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«L'Algérie doit opter pour le statu quo»
Abderrahmane Mebtoul à propos des placements algériens aux Etats-Unis :
Publié dans Le Midi Libre le 09 - 08 - 2011

Pour la première fois de l'histoire des Etats-Unis, la Standard & Poor's le 5 aout 2011 dégrade la dette souveraine américaine qui perd son triple AAA à AA. C'est que les thérapeutiques conjoncturelles européennes de juin/juillet et américaines du début août 2011 ne s'étant pas attaquées à l'essence du mal qui ronge le corps social mondial, il fallait s'attendre à comme je l'ai souligné dans plusieurs contributions nationales et internationales depuis août 2007, à des turbulences cycliques comme cela est le cas en ce mois d'août 2011 au niveau des bourses mondiales et cela risque de se prolonger avec des répits dans les mois et années à venir. Dans cet entretien accordé à Midi Libre, Abderrahmane Mebtoul professeur d'université et expert International revient sur cette situation inédite et explique que les Etats sont confrontés à un important déséquilibre budgétaire et qu' il n'est ni possible ni souhaitable que les dépenses se maintiennent à un niveau aussi élevé.
Pour la première fois de l'histoire des Etats-Unis, la Standard & Poor's le 5 aout 2011 dégrade la dette souveraine américaine qui perd son triple AAA à AA. C'est que les thérapeutiques conjoncturelles européennes de juin/juillet et américaines du début août 2011 ne s'étant pas attaquées à l'essence du mal qui ronge le corps social mondial, il fallait s'attendre à comme je l'ai souligné dans plusieurs contributions nationales et internationales depuis août 2007, à des turbulences cycliques comme cela est le cas en ce mois d'août 2011 au niveau des bourses mondiales et cela risque de se prolonger avec des répits dans les mois et années à venir. Dans cet entretien accordé à Midi Libre, Abderrahmane Mebtoul professeur d'université et expert International revient sur cette situation inédite et explique que les Etats sont confrontés à un important déséquilibre budgétaire et qu' il n'est ni possible ni souhaitable que les dépenses se maintiennent à un niveau aussi élevé.
Midi Libre : Faudrait-on s'inquiéter des placements de l'Algérie aux Etats-Unis, à l'ombre de la crise ?
A. B : L'Algérie ne risque rien car ces placements sont garantis par les Etats et déposés dans les banques centrales et elle a tout intérêt à les garder à terme. Il se pose la question de la dépréciation (des placements) sur les marchés libres en cas de revente avant terme. Pour l'Algérie, il s'agit d'analyser les rendements, de voir si les placements l'ont été à court terme ou à moyen terme. L'Algérie doit opter pour le statu quo en attendant au moins l'arrivée de ces placements à terme. D'ailleurs, les plus grands créanciers des Etats-Unis à savoir la Chine et le Japon n'ont pas décidé de retirer leurs placements.
Effectivement, il faut s'inquiéter de la dégradation de la note de la dette américaine mais il faut éviter la sinistrose car si la Standard & Poor's a dégradé la note américaine, après l'agence de notation chinoise (Dagong), elle n'a pas pour l'instant été suivie par des agences aussi importantes comme Fitch Rating et Moody's.
Je ne crois pas à la faillite de l'économie américaine, car la situation de défaut de paiement que les Etats-Unis ont évité de justesse est interne et non pas externe. En tant que premier investisseur mondial, les Etats-Unis sont en mesure de mobiliser des capitaux importants de par le monde. Par ailleurs, l'impact de la dégradation de la note de cette dette va peser sur les taux d'intérêt appliqués sur la dette américaine. La hausse prévisible des taux d'intérêts avec le risque d'un ralentissement des investissements porteurs à maturation lente, combinée avec la dépréciation du dollar entraînera une poussée inflationniste, aux Etats-Unis comme en Europe.
Pour l'Algérie qui importe 75% de ses besoins (entreprises et ménages selon les statistiques douanières) cela signifie également la hausse de la facture des importations. Il faudrait entamer un débat serein sur les options d'utilisation des réserves de change pour éviter des rumeurs dévastatrices nuisibles à l'Algérie.
Où réside le danger pour l'Algérie et le reste du monde ?
