Tenu sous le thème d'«un dialogue autour de l'énergie pour répondre aux défis environnementaux», le Forum mondial, dont les travaux ont été ouverts avant-hier dans la capitale italienne, Rome, s'est assigné un objectif primordial qui vise à ouvrir un débat profond sur les déséquilibres majeurs qui ébranlent la planète ces derniers mois.En effet, les participants au Forum, composés principalement de membres de gouvernement de pays producteurs et pays consommateurs de l'énergie ainsi que de représentants de firmes activant dans les secteurs de l'énergie et des carburants, ont dressé un véritable réquisitoire contre le développement des filières de biocarburants. A l'unanimité, le Forum, dès son ouverture, s'est transformé en une tribune pour les producteurs et consommateurs de pétrole qui ont de nouveau accusé les biocarburants d'aggraver la crise alimentaire mondiale. Le Premier ministre italien sortant, Romano Prodi, à cette occasion, n'est pas allé avec le dos de la cuillère avec les pays favorisant le développement de la culture des biocarburants en déclarant : «Il se dessine un conflit entre nourriture et carburant avec, pour conséquence, des conflits sociaux désastreux pour des bénéfices environnementaux douteux ». Pour ce dernier, qui s'exprimait devant la nombreuse assistance au Forum, «l'augmentation des prix, stimulée par la croissance de la demande (des produits alimentaires et agricoles), est aussi accentuée par le développement de la production de biocarburants». Les gains faciles et importants que génère la culture de biocarburants, en effet, incitent de plus en plus les agriculteurs dans de nombreux pays à s'éloigner de la culture de blé et autres produits céréaliers pour se consacrer exclusivement à la culture de plantes destinées à la production de carburants. En conséquence, ces nouvelles pratiques n'ont pas manqué de provoquer de fortes tensions et des crises alimentaires aiguës dans de nombreux pays. Le Forum, dont les travaux se sont déroulés hier, soit à leur dernier jour, au niveau ministériel, l'accent a été mis sur les démarches à mettre en place pour favoriser l'accès à l'énergie des pays en développement, mais aussi du rôle des sources d'énergie alternatives et du développement de nouvelles technologies, pour tendre vers des solutions durables. D'autant que les organisateurs du Forum soulignent combien «les incertitudes relatives aux réserves et aux demandes de pétrole et de gaz naturel imposent des défis importants en matière de production et de stratégies d'investissement». Les pays consommateurs, particulièrement ceux de l'Occident, ont plutôt mis l'accent sur la nécessité et l'urgence d'améliorer «la transparence du marché de l'énergie qui permettrait de soulager la pression sur le marché mondial de l'énergie et aiderait à mieux estimer les besoins énergétiques futurs, et faciliterait la définition des politiques énergétiques sur le long terme», tel que cela a été expliqué par le ministre français de l'Ecologie qui a pris part aux travaux du forum. Tout en marquant une distance des biocarburants, les organisateurs du Forum de Rome ont été convaincus d'une façon très claire que les énergies fossiles, malgré leur impact reconnu sur l'environnement, resteront «une partie majeure dans la combinaison énergétique pour plusieurs années à venir».