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Ahmed Bouzrina revient le 20 aout
Theatre, reprise de la pièce "Hassan Terro"
Publié dans Le Midi Libre le 13 - 08 - 2007

Hassan Terro, c'est en vérité l'histoire de Ahmed Bouzrina, un héros de la Bataille d'Alger déclenchée à la suite de la grève des 8 jours en 1957.
Hassan Terro, c'est en vérité l'histoire de Ahmed Bouzrina, un héros de la Bataille d'Alger déclenchée à la suite de la grève des 8 jours en 1957.
Assister au «filage» de Hassan Terro dans une mise en scène de Mustapha Ayed est un privilège. Les artistes sont tout près ; ils sont disponibles et presque contents de parler, d‘évoquer Rouiched et les aînés.
Hassan Terro, c‘est en vérité l‘histoire de Ahmed Bouzrina, un héros de la Bataille d‘Alger déclenchée à la suite de la grève des 8 jours en 1957.
Hassan-Rouiched était très proche de cet homme qui menait un combat politique pour la libération de sa patrie - l‘Algérie - du joug colonial. C‘est donc, d‘abord, une histoire vraie ; ensuite une pièce écrite et mise en scène par Rouiched en personne sur les planches du Théâtre national algérien en 1964 avec Nouria, Mahieddine Bachtarzi, Bougaci, Hamdi et l‘auteur dans le rôle titre. C‘était bien avant que Rouiched accepte de porter à l‘écran cette pièce en collaboration avec Mohamed Lakhdar Hamina.
Un hommage à Rouiched
Les cinq doigts de la main sont aujourd‘hui six pour cette reprise fixée au 20 août : Fatiha Berber, Said Hilmi, Zahir Bouzerar, Marouf Amirat et Mohamed Laidaoui, dirigés par Mustapha Ayed qui reprend le rôle de Hassan.
Ecrire, mettre en scène et jouer était pour Rouiched comme entrer dans une dimension nouvelle qui allait devenir un moment de rupture avec le personnage comique qui lui collait à la peau dans les sketches qui passaient à la télévision.
Pour ceux qui ont assisté, en 1963, aux répétitions, à partir du troisième balcon de la salle du TNA, ont vu le film. Une nouvelle création ne trahit en rien l‘argument de départ, qu‘est celui de la prise de conscience, de la découverte de la violence franche et brutale, de la trahison, de la peur, de la souffrance muette, du courage politique. Tous ces états que les comédiens extériorisent avec un talent maîtrisé n‘expliquent pas de rendre hommage à Rouiched, sinon de jouer une pièce du répertoire de Rouiched. Comment Hassan passe insensiblement de la lutte syndicale, pour discuter du bien-fondé de la durée de la grève. «Huit jours, c‘est trop !», à la soudaine illumination de parler à un responsable de la lutte armée dans la capitale soulignet l‘engagement qui n‘est pas toujours conscient ; il se fait à l‘insu de l‘être pensant, en sourdine, en silence. C‘est pourquoi ce qui est intéressant dans l‘homme, ce n‘est pas d‘où il vient, mais où il va.
L‘histoire de Si Tchad
La veille de la grève, Hassan a rendez-vous avec Si Tchad dans un café, le signe de ralliement est un journal ouvert par un des clients. Ce rôle est campé par Bougaci qui est salué par Amiret Marouf qui rendra hommage à Mahieddine Bachtarzi dans une autre scène. Cet hommage à Bougaci est souligné par une invention à plusieurs détentes si l‘on peut dire. Au café, Hassan est perdu car tout le monde lit un journal ; il va de l‘un à l‘autre et se fait éconduire jusqu‘au moment où un groupe de soldats vient disperser ces clients en faisant irruption dans le café. Tous partent sauf un.
-Il n‘y a plus personne, dit le soldat
- Mesquine ! Ma chafnich ! observe le client.
Comment le spectateur lira cette scène ? Comme l‘habitude du plus fort d‘ignorer le plus faible, ou comme une manière de dire combien nous avons été «anéantis» jusque dans le regard du dominant ?
Dans cette pièce qui, répétons-le, est faite de la chair et du sang de petites gens, de gens du peuple qui ne se connaissaient pas la fibre héroïque, rien n‘est donc inventé.
