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Il frappe sa mère pour qu'elle le «comprenne»
Méfaits de la drogue
Publié dans Le Midi Libre le 16 - 08 - 2011

Autrefois, frapper sa mère ou son père était un acte inimaginable. Un crime suprême dont même les fous étaient incapables parce que leur folie ne les empêche pas de reconnaître leurs parents. Aujourd'hui, il ne se passe pas une seule journée sans qu'on entende que des fils frappent leurs parents. Souvent, sous l'emprise de la drogue ou de l'alcool.
Autrefois, frapper sa mère ou son père était un acte inimaginable. Un crime suprême dont même les fous étaient incapables parce que leur folie ne les empêche pas de reconnaître leurs parents. Aujourd'hui, il ne se passe pas une seule journée sans qu'on entende que des fils frappent leurs parents. Souvent, sous l'emprise de la drogue ou de l'alcool.
Nacer a 34 ans et vit uniquement avec sa vieille mère et une sœur, son aînée de trois ans.Nacer a un emploi stable qui aurait pu faire de lui un homme heureux mais depuis une dizaine d'années, il s'est mis à consommer de la drogue pour oublier ses soucis quotidiens, comme il disait au début. La consommation régulière de cette drogue lui avait fait oublier ses « soucis » effectivement mais sans pour autant les effacer. Et le plus grave c'est qu'à cause d'elle, il ne pouvait plus envisager d'avenir avec sérénité.
A cause de la drogue, il avait l'air d'avoir vingt ans de plus. Il était tout le temps pâle et son visage était labouré par des rides précoces. Ses dents étaient rongées par des nuits de fumées nuisibles. Lui qui était à vingt ans un vrai playboy dont toutes les filles rêvaient, il était devenu un être repoussant avec un regard constamment embué, brumeux et hagard. Il avait demandé la main de plusieurs filles mais aucune n'avait voulu de lui. Pas même celles qui voyaient à travers le mariage la plus grande des promotions sociales.
Un jour, en compagnie de sa mère et de Soraya, sa sœur qui avait une pette voiture, il se rendit chez une de ses tantes maternelles qui habitait un petit douar à une centaine de kilomètres d'Alger. Là, son regard vaporeux aperçut une jeune fille qui devait avoir entre vingt et vingt-cinq ans. Une jeune fille qu'il avait trouvé très à son goût et qui avait l'air de le regarder avec intérêt. Il profita de ce que sa mère soit occupée à discuter avec sa sœur pour chuchoter à Soraya :
- S'il te plait, essaie de te renseigner sur cette fille qui traverse toutes les dix minutes la cour pour regarder dans notre direction.
- Que je me renseigne sur elle ? Que veux-tu savoir ?
- Oh ! Soraya … ce sont des questions à poser ? Je veux savoir si elle est mariée, si elle est fiancée…Que veux-tu que je sache d'autre à son sujet ?
- Hum…Tu as raison, Nacer. Ce que je suis bête…
- Non, tu n'es pas bête, Soraya…Tu es intelligente mais tu passes ton temps à faire l'idiote, je ne sais pas pourquoi…
- D'accord… Je lui parlerai et je te ramènerai toutes les informations que tu veux.
Soraya à un moment qu'elle jugea opportun se leva et courut derrière la jeune fille qui venait de traverser la cour pour la énième fois.
Elle ne revint qu'au bout d'une heure environ et arborait un sourire des plus rayonnants.
Elle voulut rendre compte de sa mission à son frère mais celui-ci du bout des lèvres lui recommanda la discrétion. Comme ils s'étaient toujours compris à demi-mot, elle luit dit :
- Ah ! Nacer, puisque tu aimes tant le citron, il faut que je te montre les fruits d'un citronnier… Il est petit mais ses fruits sont énormes.
- On peut le planter au balcon ?
- Je ne sais pas…Attends d'abord de le voir.
Ils s'arrêtèrent au milieu de quelques arbres fruitiers se trouvant dans la cour de la maison et Nacer s'exclama :
- Où est le citronnier que tu voulais me montrer ?
- Bon, il est quelque part ici, le long de cette allée…Je te le montrerai tout à l'heure. Et puis, tu es parfois lent à la détente, Nacer. Ce n'est pas pou te montrer un citronnier que je t'ai fait venir mais pour te parler de cette jeune fille. Ne me dis pas que tu as déjà oublié ?
