La poétesse, traductrice, éditrice est «surbookée», toujours en mouvements littéraires et civilisationnels ; toujours en quête de reconnaissance des droits humains pour chacun de nous quels que soient son âge son sexe et sa position sociale. La poétesse, traductrice, éditrice est «surbookée», toujours en mouvements littéraires et civilisationnels ; toujours en quête de reconnaissance des droits humains pour chacun de nous quels que soient son âge son sexe et sa position sociale. Zineb Laouedj est née à Maghnia au sein d'une famille nombreuse. Ahmed, son père est tailleur, il est aussi fellah, «celui dont les produits de sa terre sont offerts en partage à plus d'un maghnien !». Il est moudjahid également. Elle fait ses études à l'université d'Oran dans un milieu culturel dominé par la haute stature de Abdelkader Alloula, M'Hamed Djellid, Hassan Remaoun, Abderrahmane Fardeheb ; tous intellectuels nourris d'idéaux démocratiques et engagés dans l'action pour rattraper les nombreux retards qui maintiennent la société dans une ignorance et une soumission - l'assistanat - qui font le lit de l'intolérance, avec ses premières manifestations : la violence contre les femmes souvent, trop souvent couverte du voile de l'hypocrisie et du déni de justice. Zineb Laouedj «reçoit» chez Sid-Ali Sakhri de la librairie Mille feuilles. Lors du 12e Salon international du livre d'Alger qui aura lieu du 31 octobre au 7 novembre, l'écrivaine animera les débats de dix autres auteures arabes, invitées à la manifestation. Elle interviendra après la sociologue et féministe marocaine Fatima Mernissi, «une femme qui a fait modestement de très grands progrès à la prise de conscience des femmes maghrébines.» Ces mots sont prononcés avec beaucoup de douceur, mais on perçoit une fermeté dans la voix qui prévient de son intransigeance sur ce sujet ! Il y a dans la poésie de Zineb Laouedj des éléments cosmiques et une minéralité qui la portent très haut : le soleil, la lumière, l'aveuglement, la pierre, le sable brûlé, le lait et le sein maternel, l'amertume du laurier rose et ces «temps maudits où le frère ne jure plus au nom de la saveur du sein et du lait». D'où cette volonté de tout décrypter, de tout déceler, de tout recenser pour comprendre et expliquer, et enfin, partager. Le soleil, est-ce une référence à Kateb Yacine et son «étrange componction du zénith» ? Et «notre temps qui s'éteint, lame fondante dans le miroir des guerres et le nuage des cauchemars ?» n'est-ce pas un dépassement optimiste de la situation vécue depuis presque 20 ans par le peuple algérien qui est au coeur de sa poésie ? Dans «les Chants de la dernière colombe», il y a, comme des tumultes comparables à ceux clamés par Isidore Ducasse, Comte de Lautréamont dans ses «Chants de Maldoror». Il disait avec Rimbaud que la poésie doit changer la vie ! La vie, ce quotidien fait de rien, plein de bruits et de fureur. Elle est ce présent qui agonise sans fin, sans rémission : «Vous édifiez les bûchers Pour mettre en cendres Toutes mes joies » Mais «Je suis L'ardente Aux yeux D'une prophétie» Le «je» est celui de chaque personne, homme, femme, enfant ; de chaque être maître de son destin, de sa force à trouver, dans le quotidien fait de rien, ce qui le hissera au niveau des cimes de la conscience et de la responsabilité. Partir du quotidien «sur lequel s'est brisé le navire de la révolution», selon Maïakovski et s'élever au niveau de l'utopie ou plutôt de ce qui est à faire, c'est le travail de création poétique et littéraire de Zineb Laouedj dont elle partage. Le partage, c'est aussi cela la ligne de vie de Zineb Laouedj. Elle le fait en créant avec des amies une première revue : Cahiers de femmes, au début des années 1980 dont le numéro 2 fut consacré à un hommage à la poétesse et journaliste Nadia Guendouz ; puis en lançant «Empreintes» avec des témoignages contre la violence et l'intégrisme ou encore en dirigeant une réflexion «Mots, dire la barbarie». Et si le quotidien était ce mélange de rhétorique et de pratiques cruelles et inhumaines, s'il a fait peur au monde entier au point que certaines nations étaient prêtes à accompagner le crime et lui donner une légitimité internationale, et même «si depuis 2 ou 3 