Les royalistes marcheront-ils ? La manifestation des partisans du roi Mohammed VI a toujours été jusqu'ici reportée. Mais les royalistes se sont déjà donné rendez-vous sur le Net. Un groupe baptisé "Mouvement du 9 mars", vient de se constituer pour s'opposer au "Mouvement du 20 février". A travers ces deux dates symboliques se joue en réalité le printemps marocain. Les royalistes marcheront-ils ? La manifestation des partisans du roi Mohammed VI a toujours été jusqu'ici reportée. Mais les royalistes se sont déjà donné rendez-vous sur le Net. Un groupe baptisé "Mouvement du 9 mars", vient de se constituer pour s'opposer au "Mouvement du 20 février". A travers ces deux dates symboliques se joue en réalité le printemps marocain. Le premier, le "Mouvement du 20 février" est né sur Facebook à l'initiative de jeunes, déterminés à obtenir plus de libertés. Le 20 février, les premières manifestations ont ainsi réuni plusieurs milliers de Marocains pour réclamer une monarchie parlementaire, la démission du gouvernement et du Parlement, et dénoncer la corruption. Le 9 mars, le souverain marocain, qui a succédé à son père, Hassan II, en 1999, a tenté de couper court à cette vague de contestation en prononçant un discours à la nation dans lequel il a promis une révision de la Constitution, un gouvernement issu des élections, non plus désigné, et a nommé pour ouvrir ce chantier une commission ad hoc. Présidée par Abdelatif Mennouni, cette commission a prévu de commencer ses auditions aujourd'hui, en recevant partis et syndicats jusqu'au 7 avril rapporte le quotidien Le Monde. Le discours du roi n'a cependant pas suffi à désamorcer la contestation puisque le 20 mars, des milliers de Marocains (20.000 à Casablanca, 10.000 à Tanger, plus de 6.000 à Rabat…) sont de nouveau descendus dans la rue. "On peut parler d'une victoire du 20 mars, il n'y a eu aucune vitrine cassée, aucune égratignure", se réjouit Karim Tazi, un chef d'entreprise prospère qui participe à toutes les manifestations depuis le début. Les gestes tardent Numéro un de la literie au Maroc, ancien président de la puissante fédération des industries du textile marocaines, cet industriel atypique, fils d'un communiste qui fit fortune en introduisant le plastique au Maroc, est l'un des rares patrons à soutenir le mouvement. "Et pourtant, jure-t-il, tout ce que je dis, je l'ai entendu dans les salons de la bourgeoisie casablancaise des milieux d'affaires, je n'invente rien". Pour lui, plus que la revendication démocratique, "c'est d'abord la sanction et le rejet d'une gouvernance", avec son cortège de corruption, qui nourrit le mouvement de contestation. Or, ajoute M. Tazi, à plusieurs reprises, les promesses de réforme ont été formulées dans le passé et sont restées sans suite. "Les gestes tardent", souligne-t-il, à commencer par la libération de tous les prisonniers politiques réclamés par les manifestants, dont celle du journaliste et défenseur des droits de l'Homme, Chekib El Khiari, condamné en 2009 à trois ans de prison et à une forte amende pour avoir dénoncé sur une chaîne de télévision l'implication de hauts responsables de l'Etat dans le trafic de drogue. Critique envers le pouvoir, le chef d'entreprise marocain, qui aspire à la "fin de la culture du Makhzen" (terme qui désigne les institutions du pouvoir, au Maroc), n'en demeure pas moins prudent sur l'avenir du mouvement : "au fur et à mesure qu'on s'éloignera de la protestation et qu'on rentrera dans les propositions, les dissensions vont augmenter, estime M. Tazi. Les jeunes, par euphorie et par ivresse ne l'ont pas encore compris". Pour l'heure, la mobilisation reste cependant forte. Surpris par cette ténacité, les partisans du roi ont riposté par la création du Mouvement du 9 mars. La prochaine étape sera la marche prévue hier dimanche, au risque de déboucher sur une confrontation. Le premier, le "Mouvement du 20 février" est né sur Facebook à l'initiative de jeunes, déterminés à obtenir plus de libertés. Le 20 février, les premières manifestations ont ainsi réuni plusieurs milliers de Marocains pour réclamer une monarchie parlementaire, la démission du gouvernement et du Parlement, et dénoncer la corruption. Le 9 mars, le souverain marocain, qui a succédé à son père, Hassan II, en 1999, a tenté de couper court à cette vague de contestation en prononçant un discours à la nation dans lequel il a promis une révision de la Constitution, un gouvernement issu des élections, non plus désigné, et a nommé pour ouvrir ce chantier une commission ad hoc. Présidée par Abdelatif Mennouni, cette commission a prévu de commencer ses auditions aujourd'hui, en recevant partis et syndicats jusqu'au 7 avril rapporte le quotidien Le Monde. Le discours du roi n'a cependant pas suffi à désamorcer la contestation puisque le 20 mars, des milliers de Marocains (20.000 à Casablanca, 10.000 à Tanger, plus de 6.000 à Rabat…) sont de nouveau descendus dans la rue. "On peut parler d'une victoire du 20 mars, il n'y a eu aucune vitrine cassée, aucune égratignure", se réjouit Karim Tazi, un chef d'entreprise prospère qui participe à toutes les manifestations depuis le début. Les gestes tardent Numéro un de la literie au Maroc, ancien président de la puissante fédération des industries du textile marocaines, cet industriel atypique, fils d'un communiste qui fit fortune en introduisant le plastique au Maroc, est l'un des rares patrons à soutenir le mouvement. "Et pourtant, jure-t-il, tout ce que je dis, je l'ai entendu dans les salons de la bourgeoisie casablancaise des milieux d'affaires, je n'invente rien". Pour lui, plus que la revendication démocratique, "c'est d'abord la sanction et le rejet d'une gouvernance", avec son cortège de corruption, qui nourrit le mouvement de contestation. Or, ajoute M. Tazi, à plusieurs reprises, les promesses de réforme ont été formulées dans le passé et sont restées sans suite. "Les gestes tardent", souligne-t-il, à commencer par la libération de tous les prisonniers politiques réclamés par les manifestants, dont celle du journaliste et défenseur des droits de l'Homme, Chekib El Khiari, condamné en 2009 à trois ans de prison et à une forte amende pour avoir dénoncé sur une chaîne de télévision l'implication de hauts responsables de l'Etat dans le trafic de drogue. Critique envers le pouvoir, le chef d'entreprise marocain, qui aspire à la "fin de la culture du Makhzen" (terme qui désigne les institutions du pouvoir, au Maroc), n'en demeure pas moins prudent sur l'avenir du mouvement : "au fur et à mesure qu'on s'éloignera de la protestation et qu'on rentrera dans les propositions, les dissensions vont augmenter, estime M. Tazi. Les jeunes, par euphorie et par ivresse ne l'ont pas encore compris". Pour l'heure, la mobilisation reste cependant forte. Surpris par cette ténacité, les partisans du roi ont riposté par la création du Mouvement du 9 mars. La prochaine étape sera la marche prévue hier dimanche, au risque de déboucher sur une confrontation.