- Non…je n'ai pas oublié…Mais je me suis dit que ce citronnier devait être si particulier…
- Ce qui est particulier, c'est cette jeune fille, Nacer.
- Ah ! Tu as parlé avec elle ?
- Oui…Elle habite dans la maison d'à côté. Elle entre souvent chez notre tante pour lui donner un coup de main dans son ménage. J'ai même discuté avec sa mère…Une brave femme…Ah ! J'ai oublié de te dire : elle s'appelle Nacéra.
- Oh ! c'est un signe du destin, hein, Soraya ?
- Moi, je ne crois pas tellement au destin… mais elle, elle pense aussi que la ressemblance de vos prénoms est un signe du destin. Alors, les détails : elle a vingt ans, elle a raté son bac pour la seconde fois et elle ne veut pas le repasser. Elle est en train d'apprendre la couture qu'elle juge plus rentable que le métier d'enseignante dont elle avait toujours rêvé.
- Et tu lui as dit que je voudrais bien que… euh…qu'elle fasse partie de notre famille ?
- Oui, bien sûr…
- Et qu'est-ce qu'elle a dit ?
- Elle a dit qu'elle serait ravie de faire partie de notre famille. Et surtout d'habiter Alger…
- Soraya, il faut faire attention à ce que tu dis. C'est moi qui l'intéresse ou Alger ?
- Nacer… Quand une fille s'intéresse à quelqu'un il y a souvent plusieurs raisons. Je ne te cacherai pas qu'en discutant avec elle, j'ai compris que ce qui l'intéressait le plus c'était la perspective d'habiter à Alger. La capitale ! Parce que tu sais, pour les femmes de la campagne qui vivent au milieu des moutons, des vaches, de la terre et de la poussière, vivre à Alger est une grande aspiration. Un grand rêve !
- Oh ! c'est formidable ! Dis, je peux lui parler ?
- Non….
- Non ?
- Non, parce que d'abord, nous sommes venus voir notre tante qui est un peu malade.
Ensuite, je pense qu'avant de lui parler, tu devrais aller voir un dentiste et enlever toutes ces dents cariées et les remplacer par un dentier. Et puis, commencer par délaisser cette drogue qui t'empoisonne l'existence.
- Mais tout cela prendra du temps et une autre famille risque de prendre cette jeune fille. Et cette fille est unique. C'est la seule qui ait accepté de m'épouser.
- Oh ! Parle à voix basse…Si elle t'entend, elle va changer d'avis…
- Oui, c'est vrai. Que je suis idiot !
- Bon, maintenant, écoute, nous allons retourner auprès de maman, parce que le café vient d'être servi. Il est possible que cette fille traverse encore la cour au moment où nous la traverserons…
- Tu veux que je lui sourie ?
- Oui…mais s'il te plait, n'ouvre pas la bouche. Si elle voit tes dents rongées et noircies par la carie, elle risque aussi de changer d'avis !
Dès que Nacer eut perçu sa paie mensuelle, il se rendit chez le dentiste pourse faire arracher toutes les dents. Entretemps, Soraya parla de la jeune fille à sa mère et celle-ci lui répondit :
- Ce serait une bonne chose que ton frère se marie mais il faut d'abord qu'il cesse de s'adonner à la drogue. Je ne vais pas lui ramener une fille qu'il rendra ensuite malheureuse parce qu'il ne peut pas s'empêcher de fumer du poison pour lequel il dépense plus de la moitié de son salaire. Est-ce que tu sais que c'est toi qui nous fais vivre, Soraya ?
- Oui, maman, je le sais… Je sais aussi qu'il y a beaucoup de gens qui buvaient ou se droguaient mais une fois mariés ils se sont assagis et ont tout laissé tomber.
- Je le sais, Soraya… Je sais aussi qu'il y a des gens qui ne se sont pas éloignés du mauvais chemin bien qu'ils se soient mariés et retrouvés pères de famille. Non, ma fille, je ne peux pas courir le risque de briser la vie d'une jeune fille. Surtout d'une fille aussi jolie et aussi sensible que celle dont tu viens de me parler.
- Oh ! tu la connais mère ?