Mustapha Ayed dit que Ahmed Bouzrina avait commencé à faire l‘éducation politique de sa grand-mère, de sa tante puis de proche en proche est arrivé, à la veille d‘une grande bataille politique, à Rouiched même. C‘est pourquoi la scène de la révélation par Zakia de sa participation au secret est l‘affirmation par l‘auteur du rôle de la femme algérienne dans la Révolution.
Saïd Hilmi, qui joue le père de Ahmed dans une scène qui touchera profondément le spectateur dira : «Je suis là pour jouer mon rôle, celui du père d‘un combattant pour la liberté, mais je suis là, pour ma part, pour rendre un vibrant hommage à ceux qui ont redonné au théâtre algérien ses lettres de noblesse : Rouiched, Mustapha Kateb, Safiri, Raïs, Kaki, Hadj Omar, Aboulhassan, Allel el Mouhib, Yahia Benbrahim Keltoum, Hamdi, Debbah, Kouiret, Boudia et tant d‘autres qui ont fait que nul n‘oublie. Voilà ! cette pièce est rejouée pour que l‘art, la culture montrent que l‘oubli est la pire des choses pour un peuple ! Et j‘invite personnellement M. le président de la République à venir la voir ; la date y est propice !" Said est très ému et on peut être sûr que ce n‘est pas feint.
Le devoir de mémoire
Cette idée de mémoire, de lutte contre l‘oubli est reprise par Mustapha Ayed : «J‘ai fait mourir un militant sur scène, j‘ai montré la torture pour que les gens sachent que la guerre de Libération n‘était pas une grande vadrouille ; c‘était de la violence déchaînée contre le peuple algérien par ceux qui ne voulaient pas entendre raison : les colonialistes et les activistes qui ont donné, ensuite naissance à l‘OAS.»
Zakia, la femme de Rouiched dans la pièce devient après son arrestation, l‘administration du penthotal par une jeune soldate, celle qui soutiendra Hassan dans sa lutte pour continuer à désinformer l‘ennemi tout en lui faisant croire qu‘il est son agent, son ‘‘Bouchkara‘‘.
Fatiha Berber incarne petit à petit l‘épouse, la mère courage, la militante, le soutien dans les pires moments, la confiance dans l‘homme qu‘elle a épousé et enfin, la nation algérienne qui va enfanter un monde nouveau.
Une mise en scène plus aérée
Pendant la scène de torture, elle lui demande de tenir encore une heure, encore un peu, c‘est-à-dire d‘aller au bout de ses forces !
La fin de la pièce rejoint en émotion ce qui a le plus touché les hommes : la naissance d‘un homme libre ! C‘est le fils de Laidaoui, Hichem qui annonce cette nouvelle vie de liberté.
«Le drapeau qu‘il agite est toujours beau, toujours neuf, toujours le fruit du combat des enfants de ce peuple.» C‘est Said qui parle.
Le 20 août, une date dans l‘Histoire de cette nation, peut-il marquer le renouveau du théâtre de répertoire de Rouiched ?
Mustapha Ayed affirme que cette reprise a été l‘occasion de revisiter le texte, de s‘en saisir pour une mise en scène plus fluide grâce à un décor compact. Tous les lieux de vie et de mort sont sous les yeux du spectateur, ils se côtoient comme dans la vraie vie.
Autre nouveauté : un prologue qui va replonger le spectateur qui n‘a, heureusement pas vécu, la barbarie coloniale, dans le bain.
Par ces temps de révisionnisme, la démarche est opportune. D‘autres surprises attendent les générations d‘Algériens qui iront à ce spectacle grave et tragique dont l‘autodérision est le fil conducteur qui remet le peuple des humbles à sa vraie place : la première.
Mustapha Ayed joue la pièce de Rouiched. Il est au service de l‘auteur et du texte. Du public aussi.
Etre le fils de Rouiched et honorer l‘art de la scène sans démagogie, sans momifier l‘auteur de ses jours c‘est déjà une prouesse ; l‘autre est de rendre justice à Sirat Boumediene, de rappeler que ‘‘Tchoutche‘‘ a un jour existé…
La générale nous dira si les gens qui sont honorés dans le propos de la pièce seront au rendez-vous. Pour rire de nos faiblesses, des travers de «l‘ennemi» ; pour se reconnaître dans les situations cocasses ou grave, dans la manière de s‘en sortir, de comprendre que la lutte pour la liberté n‘a jamais de fin. C‘est ce que le théâtre de Rouiched enseigne.