L'envolée de la dette publique occidentale explique les tensions budgétaires actuelles depuis fin 2010 tant aux USA qu'en Europe mais également en Chine c'est à dire au niveau des trois espaces économiques les plus puissants du monde. En effet, le PIB mondial est évalué selon les statistiques du FMI en 2010 à 61.963 milliards de dollars US et selon la FED américaine la dette publique US dépasse les 14. 294 milliards de dollars soit 97% du PIB pour une population estimée à 310 millions. Pour l'ensemble de la communauté économique européenne des 27, selon Eurostat la dette publique représente 80%, du PIB soit 12.885 milliards de dollars pour une population d'environ 500 millions. USA et Europe -12% de la population mondiale- concentrent 27.136 de milliards de dollars de dettes publiques soit 45% du PIB mondial.
Cela démontre une concentration excessive du PIB, près de 50%, pour une population ne dépassant pas 900 millions d'habitants alors que la planète approche 7 milliards d'habitants. Car pour la Chine, pourtant deuxième puissance économique mondiale depuis 2010, pour une population de 1,33 milliard d'habitants le PIB totalise seulement 5.745 milliards de dollars soit 9,5% du PIB mondial qui a placé une grande partie de ses réserves de change, environ 30% sur plus de 3.000 milliards de dollars de réserves de change, connait une explosion de sa dette publique et un retour à l'inflation, 5,4% au premier semestre 2011 selon les statistiques officielles chinoises. Selon les statistiques récentes de la Banque mondiale, inclus les dettes contractées par les provinces, les municipalités et les districts qui ont atteint l'an dernier 27 % du produit intérieur brut, 1.160 milliards d'euros résultat des mesures des effets de la crise mondiale d'octobre 2008 où en 2009 et 2010 ce qui fait grimper le total de la dette chinoise à plus de 80% de son PIB. Autant qu'il faille s'attendre à un retour à l'inflation mondiale en cas de la déconnection de la sphère réelle et financière, tant en Europe qu'aux USA, qu'en Chine.
En quoi consiste l'accord entre républicains et démocrates concernant la dette américaine ?
L'accord a prévu des réductions budgétaires en deux étapes dont la première tranche couvrirait environ 1.000 milliards de dollars sur 10 ans. L'accord mettrait ensuite sur pieds une commission spécial bipartite du Congrès (républicains et démocrates) avant fin novembre 2011, de faire des recommandations pour tailler dans les dépenses publiques fédérales à hauteur de 1.500 milliards de dollars également sur 10 ans. Cette deuxième étape contiendrait des réductions dans nombre de secteurs de l'Etat fédéral, y compris dans certains programmes sociaux.
Dans cet accord, le président Barack Obama s'est engagé à ne pas accroître les impôts, l'accord prévoyant une baisse de 350 milliards de dollars sur 10 ans, ce qui posera le problème du financement des plans sociaux. Cette mesure transitoire permettra au Trésor américain de tenir jusqu'en 2013, soit après les élections de novembre 2012. Bien qu'à court terme l'accord protège la Social Security (assurance sociale pour la retraite et les handicapés), les bénéficiaires du Medicare (assurance santé pour les personnes âgées), et les dispositifs sociaux pour les personnes ayant des revenus modestes. Aussi, s'il ne fallait pas avoir une vision de sinistrose car un non accord aurait conduit au risque de l'implosion de toute l'économie mondiale, ce qui ne n'empêche pas de tirer les leçons urgentes pour l'avenir d'une refonte du système monétaire international issu des accords de Breeton Woods de 1945 totalement inadaptés aux nouvelles réalités mondiales.
Quelles sont les principales étapes de la genèse de cette
crise ?
L'émergence d'une économie et d'une société mondialisées et la fin de la guerre froide depuis la désintégration de l'empire soviétique, remettent en cause la capacité des Etats-Nations à faire face à ces bouleversements. Les gouvernements à travers les Etats-Nations et la crise actuelle en sont la démonstration, ils sont désormais dans l'impossibilité de remplir leurs missions du fait de la complexification des sociétés modernes, de l'apparition de sous-systèmes fragmentés, de l'incertitude liée à l'avenir et de la crise de la représentation politique, d'où l'exigence de s'intégrer davantage dans un ensemble plus vaste pour pouvoir répondre aux nouvelles préoccupations planétaires. Cette régulation mondiale est rendue d'autant plus urgente avec cette financiarisation accrue car il s'échange chaque jour 4.000 milliards de dollars de devises sur les marchés des changes, trois fois plus qu'il y a une décennie, selon l'enquête triennale publiée fin août 2010 par la Banque des règlements internationaux. Les acteurs non bancaires font désormais la moitié des transactions, la City renforçant sa prééminence, avec 37 % des échanges de monnaies et 46 % des transactions sur les dérivés de taux d'intérêt. Paris avec 3 % du négoce de devises et 7 % sur les dérivés (troisième rang derrière Londres et New York).