- Bien sûr que je la connais…je connais aussi sa mère. Un brave femme qui n'a pas eu une vie facile mais qui a su éduquer ses enfants… Moi, j'ai un seul fils et son père – Que Dieu ait pitié de son âme- et moi-même n'avons pas su l'éduquer comme il faut.
Ce jour-là, Nacer rentra ivre-mort. Il s'installa au salon et entreprit de rouler une cigarette fourrée avec de la drogue. Après avoir longuement aspiré le poison, il se dirigea vers sa mère que trouvant à la cuisine et lui dit :
- Maman, il est temps que tu ailles demander la main de Nacéra. La mère d'habitude calme s'emporta :
- Petit voyou ! Et tu veux peut-être qu'on y aille maintenant que la drogue t'a même fait oublier qui tu es ?
- Je sais qui je suis, mère. Et je sais ce que je veux. mais toi, tu n'arrives pas à me comprendre.
- Tu te marieras avec cette fille ou avec une autre, le jour où tu cesseras de t'adonner à la drogue et à l'alcool.
- Tu ne veux pas demander la main de Nacéra ?
- Non…Tant que tu ne te comportes pas comme un homme responsable !
Le jeune homme se rua sur sa mère la tira par les cheveux et lui donna plusieurs gifles :
- Pourquoi ne veux-tu pas me
comprendre ? Il faut que tu me comprennes ! Il faut que tu me comprennes !
Soraya arriva en courant, bouscula son frère et elle reçut sa part de coups. Nacer finit par se calmer. Il retourna au salon et alluma une autre cigarette.
Dès qu'elle fut en état de marcher, Soraya déposa plainte au poste de police.
Et il y a une semaine, la petite famille se retrouva au tribunal de Sidi-M'hamed.
Nacer demeura calme jusqu'au moment où sa mère a déclaré devant l'assistance que son fils ne pouvait pas se marier parce qu'il avait un comportement irresponsable et qu'il ne pouvait être ni mari ni père de famille. Alors, il éclata en sanglots.
Ensuite, il y eut un coup de théâtre lorsque la mère apprendra que son fils ne se contentait pas de consommer de la drogue, il en vendait aussi ! Un crime plus grave encore !
Verdict final : Nacer est condamné à 15 ans de prison ferme.
A la lecture du verdict, il fut pris d'une crise d'hystérie.
Non, Nacéra n'était pas à lui mais à quelqu'un d'autre …qui ne touchait pas à la drogue. Et la ressemblance de leurs deux prénoms alors ? Juste une facétie d'un destin… parfois cruel.
Nacer a 34 ans et vit uniquement avec sa vieille mère et une sœur, son aînée de trois ans.Nacer a un emploi stable qui aurait pu faire de lui un homme heureux mais depuis une dizaine d'années, il s'est mis à consommer de la drogue pour oublier ses soucis quotidiens, comme il disait au début. La consommation régulière de cette drogue lui avait fait oublier ses « soucis » effectivement mais sans pour autant les effacer. Et le plus grave c'est qu'à cause d'elle, il ne pouvait plus envisager d'avenir avec sérénité.
A cause de la drogue, il avait l'air d'avoir vingt ans de plus. Il était tout le temps pâle et son visage était labouré par des rides précoces. Ses dents étaient rongées par des nuits de fumées nuisibles. Lui qui était à vingt ans un vrai playboy dont toutes les filles rêvaient, il était devenu un être repoussant avec un regard constamment embué, brumeux et hagard. Il avait demandé la main de plusieurs filles mais aucune n'avait voulu de lui. Pas même celles qui voyaient à travers le mariage la plus grande des promotions sociales.
Un jour, en compagnie de sa mère et de Soraya, sa sœur qui avait une pette voiture, il se rendit chez une de ses tantes maternelles qui habitait un petit douar à une centaine de kilomètres d'Alger. Là, son regard vaporeux aperçut une jeune fille qui devait avoir entre vingt et vingt-cinq ans. Une jeune fille qu'il avait trouvé très à son goût et qui avait l'air de le regarder avec intérêt. Il profita de ce que sa mère soit occupée à discuter avec sa sœur pour chuchoter à Soraya :
- S'il te plait, essaie de te renseigner sur cette fille qui traverse toutes les dix minutes la cour pour regarder dans notre direction.