ans, il y a comme une résurgence des actes avants-coureurs de violences génocidaires», il reste que pour ceux dont le «je» est liberté et créativité, solidarité et lutte avec les autres, la tâche ne se limite pas au pays natal. Traduire, comme elle le fait, c'est élargir l'espace de communication, de civilisation, d'échanges entre les peuples. Professeur associées dans des universités françaises ou à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, elle garde le cap : être celle qui fera connaître la littérature arabe et plus précisément, les femmes arabes aux prises avec les contradictions et les brisures, les fêlures des sociétés qui les opprimaient sans que les liens se rompent, car les «femmes luttent, là où elles sont nées». Est-il significatif que l'une de ses traductions ait eu pour sujet, Cervantès captif à Alger ? Cette femme éprise de liberté ne pouvait que compatir avec ce grand écrivain, dont le héros légendaire, Don Quichotte est un hidalgo utopique pourfendeur des valeurs féodales et adorateur de la beauté et des vertus féminines. La célébrité de Zineb Laouedj est le couronnement de ses inventions poétiques et de ses combats sans fin pour la dignité et la liberté. Invitée aux Etats-Unis par la Fondation Getty et l'Université de Los Angeles, elle affirme, que les Américains qui l'ont invitée et ceux qu'elle a rencontrés «sont sans préjugé, sans idée préconçue, ils nous ont aidés à nous exprimer, à faire des récitals poétiques et tenir des ateliers d'écriture pour des lycéens, et des conférences en nous apportant une aide bienveillante et soutenue». Celle «dont on a disséminé ses échos aux sommets des montagnes», ce «Moi…Femme le Dieu m'a étendue au pied de son trône» est aussi éditrice. Espaces libres où les mots des autres et les siens «sont avant tout des êtres qui vibrent à la beauté des choses et aux doux bruissements de la vie où se mêlent douleurs et lumières». De sa citation d'ouverture de ces «Chants de la dernière colombe», elle a recueilli des «Châtiments» du grand Victor Hugo ce quatrain: «Je suis le caillou d'or et le feu que Dieu jette Comme avec une fronde, au front noir de la nuit. Je suis ce qui renaît quand un monde est détruit, Ô nations ! Je suis la poésie ardente». Sur le front de la culture et de l'éducation, Zineb Laouedj répand la sensibilité nouvelle des arts et des lettres. Zineb Laouedj est née à Maghnia au sein d'une famille nombreuse. Ahmed, son père est tailleur, il est aussi fellah, «celui dont les produits de sa terre sont offerts en partage à plus d'un maghnien !». Il est moudjahid également. Elle fait ses études à l'université d'Oran dans un milieu culturel dominé par la haute stature de Abdelkader Alloula, M'Hamed Djellid, Hassan Remaoun, Abderrahmane Fardeheb ; tous intellectuels nourris d'idéaux démocratiques et engagés dans l'action pour rattraper les nombreux retards qui maintiennent la société dans une ignorance et une soumission - l'assistanat - qui font le lit de l'intolérance, avec ses premières manifestations : la violence contre les femmes souvent, trop souvent couverte du voile de l'hypocrisie et du déni de justice. Zineb Laouedj «reçoit» chez Sid-Ali Sakhri de la librairie Mille feuilles. Lors du 12e Salon international du livre d'Alger qui aura lieu du 31 octobre au 7 novembre, l'écrivaine animera les débats de dix autres auteures arabes, invitées à la manifestation. Elle interviendra après la sociologue et féministe marocaine Fatima Mernissi, «une femme qui a fait modestement de très grands progrès à la prise de conscience des femmes maghrébines.» Ces mots sont prononcés avec beaucoup de douceur, mais on perçoit une fermeté dans la voix qui prévient de son intransigeance sur ce sujet ! Il y a dans la poésie de Zineb Laouedj des éléments cosmiques et une minéralité qui la portent très haut : le soleil, la lumière, l'aveuglement, la pierre, le sable brûlé, le lait et le sein maternel, l'amertume du laurier rose et ces «temps maudits où le frère ne jure plus au nom de la saveur du sein et du lait». D'où cette volonté de tout décrypter, de tout déceler, de tout recenser pour comprendre et expliquer, et enfin, partager. Le soleil, est-ce une référence à Kateb Yacine et son «étrange componction