Le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-il, avait été érigé en demi-dieu dans son pays par un culte de la personnalité propre aux régimes autocratiques ; à l'étranger, il était généralement perçu comme un dirigeant fantasque et d'autant plus dangereux que Pyongyang possède la bombe atomique. Parvenu au pouvoir en 1994 à la mort de son père Kim Il-sung, fondateur de la République populaire et démocratique de Corée au sortir de la Seconde Guerre mondiale, Kim Jong-il est décédé samedi d'une attaque cardiaque lors d'un voyage en train à l'âge de 69 ans. Vêtue de noir, une présentatrice de la télévision d'Etat nord-coréenne a affirmé, en pleurs, qu'il était mort de surmenage alors qu'il était parti prêcher la bonne parole auprès de ses compatriotes. Durant ses 17 années au pouvoir, la Corée du Nord a pourtant sombré dans la pauvreté et la famine pendant que le régime développait un programme d'armement nucléaire et se dotait de missiles destinés à menacer la Corée du Sud et le Japon. Dans la famille des tyrans sanguinaires, voici l'artiste. De tous les dictateurs qui ont franchi le cap du XXIe siècle, Kim Jong-il restera le grand maniaque de l'esthétique. Ce passionné de cinéma se rêvait en metteur en scène perfectionniste de la révolution pour mieux perpétuer l'emprise totalitaire léguée par son père Kim Il-sung. Le bureau du dictateur est bardé d'écrans. Son jardin secret : une cinémathèque de trois étages recelant 15.000 copies, dont les plus grands chefs-d'oeuvre hollywoodiens. Cet épisode montre la face cachée de l'autocrate, mais politiquement très habile. L'esprit révolutionnaire Appelé "le Cher Dirigeant" dans son pays, Kim Jong-il demeure l'un des chefs d'Etat les plus énigmatiques sur la scène internationale. Il s'exprimait rarement en public et ne voyageait quasiment jamais à l'étranger. D'après sa biographie officielle, Kim est né le 16 février 1942 dans l'épaisse forêt qui recouvre le mont sacré Paekdu, dans un camp situé près de la frontière chinoise, pendant que la guérilla coréenne combattait les Japonais. D'après la propagande, il manifeste un esprit révolutionnaire dès l'école primaire en prenant la tête de marches en direction des champs de bataille contre l'occupant japonais. Le temps de parvenir au collège, il est devenu un ouvrier exemplaire capable de réparer des camions et des moteurs électriques. Il se rend ensuite à l'université Kim Il-Sung où il étudie les grands penseurs marxistes ainsi que les théories révolutionnaires de son père La dynastie communiste Tandis que son père est installé au pouvoir par les Soviétiques, Kim Jong-il passe certainement ses jeunes années en Chine afin d'y recevoir une éducation et d'éviter les dangers de la guerre de Corée (1950-1953). Il adhère au Parti des travailleurs de Corée en 1964 et gravit rapidement les échelons. En 1973, il est déjà responsable de l'organisation et de la propagande du parti et l'année suivante, son père le désigne comme son dauphin. Kim Jong-il étend progressivement son influence dans le parti et, en 1980, il intègre le Politburo et la commission militaire. Kim Jong-il disposait d'une quantité de titres en Corée du Nord, mais pas celui de président. Parvenu au pouvoir, il a attribué à titre posthume à son père le titre de président éternel. Lui s'est contenté de présider la Commission de défense nationale, le véritable cœur du pouvoir en Corée du Nord, avec le grade de commandant suprême de l'Armée populaire de Corée. Un play boy bizarre Ses chaussures à semelles compensées, son goût prononcé pour le cognac ainsi que les yachts de milliardaires ont fait le tour du monde. Ce bon vivant n'hésitait pas à recruter à Naples son pizzaïolo privé pendant que la famine tenaillait six millions de ses sujets. Son chef japonais, Kenji Fujimoto, se souvient encore du plaisir jouissif du dictateur à croquer des sashimis si frais qu'ils frétillaient encore. Sans oublier les parties fines avec des danseuses sélectionnées dès le plus jeune âge. Une réalité aux antipodes du culte de la personnalité imposé aux 24 millions de Nord-Coréens dès l'enfance, qui a sculpté l'image du "Bien-Aimé Dirigeant", toujours vivante en dépit des privations et imposer un écart symbolique de 30 ans, une génération, entre le "président" éternel et son fils pour mieux légitimer la succession dynastique. Selon des personnes l'ayant côtoyé avant de fuir le pays, Kim aimait assister à des spectacles privés de danseuses