- Que je me renseigne sur elle ? Que veux-tu savoir ?
- Oh ! Soraya … ce sont des questions à poser ? Je veux savoir si elle est mariée, si elle est fiancée…Que veux-tu que je sache d'autre à son sujet ?
- Hum…Tu as raison, Nacer. Ce que je suis bête…
- Non, tu n'es pas bête, Soraya…Tu es intelligente mais tu passes ton temps à faire l'idiote, je ne sais pas pourquoi…
- D'accord… Je lui parlerai et je te ramènerai toutes les informations que tu veux.
Soraya à un moment qu'elle jugea opportun se leva et courut derrière la jeune fille qui venait de traverser la cour pour la énième fois.
Elle ne revint qu'au bout d'une heure environ et arborait un sourire des plus rayonnants.
Elle voulut rendre compte de sa mission à son frère mais celui-ci du bout des lèvres lui recommanda la discrétion. Comme ils s'étaient toujours compris à demi-mot, elle luit dit :
- Ah ! Nacer, puisque tu aimes tant le citron, il faut que je te montre les fruits d'un citronnier… Il est petit mais ses fruits sont énormes.
- On peut le planter au balcon ?
- Je ne sais pas…Attends d'abord de le voir.
Ils s'arrêtèrent au milieu de quelques arbres fruitiers se trouvant dans la cour de la maison et Nacer s'exclama :
- Où est le citronnier que tu voulais me montrer ?
- Bon, il est quelque part ici, le long de cette allée…Je te le montrerai tout à l'heure. Et puis, tu es parfois lent à la détente, Nacer. Ce n'est pas pou te montrer un citronnier que je t'ai fait venir mais pour te parler de cette jeune fille. Ne me dis pas que tu as déjà oublié ?
- Non…je n'ai pas oublié…Mais je me suis dit que ce citronnier devait être si particulier…
- Ce qui est particulier, c'est cette jeune fille, Nacer.
- Ah ! Tu as parlé avec elle ?
- Oui…Elle habite dans la maison d'à côté. Elle entre souvent chez notre tante pour lui donner un coup de main dans son ménage. J'ai même discuté avec sa mère…Une brave femme…Ah ! J'ai oublié de te dire : elle s'appelle Nacéra.
- Oh ! c'est un signe du destin, hein, Soraya ?
- Moi, je ne crois pas tellement au destin… mais elle, elle pense aussi que la ressemblance de vos prénoms est un signe du destin. Alors, les détails : elle a vingt ans, elle a raté son bac pour la seconde fois et elle ne veut pas le repasser. Elle est en train d'apprendre la couture qu'elle juge plus rentable que le métier d'enseignante dont elle avait toujours rêvé.
- Et tu lui as dit que je voudrais bien que… euh…qu'elle fasse partie de notre famille ?
- Oui, bien sûr…
- Et qu'est-ce qu'elle a dit ?
- Elle a dit qu'elle serait ravie de faire partie de notre famille. Et surtout d'habiter Alger…
- Soraya, il faut faire attention à ce que tu dis. C'est moi qui l'intéresse ou Alger ?
- Nacer… Quand une fille s'intéresse à quelqu'un il y a souvent plusieurs raisons. Je ne te cacherai pas qu'en discutant avec elle, j'ai compris que ce qui l'intéressait le plus c'était la perspective d'habiter à Alger. La capitale ! Parce que tu sais, pour les femmes de la campagne qui vivent au milieu des moutons, des vaches, de la terre et de la poussière, vivre à Alger est une grande aspiration. Un grand rêve !
- Oh ! c'est formidable ! Dis, je peux lui parler ?
- Non….
- Non ?
- Non, parce que d'abord, nous sommes venus voir notre tante qui est un peu malade.
Ensuite, je pense qu'avant de lui parler, tu devrais aller voir un dentiste et enlever toutes ces dents cariées et les remplacer par un dentier. Et puis, commencer par délaisser cette drogue qui t'empoisonne l'existence.
- Mais tout cela prendra du temps et une autre famille risque de prendre cette jeune fille. Et cette fille est unique. C'est la seule qui ait accepté de m'épouser.
