Dans la théologie interne d'Aqmi, les otages sont ainsi assimilés à des "prisonniers de guerre" (Asra El Harb) et leur libération est soumise à des conditions qui relèvent, selon l'organisation, du "droit musulman de la guerre". Depuis l'année 2003 et jusqu'à 2012, plus de 100 occidentaux ont été enlevés par Al Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi). De l'époque d'Amara Saifi, alias El Para, ex-émir de la phalange Tarik Ibn Zeyad, affiliée à Al Qaida au Maghreb Islamique jusqu'à celle d'Abdelhamid Zeid, alias Abou Zeid (actuel émir de la même phalange), les enlèvements d'Occidentaux ont été toujours la force de frappe de l'organisation terroriste de Droukdel, émir national d'Aqmi. On se souvient de l'année 2003 où le groupe terroriste commandé par l'ex-émir, Abderrezak El Para, de son vrai nom Amara Saifi (aujourd'hui détenu dans un lieu secret en Algérie), avait enlevé 32 touristes étrangers dans le Grand Sahara Algérien. C'était, à l'époque, une première action d'envergure exécutée par la nébuleuse terroriste. Depuis les rapts d'étrangers se sont succédé et devenus la force de frappe d'Aqmi. En 2007, onze Occidentaux ont été enlevés par les terroristes d'Al Qaida au Maghreb Islamique. En 2008, six touristes allemands, britanniques, hollandais ont été enlevés par l'ex-émir de la phalange Tarik Ibn Zeyad affiliée à Aqmi. En 2009, 14 autres Occidentaux ont été kidnappés par Al Qaida au Maghreb, dont trois diplomates canadiens. En 2010, 18 étrangers ont été enlevés par les fous de Dieu, parmi eux, sept employés à la société française Areva spécialisée dans les gisements d'uranium kidnappés en septembre 2010 au Niger, dont un ressortissant togolais, un malgache et cinq français. En 2011, 12 étrangers ont connu le même sort que leurs prédécesseurs, dont trois humanitaires occidentaux, deux espagnols et une italienne, enlevés en novembre 2011 dans les camps de réfugiés à Tindouf par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). Enfin, en 2012, 15 personnes sont enlevées par les ravisseurs d'Aqmi, parmi lesquelles six diplomates algériens, kidnappés faut-il le rappeler, le 5 avril de la même année à Gao par des combattants du Mujao, dont trois seront relâchés, alors qu'un otage a été tué et trois autres sont toujours détenus. Ainsi, il apparaît clairement que l'année 2003 a été une année «faste» du point de vue du kidnapping d'étrangers. Dès lors, les «Brigades du Sahara», affiliées à Aqmi, se sont mises à enlever des ressortissants des pays occidentaux, y compris le Canada et la France, mais aussi l'Algérie, considérée par les terroristes comme étant le véritable ennemi. Tous ont été libérés contre des rançons, à l'exception du Britannique Edwin Dyer (exécuté le 31 mai 2009) et du Français Michel Germaneau (exécuté le 25 juillet 2010). Alors que huit Français et trois Algériens sont toujours détenus par les terroristes d'Aqmi et du Mujao, dont le sort est aujourd'hui décisif suite à la guerre déclenchée au Mali. Les rapts d'étrangers pour internationaliser et financer Aqmi L'augmentation des enlèvements et la focalisation, à partir d'août 2010, sur le kidnapping de ressortissants français ont mis en exergue la problématique du financement des activités de l'organisation. En effet, à partir de 2007 avec l'internationalisation d'Aqmi, s'est posée la question cruciale du financement de leurs activités. Selon les débats internes, cette question aurait été discutée et tranchée lors du Conseil des chefs (Majlisse El Aâyan) de septembre 2008, au cours duquel deux positions auraient été défendues : d'un côté, les défenseurs des sources de financement «habituelles» dans le Sud (contrebande de divers produits sous la houlette de Mokhtar Belmokhtar), convaincus qu'il faut se contentenr de ces activités pour ne pas s'attirer les foudres des Occidentaux. De l'autre, les tenants des enlèvements d'étrangers, menés par Abdelhamid Abou Zeid, qui, non seulement, estime que les positions des premiers sont «lâches et couardes», mais qui considèrent aussi les sources de financement habituelles comme «non conformes à l'Islam». Les partisans de Belmokhtar contestent quant à eux que les enlèvements d'Occidentaux puissent être qualifiés légitimement de «∂jihad». Argument avancé par Abou Zeid et ses lieutenants pour justifier le changement de stratégie de l'organisation. Ces derniers l'emportèrent finalement au prétexte que la nature de l'ennemi "croisés" et "infidèles" justifie l'action de «Djihad» comme légitime. À la demande d'Abou Zeid, le Comité juridique d'Aqmi planche à partir de 2008 sur une redéfinition des sources de financement du Djihad "du point de vue islamique". Ainsi par exemple, une distinction est faite entre deux grands modes