Nous assistons à l'entrée du dollar australien, le won coréen, la lire turque, la roupie indienne, ces monnaies qui progressent au détriment du billet vert et l'introduction du yuan chinois sur ce marché dans un proche avenir devraient entraîner de profonds bouleversements. En l'absence d'institutions internationales réformées tenant compte des nouvelles mutations mondiales et notamment des pays émergents, capables de prendre le relais de la souveraineté étatique défaillante, le risque est que le seul régulateur social demeurent les forces du marché à l'origine d'ailleurs de la crise mondiale actuelle.
Aussi s'agit-il de prendre au sérieux ces turbulences en prenant des décisions d'ordre structurel au risque d'un krach mondial pire que celui de 1929. Il est évident que l'Algérie exportant 98% d'hydrocarbures libellés en dollars, important 75% des besoins des entreprises et des ménages dont 60% en euros, ayant placé 80% de ses réserves de change, environ 125 milliards de dollars en bons de Trésor américains, dans les banques centrales européennes et autres parties du monde, certes garantis par les Etats mais avec des rendements très faibles pour ne pas dire nuls.
Que préconisent les experts en matière de solution ?
Les thérapeutiques sur les perspectives de sortie de la crise sont contradictoires entre les partisans de l'orthodoxie monétaire et les partisans de la relance par le déficit budgétaire.
Ainsi, la grande majorité des économistes s'accorde aujourd'hui sur la nécessité d'asseoir la macroéconomie sur des fondements microéconomiques. La situation actuelle est insupportable et dangereuse et conduira au chaos si l'on n'entreprend pas de réformes profondes. Si les Etats-Unis ne mettent pas de l'ordre dans leur budget et ne font pas davantage d'économies, ils vont au-devant de problèmes douloureux avec pour risque d'accentuer la récession mondiale, le dollar représentant en 2011 60% des transactions mondiales contre 27% pour l'euro. Pour l'Europe, des pays comme la Grèce, l'Italie, le Portugal et l'Espagne seront tôt ou tard menacés d'insolvabilité et l'Union européenne redoutera tôt ou tard que ces pays ne sombrent dans un chaos semblable à celui de l'Argentine en 2002 et de l'Islande en 2008.
Ces chocs vont bouleverser une nouvelle fois l'économie mondiale. Un rééquilibrage salarial est souhaitable au profit des pays émergents, si les populations les pays du G7 continuent à vivre au dessus de leurs moyens cela entraînerait un processus inflationniste mondial incontrôlée avec d'importantes tensions sociales du fait de la concentration de la richesse au profit d'une minorité rentière alors que l'urgence de l'heure est un sacrifice partagé.
Synthèse
Midi Libre : Faudrait-on s'inquiéter des placements de l'Algérie aux Etats-Unis, à l'ombre de la crise ?
A. B : L'Algérie ne risque rien car ces placements sont garantis par les Etats et déposés dans les banques centrales et elle a tout intérêt à les garder à terme. Il se pose la question de la dépréciation (des placements) sur les marchés libres en cas de revente avant terme. Pour l'Algérie, il s'agit d'analyser les rendements, de voir si les placements l'ont été à court terme ou à moyen terme. L'Algérie doit opter pour le statu quo en attendant au moins l'arrivée de ces placements à terme. D'ailleurs, les plus grands créanciers des Etats-Unis à savoir la Chine et le Japon n'ont pas décidé de retirer leurs placements.
Effectivement, il faut s'inquiéter de la dégradation de la note de la dette américaine mais il faut éviter la sinistrose car si la Standard & Poor's a dégradé la note américaine, après l'agence de notation chinoise (Dagong), elle n'a pas pour l'instant été suivie par des agences aussi importantes comme Fitch Rating et Moody's.
