In Hocineculture Le 7 novembre 2011Le livre de Pierre Péan » La république des mallettes, enquête sur la principauté française de non-droit » est une belle compilation de rapports judiciaires, policiers, de la DST, de confidences, de dénonciations des relations directes des maîtres de l'Elysée avec le banditisme de haut vol et de la mafia de la finance internationale. Nous sommes bien surpris de lire ou d'entendre dire, qu'en panne d'idées, Pierre Péan est allé supplier Robert Bourgi (le porteur de mallettes de Sarkozy) de lui faire quelques confidences sur les marécages nauséabonds de l'Elysée. Certes le nouveau livre du prolifique Pierre Péan n'apporte pas grand chose de bien nouveau. Mais il décortique avec plus de profondeur des scandales de la mafia politico financière française qui ont fait les choux gras de la presse durant les vingt dernières années… Du Canard enchainé à Médiapart en passant par le « Monde », le Figaro, Libération dont les journalistes ont été placés illégalement sous surveillance téléphonique par Valérie Giscard d'Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy pour prendre les informateurs en flagrant délit. Nous ne sommes pas spécialistes en matière de critique littéraire mais à notre humble avis tous les citoyens de la FranceAfrique (ou France à fric), du Maghreb et du Moyen Orient doivent lire ce livre qui met à nu » l'amitié » crapuleuse qu'entretiennent les dirigeants républicains, démocrates, socialistes, humanistes grand teint avec les sanguinaires dictateurs de notre continent, d'Asie et d'Amérique latine genre Mobotu, Marcos, Omar Bango, Moubarak, Ben Ali, Ali Abdallah Saleh, Abdallah ibn Abdelaziz et les roitelets des sultanats confettis du Golfe dont celui du Qatar. Ce n'est qu'une sordide affaire d'argent sale, de commissions, de rétrocommissions, de détournements de deniers publics, de meurtres, de règlements de comptes, de magistrats impuissants ou complices dont un sera assassiné parce qu'il a réussi à coincer des « intouchables » très proches de la présidence française. La méthode est d'un grande simplicité. Du côté de l'Elysée l'argent quitte les coffres forts du Trésor public le plus légalement du monde. La décision est prise en conseil des ministres. Souvent il s'agit d'une aide de l'Etat Français à un Etat « ami » de l'Afrique anciennement colonisée par la France. C'est du côté des dictateurs africains et arabes qu'une partie de l'argent retourne frauduleusement à l'Elysée dans des sacs en plastique, des cabas, des mallettes ou des enveloppes. Les relations entre le dinosaure Omar Bongo et le bleu Nicolas Sarkozy illustre parfaitement la méthode. Le dictateur africain, grand et généreux « ami » de Jacques Chirac, change de veste en 2006. Il contribue à hauteur de cinq millions de dollars à la campagne électorale de Nicolas Sarkozy. Dès qu'il devient président celui-ci fera l'honneur à Bongo de le recevoir à l'Elysée avant tous les dictateurs de la FranceAfrique. C'est une grande marque « d'amitié » au vu du protocole en France. Et, cerise sur le gâteau, Sarkozy annoncera à Bongo que l'Etat français a décidé d'octroyer une aide de quarante millions d'euro à l'Etat gabonais. En vérité cette aide d'Etat à Etat n'est qu'un détournement de fonds déguisé puisque une partie de cet argent reviendra secrètement à Sarkozy par l'intermédiaire de porteurs de mallettes comme l'avocat Robert Bourgi qui les remettront à son directeur de cabinet Claude Guéant. Le reste de la cagnotte Omar Bongo le planquera dans des paradis fiscaux, dans l'achat de l'immobolier en France et en Europe et des actions dans les entreprises les plus juteuses du CAC 4O. Car en républiques Africaines, Arabes et Maghrébines l'argent de l'Etat entre et sort dans toutes les directions sans traçabilité. Ce n'est pas un dictateur de notre continent et du monde Arabe qui décidera en conseil des ministres comment il utilisera les deniers publics qu'il gère comme des fonds personnels en s'appuyant sur une équipe de malfrats à col blanc. Une autre manière de piller les deniers publics dans la « principauté française du non-droit » comme Pierre Péan aime désigner l'Elysée et ses coulisses : Le marché de l'armement, des services de sécurité, des équipements lourds, des infrastructures de base, de l'eau, du nucléaire civil. Une partie des commissions dites rétrocommissions retourne dans des cabas ou des mallettes aux coffres personnels du maître de l'Elysée. Le directeur du cabinet de la présidence en est le récipiendaire. Parfois c'est le président de la république en chair et en os qui reçoit les transporteurs de mallettes et transvase l'argent dans le coffre-fort. Les plus généreuses rétrocommissions et autres contributions viennent de l'Arabie Saoudite, du Qatar, du Kowët, de la Libye, de l'Algérie, gros clients de l'industrie de l'armement et des services. Ce qui est consternant c'est que, même dans des contrats d'Etat à Etat, une faune d »intermédiaires insatiables est associée dans la distribution des commissions et la récupération des rétrocommissons. Des deux côtés des contractants. Le plus célèbre industriel français de l'aviation, Dassault, reconnaît qu'il majore les prix des avions pour pouvoir distribuer des enveloppes aux partis politiques de la « république des malhonnêtes » (c'est l'argent des étrangers dit-il en riant). Ainsi en plus des rétrocommissions prévues, d'importantes sommes sont frauduleusement