Assister au «filage» de Hassan Terro dans une mise en scène de Mustapha Ayed est un privilège. Les artistes sont tout près ; ils sont disponibles et presque contents de parler, d‘évoquer Rouiched et les aînés.
Hassan Terro, c‘est en vérité l‘histoire de Ahmed Bouzrina, un héros de la Bataille d‘Alger déclenchée à la suite de la grève des 8 jours en 1957.
Hassan-Rouiched était très proche de cet homme qui menait un combat politique pour la libération de sa patrie - l‘Algérie - du joug colonial. C‘est donc, d‘abord, une histoire vraie ; ensuite une pièce écrite et mise en scène par Rouiched en personne sur les planches du Théâtre national algérien en 1964 avec Nouria, Mahieddine Bachtarzi, Bougaci, Hamdi et l‘auteur dans le rôle titre. C‘était bien avant que Rouiched accepte de porter à l‘écran cette pièce en collaboration avec Mohamed Lakhdar Hamina.
Un hommage à Rouiched
Les cinq doigts de la main sont aujourd‘hui six pour cette reprise fixée au 20 août : Fatiha Berber, Said Hilmi, Zahir Bouzerar, Marouf Amirat et Mohamed Laidaoui, dirigés par Mustapha Ayed qui reprend le rôle de Hassan.
Ecrire, mettre en scène et jouer était pour Rouiched comme entrer dans une dimension nouvelle qui allait devenir un moment de rupture avec le personnage comique qui lui collait à la peau dans les sketches qui passaient à la télévision.
Pour ceux qui ont assisté, en 1963, aux répétitions, à partir du troisième balcon de la salle du TNA, ont vu le film. Une nouvelle création ne trahit en rien l‘argument de départ, qu‘est celui de la prise de conscience, de la découverte de la violence franche et brutale, de la trahison, de la peur, de la souffrance muette, du courage politique. Tous ces états que les comédiens extériorisent avec un talent maîtrisé n‘expliquent pas de rendre hommage à Rouiched, sinon de jouer une pièce du répertoire de Rouiched. Comment Hassan passe insensiblement de la lutte syndicale, pour discuter du bien-fondé de la durée de la grève. «Huit jours, c‘est trop !», à la soudaine illumination de parler à un responsable de la lutte armée dans la capitale soulignet l‘engagement qui n‘est pas toujours conscient ; il se fait à l‘insu de l‘être pensant, en sourdine, en silence. C‘est pourquoi ce qui est intéressant dans l‘homme, ce n‘est pas d‘où il vient, mais où il va.
L‘histoire de Si Tchad
La veille de la grève, Hassan a rendez-vous avec Si Tchad dans un café, le signe de ralliement est un journal ouvert par un des clients. Ce rôle est campé par Bougaci qui est salué par Amiret Marouf qui rendra hommage à Mahieddine Bachtarzi dans une autre scène. Cet hommage à Bougaci est souligné par une invention à plusieurs détentes si l‘on peut dire. Au café, Hassan est perdu car tout le monde lit un journal ; il va de l‘un à l‘autre et se fait éconduire jusqu‘au moment où un groupe de soldats vient disperser ces clients en faisant irruption dans le café. Tous partent sauf un.
-Il n‘y a plus personne, dit le soldat
- Mesquine ! Ma chafnich ! observe le client.
Comment le spectateur lira cette scène ? Comme l‘habitude du plus fort d‘ignorer le plus faible, ou comme une manière de dire combien nous avons été «anéantis» jusque dans le regard du dominant ?
Dans cette pièce qui, répétons-le, est faite de la chair et du sang de petites gens, de gens du peuple qui ne se connaissaient pas la fibre héroïque, rien n‘est donc inventé.
Mustapha Ayed dit que Ahmed Bouzrina avait commencé à faire l‘éducation politique de sa grand-mère, de sa tante puis de proche en proche est arrivé, à la veille d‘une grande bataille politique, à Rouiched même. C‘est pourquoi la scène de la révélation par Zakia de sa participation au secret est l‘affirmation par l‘auteur du rôle de la femme algérienne dans la Révolution.