du zénith» ? Et «notre temps qui s'éteint, lame fondante dans le miroir des guerres et le nuage des cauchemars ?» n'est-ce pas un dépassement optimiste de la situation vécue depuis presque 20 ans par le peuple algérien qui est au coeur de sa poésie ? Dans «les Chants de la dernière colombe», il y a, comme des tumultes comparables à ceux clamés par Isidore Ducasse, Comte de Lautréamont dans ses «Chants de Maldoror». Il disait avec Rimbaud que la poésie doit changer la vie ! La vie, ce quotidien fait de rien, plein de bruits et de fureur. Elle est ce présent qui agonise sans fin, sans rémission : «Vous édifiez les bûchers Pour mettre en cendres Toutes mes joies » Mais «Je suis L'ardente Aux yeux D'une prophétie» Le «je» est celui de chaque personne, homme, femme, enfant ; de chaque être maître de son destin, de sa force à trouver, dans le quotidien fait de rien, ce qui le hissera au niveau des cimes de la conscience et de la responsabilité. Partir du quotidien «sur lequel s'est brisé le navire de la révolution», selon Maïakovski et s'élever au niveau de l'utopie ou plutôt de ce qui est à faire, c'est le travail de création poétique et littéraire de Zineb Laouedj dont elle partage. Le partage, c'est aussi cela la ligne de vie de Zineb Laouedj. Elle le fait en créant avec des amies une première revue : Cahiers de femmes, au début des années 1980 dont le numéro 2 fut consacré à un hommage à la poétesse et journaliste Nadia Guendouz ; puis en lançant «Empreintes» avec des témoignages contre la violence et l'intégrisme ou encore en dirigeant une réflexion «Mots, dire la barbarie». Et si le quotidien était ce mélange de rhétorique et de pratiques cruelles et inhumaines, s'il a fait peur au monde entier au point que certaines nations étaient prêtes à accompagner le crime et lui donner une légitimité internationale, et même «si depuis 2 ou 3 ans, il y a comme une résurgence des actes avants-coureurs de violences génocidaires», il reste que pour ceux dont le «je» est liberté et créativité, solidarité et lutte avec les autres, la tâche ne se limite pas au pays natal. Traduire, comme elle le fait, c'est élargir l'espace de communication, de civilisation, d'échanges entre les peuples. Professeur associées dans des universités françaises ou à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, elle garde le cap : être celle qui fera connaître la littérature arabe et plus précisément, les femmes arabes aux prises avec les contradictions et les brisures, les fêlures des sociétés qui les opprimaient sans que les liens se rompent, car les «femmes luttent, là où elles sont nées». Est-il significatif que l'une de ses traductions ait eu pour sujet, Cervantès captif à Alger ? Cette femme éprise de liberté ne pouvait que compatir avec ce grand écrivain, dont le héros légendaire, Don Quichotte est un hidalgo utopique pourfendeur des valeurs féodales et adorateur de la beauté et des vertus féminines. La célébrité de Zineb Laouedj est le couronnement de ses inventions poétiques et de ses combats sans fin pour la dignité et la liberté. Invitée aux Etats-Unis par la Fondation Getty et l'Université de Los Angeles, elle affirme, que les Américains qui l'ont invitée et ceux qu'elle a rencontrés «sont sans préjugé, sans idée préconçue, ils nous ont aidés à nous exprimer, à faire des récitals poétiques et tenir des ateliers d'écriture pour des lycéens, et des conférences en nous apportant une aide bienveillante et soutenue». Celle «dont on a disséminé ses échos aux sommets des montagnes», ce «Moi…Femme le Dieu m'a étendue au pied de son trône» est aussi éditrice. Espaces libres où les mots des autres et les siens «sont avant tout des êtres qui vibrent à la beauté des choses et aux doux bruissements de la vie où se mêlent douleurs et lumières». De sa citation d'ouverture de ces «Chants de la dernière colombe», elle a recueilli des «Châtiments» du grand Victor Hugo ce quatrain: «Je suis le caillou d'or et le feu que Dieu jette Comme avec une fronde, au front noir de la nuit. Je suis ce qui renaît quand un monde est détruit, Ô nations ! Je suis la poésie ardente». Sur le front de la culture et de l'éducation, Zineb Laouedj répand la sensibilité nouvelle des arts et des lettres.