Les élections municipales sont passées et n'ont soulevé aucune vague dans le foyer de Aïcha et Messaoud, chaque membre de la famille ayant vaqué à ses occupations personnelles : Samir qui a le permis de conduire ne cesse de faire l'aller retour entre l'inspection du travail et la section syndicale de son ancien emploi ; Salah, plus discret est capté toute la journée par son ordinateur : au boulot où il est ingénieur informaticien et dans sa chambre qu'il garde toujours fermée comme un coffre-fort. Quant à Sarah, elle joue les absentes pour ne pas avoir à s'occuper des tâches ménagères, en criant à qui veut bien l'entendre : « Ce n'est pas parce que Maman travaille que je dois hériter toute seule des corvées ménagères. Les garçons peuvent aussi mettre la main à la pâte ! Ce n'est pas interdit pour eux ! » Tout cela n'arrange pas le climat familial et Aïcha ne manque pas une occupation pour attaquer Messaoud jusque dans ses derniers retranchements. Ce matin, alors qu'il s'apprête à quitter le domicile conjugal pour faire une partie de dominos avec les vieux retraités comme lui qui ont aménagé une petite place sous le grand acacia au beau milieu de l'avenue qui traverse la cité. « Où vas-tu ? lui demanda abruptement Aicha qui, avant d'aller au travail, se plaisait à éplucher les petites annonces du journal. - Je vais prendre un peu l'air ! a répondu Messaoud avec l'accent de celui qui veut changer d'air - C'est ça ! Vas jouer aux dominos avec les ratés de ta sorte pendant que d'autres font des affaires ! Viens que je te montre quelque chose ! » Messaoud s'approcha à contre-cœur et Aicha posa son index sur un nom posé en titre au-dessus d'un article de la régionale. «Tu te souviens de Si Rabah, le beau-frère de ma belle-sœur Rosa ? - Ah ! Ah ! Ce n'est pas celui qui était au conseil municipal de Oued-R… cette APC qui avait vu son maire poursuivi en justice pour je ne sais pas quoi ? - Lui-même ! La dernière fois que nous l'avons vu c'est lors de la fête de circoncision du fils de Rosa. Il a même fait un cadeau royal au petit. Regarde comme il sait se débrouiller ! - Je suis d'accord avec toi ! Il sait se débrouiller : il a été le seul élu chômeur dans sa commune pour être finalement élu, il a changé trois fois de parti. Il a été récompensé puisqu'il est arrivé à avoir un deuxième logement ; mais il passe pour un escroc aux yeux de tout le monde ! La dernière fois, des créanciers se sont présentés chez lui à onze heures du soir, armés de sabres pour récupérer leur fric. Cela a fait un scandale. Merci ! je ne suis pas fait de cette étoffe-là ! - Et bien cette fois-ci, il a de bonnes chances pour être élu maire ! Rosa pourra ainsi avoir le lopin de terre dont elle rêve et construire «sa» villa et elle continuera à nous snober. - Ya M'ra, je n'aurais jamais le culot de mentir à mes voisins. Je ne suis pas du genre à refaire les trottoirs et combler les nids de poule ou à exécuter les directives qui viennent «d'en haut». Moi, je veux, la nuit venue dormir sur mes deux oreilles Quant à Si Rabah, il peut finir milliardaire ou aux « quatre hectares », grand bien lui fasse. Les élections municipales sont passées et n'ont soulevé aucune vague dans le foyer de Aïcha et Messaoud, chaque membre de la famille ayant vaqué à ses occupations personnelles : Samir qui a le permis de conduire ne cesse de faire l'aller retour entre l'inspection du travail et la section syndicale de son ancien emploi ; Salah, plus discret est capté toute la journée par son ordinateur : au boulot où il est ingénieur informaticien et dans sa chambre qu'il garde toujours fermée comme un coffre-fort. Quant à Sarah, elle joue les absentes pour ne pas avoir à s'occuper des tâches ménagères, en criant à qui veut bien l'entendre : « Ce n'est pas parce que Maman travaille que je dois hériter toute seule des corvées ménagères. Les garçons peuvent aussi mettre la main à la pâte ! Ce n'est pas interdit pour eux ! » Tout cela n'arrange pas le climat familial et Aïcha ne manque pas une occupation pour attaquer Messaoud jusque dans ses derniers retranchements. Ce matin, alors qu'il s'apprête à quitter le domicile conjugal pour faire une partie de dominos avec les vieux retraités comme lui qui ont aménagé une petite place sous le grand acacia au beau milieu de l'avenue qui traverse la cité. « Où vas-tu ? lui demanda abruptement Aicha qui, avant d'aller au travail, se plaisait à éplucher les petites annonces du journal. - Je vais prendre un peu l'air ! a répondu Messaoud avec l'accent de celui qui veut changer d'air - C'est ça ! Vas jouer aux dominos avec les ratés de ta sorte pendant que d'autres font des affaires ! Viens que je te montre quelque chose ! » Messaoud s'approcha à contre-cœur et Aicha posa son index sur un nom posé en titre au-dessus d'un article de la régionale. «Tu te souviens de Si Rabah, le beau-frère de ma belle-sœur Rosa ? - Ah ! Ah ! Ce n'est pas celui qui était au conseil municipal de Oued-R… cette APC qui avait vu son maire poursuivi en justice pour je ne sais pas quoi ? - Lui-même ! La dernière fois que nous l'avons vu c'est lors de la fête de circoncision du fils de Rosa. Il a même fait un cadeau royal au petit. Regarde comme il sait se débrouiller ! - Je suis d'accord avec toi ! Il sait se débrouiller : il a été le seul élu chômeur dans sa commune pour être finalement élu, il a changé trois fois de parti. Il a été récompensé puisqu'il est arrivé à avoir un deuxième logement ; mais il passe pour un escroc aux yeux de tout le monde ! La dernière fois, des créanciers se sont présentés chez lui à onze heures du soir, armés de sabres pour récupérer leur fric. Cela a fait un scandale. Merci ! je ne suis pas fait de cette étoffe-là ! - Et bien cette fois-ci, il a de bonnes chances pour être élu maire ! Rosa pourra ainsi avoir le lopin de terre dont elle rêve et construire «sa» villa et elle continuera à nous snober. - Ya M'ra, je n'aurais jamais le culot de mentir à mes voisins. Je ne suis pas du genre à refaire les trottoirs et combler les nids de poule ou à exécuter les directives qui viennent «d'en haut». Moi, je veux, la nuit venue dormir sur mes deux oreilles Quant à Si Rabah, il peut finir milliardaire ou aux « quatre hectares », grand bien lui fasse.