soutirées aux dictateurs arabes pour alimenter illégalement les caisses noires des partis qui gouvernent ou seront appelés un jour à gouverner la « république des malhonnêtes ». La droite et la gauche broutent souvent ensemble et aux mêmes râteliers grâce à la générosité des dictateurs et des pétromonarchies arabes dont les dépenses faramineuses ne sont contrôlées par personne. Les recettes également ne sont pas contrôlées. En France les dossiers les plus brûlants sont interdits d'accès aux magistrats au nom du « secret défense ». Mais dans la plupart des cas, quand la justice française ouvre des dossiers elle les referme soit par un non-lieu comique soit par un verdict tout à fait symbolique : six mois de prison avec sursis. On prétend toujours que pour l'argent malhonnête qui s'échange de main en main il est pratiquement impossible aux magistrats de suivre sa trace. Mais l'Etat française dispose d'un puissant arsenal de contrôle fiscal pour débusquer l'argent sale c'est pour cela que les enquêteurs se heurtent au barrage du « secret défense » s'ils ne seront pas assassinés ou remplacés par des enquêteurs plus complaisants. Nous allons volontairement déborder le contexte du livre de Pierre Péan pour dire que toutes les grandes puissances industrielles et technologiques (anciennes puissances coloniales) en Europe et en Amérique ont la même démarche avec nos dictateurs et les pétromonarchies arabes. Commissions et rétrocommissions mais aussi sauvegarde et blanchiment en Europe et en Amérique des avoirs malhonnêtes des dictateurs. Bien entendu les grandes puissances savent que l'argent détournés par leurs « amis » (nos dictateurs) pourrait éradiquer la misère, l'ignorance et les maladies primitives qui tuent en 2011 dans notre continent. Ces mêmes grandes puissances, corrompues et corruptrices, nous font la charité de contribuer à la lutte contre ces fléaux chez nous en lançant des programmes d'actions qu'elles ne réaliseront jamais entièrement faute de…financement ! Alors que des dizaines de milliards, que dis-je, des centaines de milliards de dolllars détournés par nos dictateurs dorment tranquillement dans leurs banques. En plus et cela ne fait plus rire, les puissants de ce monde n'arrêtent pas de dénoncer en public la corruption et la mauvaise gouvernance de nos dictateurs. Or, dans les salons dorés des Palais ils se font mutuellement des câlins… C'est du donnant-donnant dans les pires traditions al'caponéennes quand des ministres, des sénateurs, des shérifs, des magistrats recevaient un bouquet de fleurs, un paquet de dollars et des compliments du chef de gang pour services rendus. A ce propos il nous faut revenir brièvement au monsieur Propre anglais Tony Blair, allias caniche de George Bush. premier ministre réputé « honnête ». Pour vendre des avions de chasse à l'Arabie Saoudite il fallait graisser la patte à un membre de la famille royale. C'était l'affaire « El Yamamah » que des magistrats anglais ont tenté de traiter. Tony Blair s'opposera à la justice de son pays. Son argument : - »Si nous ne payerons pas des commissions la France et l'Amérique payeront. Que ferons nous de nos usines ? Que ferons nous des travailleurs ?- ». Il est vrai que le roi d'Arabie Saoudite avait menacé d'annuler un contrat de plus de cent milliards de dollars si son parent sera inquiété par la justice anglaise. Reprenez les déclarations publiques de Tony Blair et de Nicolas Sarkozy sur la mauvaise gouvernance et la corruption dans notre continent alors que ce sont eux qui alimentent les réseaux de corruption et encourage la mauvaise gouvernance en Afrique, au Maghreb et au Moyen Orient. Pire, ils protègent et fabriquent une image de bons chefs d'Etat à nos dictateurs (cas Ben Ali, Moubarak et même El Guedhafi). Moralité : Le virus de la mauvaise gouvernance et de la corruption n'est pas seulement là où nous le voyons. Si les méfaits de la corruption sont terribles en Afrique et au Maghreb c'est parce que nous ne produisons pas la contrepartie en valeur ajoutée de ce que nous consommons. En Europe et en Amérique, par contre, les dessous de table assurent le fonctionnement des usines, protègent l'emploi, créent la richesse, consolident ou augmentent la croissance. Tony Blair a défendu le recours à la corruption par un argument imparable :- »Combien de familles anglaises vivent directement ou indirectement de l'industrie militaire et de l'aviation- ». Avait-il à prendre en considération l'aggravation de la pauvreté que génère la corruption en Afrique, au Maghreb et au Moyen Orient ? Oui s'il raisonnait en démocrate civilisé. Non s'il raisonnait en malfrat. Il y a quand même une convention anticorruption qui a été signée par les grandes puissances en tête dont la France et l'Angleterre. Finalement c'est à nous d'inverser la tendance. Il faut poser une question : pourquoi les grandes puissances tardent à récupérer les avoirs de Ben Ali, de Moubarak, d'El Guedhafi pour les mettre à la disposition des gouvernants légalement élus en Tunisie, en Egypte et en Libye pour leur permettre de reconstruire leurs pays sans le recours au FMI dont les conditions étouffent les pays émergents ? Au moins % des avoirs des dictateurs africains, arabes, maghrébins sont identifiés en Suisse, au Luxembourgs et autres paradis fiscaux européens. Ils sont identifiés dans l'immobilier de luxe et autres investissements lucratifs. Hocine Mahdi le 7 novembre 2011