russes, il s'était constitué une cave impressionnante de 10.000 bouteilles et il ingurgitait une quantité impressionnante de homards et de cognac. Les médias officiels nord-coréens dressent un portrait bien différent. Selon eux, Kim Jong-il était pilote de chasse, alors même qu'il empruntait systématiquement des moyens de transport terrestres pour ses rares voyages à l'étranger. Le "Cher Dirigeant" aurait aussi composé plusieurs opéras, produit des films et accompli la prouesse sportive inégalée de réussir onze trous en un pour son premier parcours de golf. Lorsqu'il succède à son père en 1994, les spécialistes du régime nord-coréen doutent alors de sa capacité à se maintenir à la tête du pays en raison de la puissance acquise par les chefs militaires. L'économie, déjà anémique, tombe en lambeaux en raison de la fin de la Guerre froide et de la disparition des traditionnels partenaires commerciaux. De mauvaises récoltes et des inondations provoquent une famine responsable de la mort d'un million de personnes dans les années 90. Pourtant, Kim affirme son pouvoir. Il se permet même de mettre en œuvre des réformes destinées à instaurer une dose infime de libéralisme dans une économie entièrement planifiée. Tel père tel fils Mais, en août 2008, une attaque cérébrale manque d'emporter le "Soleil du XXIe siècle", et le force à préparer sa succession. Il choisit son troisième fils, Jong-un, pour son caractère affirmé. Pour asseoir la légitimité de son rejeton, le "cher leader" affaibli engage à partir de 2009 un nouveau bras de fer atomique avec la communauté internationale. Comme dans un bon vieux remake hollywoodien. Kim Jong-un est tout le portrait de son grand-père Kim Il-sung lorsqu'il avait son âge (la trentaine). Même corpulence, même coupe de cheveux, même costume Mao. Une ressemblance cultivée afin de rassurer la population, avancent des experts à Séoul. Troisième fils de Kim Jong-il, né de son union avec une danseuse de la troupe Mansudae, Ko Young-hee, décédée en 2004, Kim Jong-un est peu connu. Selon les médias officiels, il serait diplômé de l'université militaire Kim-Il-sung et parlerait plusieurs langues étrangères. Il aurait été étudiant en Suisse. Sa date de naissance est inconnue. Quelques semaines avant la mort de son père, Kim Jong-un était présenté à Pyongyang comme son successeur. Il avait été promu général quatre étoiles et désigné vice-président de la Commission centrale de défense du Parti du travail. Il a rencontré à plusieurs reprises des dirigeants étrangers. Il aurait le soutien de Pékin. Une chanson La Trace , dans laquelle il est mentionné comme le commandant, et des plaques marquant son passage en certains lieux (usines, unités militaires, écoles) visités en compagnie de son père témoignent de la volonté du régime de lui vouer un culte à la même enseigne que son père et son grand-père. Le grand successeur Celui qui va prendre les rênes de la Corée du Nord suivra probablement la même ligne que son père parce que les chiens ne font pas des chats Le dictateur est mort, vive le dictateur. On ne connait pas grand chose sur Kim Jong-un. Même sa date de naissance officielle, le 8 janvier 1984, est contestée. Fils cadet de Kim Jong-il, il aurait gagné les faveurs de son père à mesure que l'ainé, Kim Jong Nam, tombait en disgrâce, notamment suite à un voyage au Japon, en 2001. Dépourvu d'expérience, Kim Jong-un a été bombardé en septembre 2010 à des postes de responsabilités politiques et militaires, devenant officiellement l'équivalent d'un général quatre étoiles. Son nom figure en tête de la liste des personnalités composant la commission d'organisation des funérailles de son père, ce qui semble signifier qu'il la présidera. La soeur de Kim Jong-il et son mari ont aussi été promus en 2010, ce qui pourrait être le signe de la constitution d'un triumvirat familial permettant à cette dynastie de poursuivre un règne entamé dès la création du pays au sortir de la Seconde Guerre mondiale. A la mort du père fondateur du régime, Kim Il-sung, en 1994, son fils, Kim Jong-il, a continué dans la droite lignée. Sauf surprise, la 3e génération devrait maintenir le cap. Les experts de la Corée du Nord considèrent que Kim Jong-un, qui a notamment étudié en Suisse sous un pseudonyme, a l'intelligence et la fermeté nécessaires à la conduite du régime, même si son âge et le faible délai qui lui a été laissé pour se préparer à la succession de son père constituent des