de financement considérés comme "plus islamiques" que la contrebande : d'une part, la "jizya" qui désigne une sorte de taxe de passage perçue principalement sur les marchandises qui transitent par les territoires contrôlés par les groupes affiliés à AQMI (y compris le trafic de drogue) et d'autre part, la "diaâya" qui désigne littéralement le «prix du sang» et qui correspond à la rançon perçue pour tout otage occidental enlevé par l'organisation. En détail, cette "redéfinition islamique" des sources de financement permet de constater que l'enlèvement de ressortissants occidentaux apparaît désormais comme l'activité la plus « recommandable » et la plus « rentable » pour AQMI. Aqmi a empoché 193 millions d'euros pour la libération des otages depuis 2007 En 2007, l'organisation terroriste d'Al Qaida au Maghreb avait empoché la somme de 11 millions d'euros suite à la libération des otages occidentaux, alors qu'en 2008, 32 millions d'euros ont été déboursés par plusieurs pays occidentaux, parmi eux le Canada au profit d'Aqmi pour la libération de trois otages canadiens, en fait, des diplomates chargés par les autorités canadiennes pour s'enquérir des informations sur les activités des terroristes au sahel. L'année suivante, soit en 2009 Aqmi a reçu 14 millions d'euros pour avoir relâché le couple norvégien enlevé en Tunisie. Tandis qu'en 2010, 36 millions d'euros ont été payés par les autorités françaises et espagnoles pour libérer leurs ressortissants détenus par le même groupe terroriste. Enfin, en juin 2011, Aqmi a empoché une belle cagnotte, estimée à 90 millions d'euros après avoir relâché plusieurs otages occidentaux qu'elle détenait depuis plusieurs mois, parmi eux, les trois humanitaires espagnols et une italienne. Dans la théologie interne d'Aqmi, les otages sont ainsi assimilés à des "prisonniers de guerre" (Asra El Harb) et leur libération est soumise à des conditions qui relèvent, selon l'organisation, du "droit musulman de la guerre". Tout est négociable dans le cadre de cette théologie : l'échange des « prisonniers », la fixation du "prix du sang", la libération contre « conversion », etc. Mais tout est également soumis aux règles d'allégeance : la logique interne à l'organisation voudrait que les enlèvements réalisés par celui qui prête allégeance soient récupérables par celui qui reçoit le serment d'allégeance. Dans la théologie interne d'Aqmi, les otages sont ainsi assimilés à des "prisonniers de guerre" (Asra El Harb) et leur libération est soumise à des conditions qui relèvent, selon l'organisation, du "droit musulman de la guerre". Depuis l'année 2003 et jusqu'à 2012, plus de 100 occidentaux ont été enlevés par Al Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi). De l'époque d'Amara Saifi, alias El Para, ex-émir de la phalange Tarik Ibn Zeyad, affiliée à Al Qaida au Maghreb Islamique jusqu'à celle d'Abdelhamid Zeid, alias Abou Zeid (actuel émir de la même phalange), les enlèvements d'Occidentaux ont été toujours la force de frappe de l'organisation terroriste de Droukdel, émir national d'Aqmi. On se souvient de l'année 2003 où le groupe terroriste commandé par l'ex-émir, Abderrezak El Para, de son vrai nom Amara Saifi (aujourd'hui détenu dans un lieu secret en Algérie), avait enlevé 32 touristes étrangers dans le Grand Sahara Algérien. C'était, à l'époque, une première action d'envergure exécutée par la nébuleuse terroriste. Depuis les rapts d'étrangers se sont succédé et devenus la force de frappe d'Aqmi. En 2007, onze Occidentaux ont été enlevés par les terroristes d'Al Qaida au Maghreb Islamique. En 2008, six touristes allemands, britanniques, hollandais ont été enlevés par l'ex-émir de la phalange Tarik Ibn Zeyad affiliée à Aqmi. En 2009, 14 autres Occidentaux ont été kidnappés par Al Qaida au Maghreb, dont trois diplomates canadiens. En 2010, 18 étrangers ont été enlevés par les fous de Dieu, parmi eux, sept employés à la société française Areva spécialisée dans les gisements d'uranium kidnappés en septembre 2010 au Niger, dont un ressortissant togolais, un malgache et cinq français. En 2011, 12 étrangers ont connu le même sort que leurs prédécesseurs, dont trois humanitaires occidentaux, deux espagnols et une italienne, enlevés en novembre 2011 dans les camps de réfugiés à Tindouf par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). Enfin, en 2012, 15 personnes sont enlevées par les ravisseurs d'Aqmi, parmi lesquelles six diplomates algériens, kidnappés faut-il le rappeler, le 5 avril de la même année à Gao par des combattants du Mujao, dont trois seront relâchés, alors qu'un otage a été tué et trois autres sont toujours détenus. Ainsi, il apparaît clairement que l'année 2003 a été une année «faste» du point