Saïd Hilmi, qui joue le père de Ahmed dans une scène qui touchera profondément le spectateur dira : «Je suis là pour jouer mon rôle, celui du père d‘un combattant pour la liberté, mais je suis là, pour ma part, pour rendre un vibrant hommage à ceux qui ont redonné au théâtre algérien ses lettres de noblesse : Rouiched, Mustapha Kateb, Safiri, Raïs, Kaki, Hadj Omar, Aboulhassan, Allel el Mouhib, Yahia Benbrahim Keltoum, Hamdi, Debbah, Kouiret, Boudia et tant d‘autres qui ont fait que nul n‘oublie. Voilà ! cette pièce est rejouée pour que l‘art, la culture montrent que l‘oubli est la pire des choses pour un peuple ! Et j‘invite personnellement M. le président de la République à venir la voir ; la date y est propice !" Said est très ému et on peut être sûr que ce n‘est pas feint.
Le devoir de mémoire
Cette idée de mémoire, de lutte contre l‘oubli est reprise par Mustapha Ayed : «J‘ai fait mourir un militant sur scène, j‘ai montré la torture pour que les gens sachent que la guerre de Libération n‘était pas une grande vadrouille ; c‘était de la violence déchaînée contre le peuple algérien par ceux qui ne voulaient pas entendre raison : les colonialistes et les activistes qui ont donné, ensuite naissance à l‘OAS.»
Zakia, la femme de Rouiched dans la pièce devient après son arrestation, l‘administration du penthotal par une jeune soldate, celle qui soutiendra Hassan dans sa lutte pour continuer à désinformer l‘ennemi tout en lui faisant croire qu‘il est son agent, son ‘‘Bouchkara‘‘.
Fatiha Berber incarne petit à petit l‘épouse, la mère courage, la militante, le soutien dans les pires moments, la confiance dans l‘homme qu‘elle a épousé et enfin, la nation algérienne qui va enfanter un monde nouveau.
Une mise en scène plus aérée
Pendant la scène de torture, elle lui demande de tenir encore une heure, encore un peu, c‘est-à-dire d‘aller au bout de ses forces !
La fin de la pièce rejoint en émotion ce qui a le plus touché les hommes : la naissance d‘un homme libre ! C‘est le fils de Laidaoui, Hichem qui annonce cette nouvelle vie de liberté.
«Le drapeau qu‘il agite est toujours beau, toujours neuf, toujours le fruit du combat des enfants de ce peuple.» C‘est Said qui parle.
Le 20 août, une date dans l‘Histoire de cette nation, peut-il marquer le renouveau du théâtre de répertoire de Rouiched ?
Mustapha Ayed affirme que cette reprise a été l‘occasion de revisiter le texte, de s‘en saisir pour une mise en scène plus fluide grâce à un décor compact. Tous les lieux de vie et de mort sont sous les yeux du spectateur, ils se côtoient comme dans la vraie vie.
Autre nouveauté : un prologue qui va replonger le spectateur qui n‘a, heureusement pas vécu, la barbarie coloniale, dans le bain.
Par ces temps de révisionnisme, la démarche est opportune. D‘autres surprises attendent les générations d‘Algériens qui iront à ce spectacle grave et tragique dont l‘autodérision est le fil conducteur qui remet le peuple des humbles à sa vraie place : la première.
Mustapha Ayed joue la pièce de Rouiched. Il est au service de l‘auteur et du texte. Du public aussi.
Etre le fils de Rouiched et honorer l‘art de la scène sans démagogie, sans momifier l‘auteur de ses jours c‘est déjà une prouesse ; l‘autre est de rendre justice à Sirat Boumediene, de rappeler que ‘‘Tchoutche‘‘ a un jour existé…
La générale nous dira si les gens qui sont honorés dans le propos de la pièce seront au rendez-vous. Pour rire de nos faiblesses, des travers de «l‘ennemi» ; pour se reconnaître dans les situations cocasses ou grave, dans la manière de s‘en sortir, de comprendre que la lutte pour la liberté n‘a jamais de fin. C‘est ce que le théâtre de Rouiched enseigne.


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