handicaps. Le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-il, avait été érigé en demi-dieu dans son pays par un culte de la personnalité propre aux régimes autocratiques ; à l'étranger, il était généralement perçu comme un dirigeant fantasque et d'autant plus dangereux que Pyongyang possède la bombe atomique. Parvenu au pouvoir en 1994 à la mort de son père Kim Il-sung, fondateur de la République populaire et démocratique de Corée au sortir de la Seconde Guerre mondiale, Kim Jong-il est décédé samedi d'une attaque cardiaque lors d'un voyage en train à l'âge de 69 ans. Vêtue de noir, une présentatrice de la télévision d'Etat nord-coréenne a affirmé, en pleurs, qu'il était mort de surmenage alors qu'il était parti prêcher la bonne parole auprès de ses compatriotes. Durant ses 17 années au pouvoir, la Corée du Nord a pourtant sombré dans la pauvreté et la famine pendant que le régime développait un programme d'armement nucléaire et se dotait de missiles destinés à menacer la Corée du Sud et le Japon. Dans la famille des tyrans sanguinaires, voici l'artiste. De tous les dictateurs qui ont franchi le cap du XXIe siècle, Kim Jong-il restera le grand maniaque de l'esthétique. Ce passionné de cinéma se rêvait en metteur en scène perfectionniste de la révolution pour mieux perpétuer l'emprise totalitaire léguée par son père Kim Il-sung. Le bureau du dictateur est bardé d'écrans. Son jardin secret : une cinémathèque de trois étages recelant 15.000 copies, dont les plus grands chefs-d'oeuvre hollywoodiens. Cet épisode montre la face cachée de l'autocrate, mais politiquement très habile. L'esprit révolutionnaire Appelé "le Cher Dirigeant" dans son pays, Kim Jong-il demeure l'un des chefs d'Etat les plus énigmatiques sur la scène internationale. Il s'exprimait rarement en public et ne voyageait quasiment jamais à l'étranger. D'après sa biographie officielle, Kim est né le 16 février 1942 dans l'épaisse forêt qui recouvre le mont sacré Paekdu, dans un camp situé près de la frontière chinoise, pendant que la guérilla coréenne combattait les Japonais. D'après la propagande, il manifeste un esprit révolutionnaire dès l'école primaire en prenant la tête de marches en direction des champs de bataille contre l'occupant japonais. Le temps de parvenir au collège, il est devenu un ouvrier exemplaire capable de réparer des camions et des moteurs électriques. Il se rend ensuite à l'université Kim Il-Sung où il étudie les grands penseurs marxistes ainsi que les théories révolutionnaires de son père La dynastie communiste Tandis que son père est installé au pouvoir par les Soviétiques, Kim Jong-il passe certainement ses jeunes années en Chine afin d'y recevoir une éducation et d'éviter les dangers de la guerre de Corée (1950-1953). Il adhère au Parti des travailleurs de Corée en 1964 et gravit rapidement les échelons. En 1973, il est déjà responsable de l'organisation et de la propagande du parti et l'année suivante, son père le désigne comme son dauphin. Kim Jong-il étend progressivement son influence dans le parti et, en 1980, il intègre le Politburo et la commission militaire. Kim Jong-il disposait d'une quantité de titres en Corée du Nord, mais pas celui de président. Parvenu au pouvoir, il a attribué à titre posthume à son père le titre de président éternel. Lui s'est contenté de présider la Commission de défense nationale, le véritable cœur du pouvoir en Corée du Nord, avec le grade de commandant suprême de l'Armée populaire de Corée. Un play boy bizarre Ses chaussures à semelles compensées, son goût prononcé pour le cognac ainsi que les yachts de milliardaires ont fait le tour du monde. Ce bon vivant n'hésitait pas à recruter à Naples son pizzaïolo privé pendant que la famine tenaillait six millions de ses sujets. Son chef japonais, Kenji Fujimoto, se souvient encore du plaisir jouissif du dictateur à croquer des sashimis si frais qu'ils frétillaient encore. Sans oublier les parties fines avec des danseuses sélectionnées dès le plus jeune âge. Une réalité aux antipodes du culte de la personnalité imposé aux 24 millions de Nord-Coréens dès l'enfance, qui a sculpté l'image du "Bien-Aimé Dirigeant", toujours vivante en dépit des privations et imposer un écart symbolique de 30 ans, une génération, entre le "président" éternel et son fils pour mieux légitimer la succession dynastique. Selon des personnes l'ayant côtoyé avant de fuir le pays, Kim aimait assister à des spectacles privés de danseuses