'initiative internationale Internatio(nal Assessment of Agricultural Science and Technology for Development, IAASTD, en français " évaluation internationale des sciences et technologies agricoles au service du développement ", met en exergue la multifonctionnalité et la diversité des agricultures et propose une expertise collective sur les agricultures du monde et sur les stratégies à l'œuvre face aux enjeux globaux. C'est dans cette perspective que l'idée de l'Observatoire des agricultures du monde s'est faite jour. La finalité de cet observatoire est de constituer un espace, d'une part, de production et d'accumulation de connaissances originales, et, d'autre part, d'échanges, de réflexion et de débats sur la contribution des agricultures (dans leur diversité géographique et sociale) au développement durable. La capacité de contribuer à la mesure de la performance des différentes formes d'organisation de la production agricole et alimentaire en est une condition nécessaire. Le choix d'impliquer les organisations représentant les agriculteurs dans le processus même de production de connaissances est également une option, nécessaire à la qualité du travail qui sera engagé. Pour vérifier la faisabilité de cet observatoire, il est proposé la tenue d'un atelier international réunissant des experts d'organisations paysannes et rurales, d'organisations professionnelles, de représentants de gouvernements et d'ONG ainsi que des chercheurs et des universitaires. Dans une démarche d'expertise collective, les participants à l'atelier s'attacheront à répondre aux questions politiques, théoriques, méthodologiques et opérationnelles que pose la mise en oeuvre d'un tel projet. Il faut dire que les agricultures du monde ont connu ces dernières décennies des évolutions inédites dans l'histoire. La mise en concurrence des systèmes productifs à l'échelle de la planète a entraîné des recompositions différenciées tant du point de vue des formes de production que des systèmes techniques. Ces recompositions vont se poursuivre. Dans les prochaines années, les agricultures devront contribuer au développement durable, en garantissant l'augmentation de la production des biens agricoles pour faire face à l'accroissement de la population, en améliorant le niveau de vie des populations rurales tout en gérant de manière durable les ressources dans un contexte de renchérissement des énergies (donc des transports et des intrants chimiques) et de changements climatiques. La manière dont se développent et se développeront les systèmes productifs agroalimentaires dans le contexte de mondialisation n'est et ne sera pas sans influence sur les équilibres globaux de la planète. Les différentes formes d'organisation de l'activité agricole et agroalimentaire impactent de manière différenciée la production des biens publics et ont des conséquences internationales d'intensités variables. Par exemple, quelles sont les conséquences des dynamiques agricoles actuelles sur la sécurité alimentaire, sur les bilans " carbone ", sur la disponibilité de la ressource en eau, sur les migrations ? Les systèmes productifs sont-ils équivalents de ce point de vue ? Ces questions renvoient aux relations entre agriculture et environnement, au niveau des systèmes de production et des territoires. De nombreux futurs semblent possibles et probablement cohabiteront selon les situations : développement d'une agriculture industrielle, développement de l'agriculture de proximité et le maintien d'une agriculture familiale multifonctionnelle.