Je ne crois pas à la faillite de l'économie américaine, car la situation de défaut de paiement que les Etats-Unis ont évité de justesse est interne et non pas externe. En tant que premier investisseur mondial, les Etats-Unis sont en mesure de mobiliser des capitaux importants de par le monde. Par ailleurs, l'impact de la dégradation de la note de cette dette va peser sur les taux d'intérêt appliqués sur la dette américaine. La hausse prévisible des taux d'intérêts avec le risque d'un ralentissement des investissements porteurs à maturation lente, combinée avec la dépréciation du dollar entraînera une poussée inflationniste, aux Etats-Unis comme en Europe.
Pour l'Algérie qui importe 75% de ses besoins (entreprises et ménages selon les statistiques douanières) cela signifie également la hausse de la facture des importations. Il faudrait entamer un débat serein sur les options d'utilisation des réserves de change pour éviter des rumeurs dévastatrices nuisibles à l'Algérie.
Où réside le danger pour l'Algérie et le reste du monde ?
L'envolée de la dette publique occidentale explique les tensions budgétaires actuelles depuis fin 2010 tant aux USA qu'en Europe mais également en Chine c'est à dire au niveau des trois espaces économiques les plus puissants du monde. En effet, le PIB mondial est évalué selon les statistiques du FMI en 2010 à 61.963 milliards de dollars US et selon la FED américaine la dette publique US dépasse les 14. 294 milliards de dollars soit 97% du PIB pour une population estimée à 310 millions. Pour l'ensemble de la communauté économique européenne des 27, selon Eurostat la dette publique représente 80%, du PIB soit 12.885 milliards de dollars pour une population d'environ 500 millions. USA et Europe -12% de la population mondiale- concentrent 27.136 de milliards de dollars de dettes publiques soit 45% du PIB mondial.
Cela démontre une concentration excessive du PIB, près de 50%, pour une population ne dépassant pas 900 millions d'habitants alors que la planète approche 7 milliards d'habitants. Car pour la Chine, pourtant deuxième puissance économique mondiale depuis 2010, pour une population de 1,33 milliard d'habitants le PIB totalise seulement 5.745 milliards de dollars soit 9,5% du PIB mondial qui a placé une grande partie de ses réserves de change, environ 30% sur plus de 3.000 milliards de dollars de réserves de change, connait une explosion de sa dette publique et un retour à l'inflation, 5,4% au premier semestre 2011 selon les statistiques officielles chinoises. Selon les statistiques récentes de la Banque mondiale, inclus les dettes contractées par les provinces, les municipalités et les districts qui ont atteint l'an dernier 27 % du produit intérieur brut, 1.160 milliards d'euros résultat des mesures des effets de la crise mondiale d'octobre 2008 où en 2009 et 2010 ce qui fait grimper le total de la dette chinoise à plus de 80% de son PIB. Autant qu'il faille s'attendre à un retour à l'inflation mondiale en cas de la déconnection de la sphère réelle et financière, tant en Europe qu'aux USA, qu'en Chine.
En quoi consiste l'accord entre républicains et démocrates concernant la dette américaine ?
L'accord a prévu des réductions budgétaires en deux étapes dont la première tranche couvrirait environ 1.000 milliards de dollars sur 10 ans. L'accord mettrait ensuite sur pieds une commission spécial bipartite du Congrès (républicains et démocrates) avant fin novembre 2011, de faire des recommandations pour tailler dans les dépenses publiques fédérales à hauteur de 1.500 milliards de dollars également sur 10 ans. Cette deuxième étape contiendrait des réductions dans nombre de secteurs de l'Etat fédéral, y compris dans certains programmes sociaux.
Dans cet accord, le président Barack Obama s'est engagé à ne pas accroître les impôts, l'accord prévoyant une baisse de 350 milliards de dollars sur 10 ans, ce qui posera le problème du financement des plans sociaux. Cette mesure transitoire permettra au Trésor américain de tenir jusqu'en 2013, soit après les élections de novembre 2012. Bien qu'à court terme l'accord protège la Social Security (assurance sociale pour la retraite et les handicapés), les bénéficiaires du Medicare (assurance santé pour les personnes âgées), et les dispositifs sociaux pour les personnes ayant des revenus modestes. Aussi, s'il ne fallait pas avoir une vision de sinistrose car un non accord aurait conduit au risque de l'implosion de toute l'économie mondiale, ce qui ne n'empêche pas de tirer les leçons urgentes pour l'avenir d'une refonte du système monétaire international issu des accords de Breeton Woods de 1945 totalement inadaptés aux nouvelles réalités mondiales.