russes, il s'était constitué une cave impressionnante de 10.000 bouteilles et il ingurgitait une quantité impressionnante de homards et de cognac. Les médias officiels nord-coréens dressent un portrait bien différent. Selon eux, Kim Jong-il était pilote de chasse, alors même qu'il empruntait systématiquement des moyens de transport terrestres pour ses rares voyages à l'étranger. Le "Cher Dirigeant" aurait aussi composé plusieurs opéras, produit des films et accompli la prouesse sportive inégalée de réussir onze trous en un pour son premier parcours de golf. Lorsqu'il succède à son père en 1994, les spécialistes du régime nord-coréen doutent alors de sa capacité à se maintenir à la tête du pays en raison de la puissance acquise par les chefs militaires. L'économie, déjà anémique, tombe en lambeaux en raison de la fin de la Guerre froide et de la disparition des traditionnels partenaires commerciaux. De mauvaises récoltes et des inondations provoquent une famine responsable de la mort d'un million de personnes dans les années 90. Pourtant, Kim affirme son pouvoir. Il se permet même de mettre en œuvre des réformes destinées à instaurer une dose infime de libéralisme dans une économie entièrement planifiée. Tel père tel fils Mais, en août 2008, une attaque cérébrale manque d'emporter le "Soleil du XXIe siècle", et le force à préparer sa succession. Il choisit son troisième fils, Jong-un, pour son caractère affirmé. Pour asseoir la légitimité de son rejeton, le "cher leader" affaibli engage à partir de 2009 un nouveau bras de fer atomique avec la communauté internationale. Comme dans un bon vieux remake hollywoodien. Kim Jong-un est tout le portrait de son grand-père Kim Il-sung lorsqu'il avait son âge (la trentaine). Même corpulence, même coupe de cheveux, même costume Mao. Une ressemblance cultivée afin de rassurer la population, avancent des experts à Séoul. Troisième fils de Kim Jong-il, né de son union avec une danseuse de la troupe Mansudae, Ko Young-hee, décédée en 2004, Kim Jong-un est peu connu. Selon les médias officiels, il serait diplômé de l'université militaire Kim-Il-sung et parlerait plusieurs langues étrangères. Il aurait été étudiant en Suisse. Sa date de naissance est inconnue. Quelques semaines avant la mort de son père, Kim Jong-un était présenté à Pyongyang comme son successeur. Il avait été promu général quatre étoiles et désigné vice-président de la Commission centrale de défense du Parti du travail. Il a rencontré à plusieurs reprises des dirigeants étrangers. Il aurait le soutien de Pékin. Une chanson La Trace , dans laquelle il est mentionné comme le commandant, et des plaques marquant son passage en certains lieux (usines, unités militaires, écoles) visités en compagnie de son père témoignent de la volonté du régime de lui vouer un culte à la même enseigne que son père et son grand-père. Le grand successeur Celui qui va prendre les rênes de la Corée du Nord suivra probablement la même ligne que son père parce que les chiens ne font pas des chats Le dictateur est mort, vive le dictateur. On ne connait pas grand chose sur Kim Jong-un. Même sa date de naissance officielle, le 8 janvier 1984, est contestée. Fils cadet de Kim Jong-il, il aurait gagné les faveurs de son père à mesure que l'ainé, Kim Jong Nam, tombait en disgrâce, notamment suite à un voyage au Japon, en 2001. Dépourvu d'expérience, Kim Jong-un a été bombardé en septembre 2010 à des postes de responsabilités politiques et militaires, devenant officiellement l'équivalent d'un général quatre étoiles. Son nom figure en tête de la liste des personnalités composant la commission d'organisation des funérailles de son père, ce qui semble signifier qu'il la présidera. La soeur de Kim Jong-il et son mari ont aussi été promus en 2010, ce qui pourrait être le signe de la constitution d'un triumvirat familial permettant à cette dynastie de poursuivre un règne entamé dès la création du pays au sortir de la Seconde Guerre mondiale. A la mort du père fondateur du régime, Kim Il-sung, en 1994, son fils, Kim Jong-il, a continué dans la droite lignée. Sauf surprise, la 3e génération devrait maintenir le cap. Les experts de la Corée du Nord considèrent que Kim Jong-un, qui a notamment étudié en Suisse sous un pseudonyme, a l'intelligence et la fermeté nécessaires à la conduite du régime, même si son âge et le faible délai qui lui a été laissé pour se préparer à la succession de son père constituent des handicaps.