- Oh ! Parle à voix basse…Si elle t'entend, elle va changer d'avis…
- Oui, c'est vrai. Que je suis idiot !
- Bon, maintenant, écoute, nous allons retourner auprès de maman, parce que le café vient d'être servi. Il est possible que cette fille traverse encore la cour au moment où nous la traverserons…
- Tu veux que je lui sourie ?
- Oui…mais s'il te plait, n'ouvre pas la bouche. Si elle voit tes dents rongées et noircies par la carie, elle risque aussi de changer d'avis !
Dès que Nacer eut perçu sa paie mensuelle, il se rendit chez le dentiste pourse faire arracher toutes les dents. Entretemps, Soraya parla de la jeune fille à sa mère et celle-ci lui répondit :
- Ce serait une bonne chose que ton frère se marie mais il faut d'abord qu'il cesse de s'adonner à la drogue. Je ne vais pas lui ramener une fille qu'il rendra ensuite malheureuse parce qu'il ne peut pas s'empêcher de fumer du poison pour lequel il dépense plus de la moitié de son salaire. Est-ce que tu sais que c'est toi qui nous fais vivre, Soraya ?
- Oui, maman, je le sais… Je sais aussi qu'il y a beaucoup de gens qui buvaient ou se droguaient mais une fois mariés ils se sont assagis et ont tout laissé tomber.
- Je le sais, Soraya… Je sais aussi qu'il y a des gens qui ne se sont pas éloignés du mauvais chemin bien qu'ils se soient mariés et retrouvés pères de famille. Non, ma fille, je ne peux pas courir le risque de briser la vie d'une jeune fille. Surtout d'une fille aussi jolie et aussi sensible que celle dont tu viens de me parler.
- Oh ! tu la connais mère ?
- Bien sûr que je la connais…je connais aussi sa mère. Un brave femme qui n'a pas eu une vie facile mais qui a su éduquer ses enfants… Moi, j'ai un seul fils et son père – Que Dieu ait pitié de son âme- et moi-même n'avons pas su l'éduquer comme il faut.
Ce jour-là, Nacer rentra ivre-mort. Il s'installa au salon et entreprit de rouler une cigarette fourrée avec de la drogue. Après avoir longuement aspiré le poison, il se dirigea vers sa mère que trouvant à la cuisine et lui dit :
- Maman, il est temps que tu ailles demander la main de Nacéra. La mère d'habitude calme s'emporta :
- Petit voyou ! Et tu veux peut-être qu'on y aille maintenant que la drogue t'a même fait oublier qui tu es ?
- Je sais qui je suis, mère. Et je sais ce que je veux. mais toi, tu n'arrives pas à me comprendre.
- Tu te marieras avec cette fille ou avec une autre, le jour où tu cesseras de t'adonner à la drogue et à l'alcool.
- Tu ne veux pas demander la main de Nacéra ?
- Non…Tant que tu ne te comportes pas comme un homme responsable !
Le jeune homme se rua sur sa mère la tira par les cheveux et lui donna plusieurs gifles :
- Pourquoi ne veux-tu pas me
comprendre ? Il faut que tu me comprennes ! Il faut que tu me comprennes !
Soraya arriva en courant, bouscula son frère et elle reçut sa part de coups. Nacer finit par se calmer. Il retourna au salon et alluma une autre cigarette.
Dès qu'elle fut en état de marcher, Soraya déposa plainte au poste de police.
Et il y a une semaine, la petite famille se retrouva au tribunal de Sidi-M'hamed.
Nacer demeura calme jusqu'au moment où sa mère a déclaré devant l'assistance que son fils ne pouvait pas se marier parce qu'il avait un comportement irresponsable et qu'il ne pouvait être ni mari ni père de famille. Alors, il éclata en sanglots.
Ensuite, il y eut un coup de théâtre lorsque la mère apprendra que son fils ne se contentait pas de consommer de la drogue, il en vendait aussi ! Un crime plus grave encore !
Verdict final : Nacer est condamné à 15 ans de prison ferme.
A la lecture du verdict, il fut pris d'une crise d'hystérie.
Non, Nacéra n'était pas à lui mais à quelqu'un d'autre …qui ne touchait pas à la drogue. Et la ressemblance de leurs deux prénoms alors ? Juste une facétie d'un destin… parfois cruel.


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