Quelles sont les principales étapes de la genèse de cette
crise ?
L'émergence d'une économie et d'une société mondialisées et la fin de la guerre froide depuis la désintégration de l'empire soviétique, remettent en cause la capacité des Etats-Nations à faire face à ces bouleversements. Les gouvernements à travers les Etats-Nations et la crise actuelle en sont la démonstration, ils sont désormais dans l'impossibilité de remplir leurs missions du fait de la complexification des sociétés modernes, de l'apparition de sous-systèmes fragmentés, de l'incertitude liée à l'avenir et de la crise de la représentation politique, d'où l'exigence de s'intégrer davantage dans un ensemble plus vaste pour pouvoir répondre aux nouvelles préoccupations planétaires. Cette régulation mondiale est rendue d'autant plus urgente avec cette financiarisation accrue car il s'échange chaque jour 4.000 milliards de dollars de devises sur les marchés des changes, trois fois plus qu'il y a une décennie, selon l'enquête triennale publiée fin août 2010 par la Banque des règlements internationaux. Les acteurs non bancaires font désormais la moitié des transactions, la City renforçant sa prééminence, avec 37 % des échanges de monnaies et 46 % des transactions sur les dérivés de taux d'intérêt. Paris avec 3 % du négoce de devises et 7 % sur les dérivés (troisième rang derrière Londres et New York).
Nous assistons à l'entrée du dollar australien, le won coréen, la lire turque, la roupie indienne, ces monnaies qui progressent au détriment du billet vert et l'introduction du yuan chinois sur ce marché dans un proche avenir devraient entraîner de profonds bouleversements. En l'absence d'institutions internationales réformées tenant compte des nouvelles mutations mondiales et notamment des pays émergents, capables de prendre le relais de la souveraineté étatique défaillante, le risque est que le seul régulateur social demeurent les forces du marché à l'origine d'ailleurs de la crise mondiale actuelle.
Aussi s'agit-il de prendre au sérieux ces turbulences en prenant des décisions d'ordre structurel au risque d'un krach mondial pire que celui de 1929. Il est évident que l'Algérie exportant 98% d'hydrocarbures libellés en dollars, important 75% des besoins des entreprises et des ménages dont 60% en euros, ayant placé 80% de ses réserves de change, environ 125 milliards de dollars en bons de Trésor américains, dans les banques centrales européennes et autres parties du monde, certes garantis par les Etats mais avec des rendements très faibles pour ne pas dire nuls.
Que préconisent les experts en matière de solution ?
Les thérapeutiques sur les perspectives de sortie de la crise sont contradictoires entre les partisans de l'orthodoxie monétaire et les partisans de la relance par le déficit budgétaire.
Ainsi, la grande majorité des économistes s'accorde aujourd'hui sur la nécessité d'asseoir la macroéconomie sur des fondements microéconomiques. La situation actuelle est insupportable et dangereuse et conduira au chaos si l'on n'entreprend pas de réformes profondes. Si les Etats-Unis ne mettent pas de l'ordre dans leur budget et ne font pas davantage d'économies, ils vont au-devant de problèmes douloureux avec pour risque d'accentuer la récession mondiale, le dollar représentant en 2011 60% des transactions mondiales contre 27% pour l'euro. Pour l'Europe, des pays comme la Grèce, l'Italie, le Portugal et l'Espagne seront tôt ou tard menacés d'insolvabilité et l'Union européenne redoutera tôt ou tard que ces pays ne sombrent dans un chaos semblable à celui de l'Argentine en 2002 et de l'Islande en 2008.
Ces chocs vont bouleverser une nouvelle fois l'économie mondiale. Un rééquilibrage salarial est souhaitable au profit des pays émergents, si les populations les pays du G7 continuent à vivre au dessus de leurs moyens cela entraînerait un processus inflationniste mondial incontrôlée avec d'importantes tensions sociales du fait de la concentration de la richesse au profit d'une minorité rentière alors que l'urgence de l'heure est un sacrifice partagé.
Synthèse


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