de vue du kidnapping d'étrangers. Dès lors, les «Brigades du Sahara», affiliées à Aqmi, se sont mises à enlever des ressortissants des pays occidentaux, y compris le Canada et la France, mais aussi l'Algérie, considérée par les terroristes comme étant le véritable ennemi. Tous ont été libérés contre des rançons, à l'exception du Britannique Edwin Dyer (exécuté le 31 mai 2009) et du Français Michel Germaneau (exécuté le 25 juillet 2010). Alors que huit Français et trois Algériens sont toujours détenus par les terroristes d'Aqmi et du Mujao, dont le sort est aujourd'hui décisif suite à la guerre déclenchée au Mali. Les rapts d'étrangers pour internationaliser et financer Aqmi L'augmentation des enlèvements et la focalisation, à partir d'août 2010, sur le kidnapping de ressortissants français ont mis en exergue la problématique du financement des activités de l'organisation. En effet, à partir de 2007 avec l'internationalisation d'Aqmi, s'est posée la question cruciale du financement de leurs activités. Selon les débats internes, cette question aurait été discutée et tranchée lors du Conseil des chefs (Majlisse El Aâyan) de septembre 2008, au cours duquel deux positions auraient été défendues : d'un côté, les défenseurs des sources de financement «habituelles» dans le Sud (contrebande de divers produits sous la houlette de Mokhtar Belmokhtar), convaincus qu'il faut se contentenr de ces activités pour ne pas s'attirer les foudres des Occidentaux. De l'autre, les tenants des enlèvements d'étrangers, menés par Abdelhamid Abou Zeid, qui, non seulement, estime que les positions des premiers sont «lâches et couardes», mais qui considèrent aussi les sources de financement habituelles comme «non conformes à l'Islam». Les partisans de Belmokhtar contestent quant à eux que les enlèvements d'Occidentaux puissent être qualifiés légitimement de «∂jihad». Argument avancé par Abou Zeid et ses lieutenants pour justifier le changement de stratégie de l'organisation. Ces derniers l'emportèrent finalement au prétexte que la nature de l'ennemi "croisés" et "infidèles" justifie l'action de «Djihad» comme légitime. À la demande d'Abou Zeid, le Comité juridique d'Aqmi planche à partir de 2008 sur une redéfinition des sources de financement du Djihad "du point de vue islamique". Ainsi par exemple, une distinction est faite entre deux grands modes de financement considérés comme "plus islamiques" que la contrebande : d'une part, la "jizya" qui désigne une sorte de taxe de passage perçue principalement sur les marchandises qui transitent par les territoires contrôlés par les groupes affiliés à AQMI (y compris le trafic de drogue) et d'autre part, la "diaâya" qui désigne littéralement le «prix du sang» et qui correspond à la rançon perçue pour tout otage occidental enlevé par l'organisation. En détail, cette "redéfinition islamique" des sources de financement permet de constater que l'enlèvement de ressortissants occidentaux apparaît désormais comme l'activité la plus « recommandable » et la plus « rentable » pour AQMI. Aqmi a empoché 193 millions d'euros pour la libération des otages depuis 2007 En 2007, l'organisation terroriste d'Al Qaida au Maghreb avait empoché la somme de 11 millions d'euros suite à la libération des otages occidentaux, alors qu'en 2008, 32 millions d'euros ont été déboursés par plusieurs pays occidentaux, parmi eux le Canada au profit d'Aqmi pour la libération de trois otages canadiens, en fait, des diplomates chargés par les autorités canadiennes pour s'enquérir des informations sur les activités des terroristes au sahel. L'année suivante, soit en 2009 Aqmi a reçu 14 millions d'euros pour avoir relâché le couple norvégien enlevé en Tunisie. Tandis qu'en 2010, 36 millions d'euros ont été payés par les autorités françaises et espagnoles pour libérer leurs ressortissants détenus par le même groupe terroriste. Enfin, en juin 2011, Aqmi a empoché une belle cagnotte, estimée à 90 millions d'euros après avoir relâché plusieurs otages occidentaux qu'elle détenait depuis plusieurs mois, parmi eux, les trois humanitaires espagnols et une italienne. Dans la théologie interne d'Aqmi, les otages sont ainsi assimilés à des "prisonniers de guerre" (Asra El Harb) et leur libération est soumise à des conditions qui relèvent, selon l'organisation, du "droit musulman de la guerre". Tout est négociable dans le cadre de cette théologie : l'échange des « prisonniers », la fixation du "prix du sang", la libération contre « conversion », etc. Mais tout est également soumis aux règles d'allégeance : la logique interne à l'organisation voudrait que les enlèvements réalisés par celui qui prête allégeance soient récupérables par celui qui reçoit le serment d'allégeance.