Déclaration préliminaire lors de la conférence du 23 Novembre 2011 Quand les mots n'ont plus de sens, quand les valeurs morales s'évaporent et quant la justice perd sa force et sa raison, le silence deviendra l'allier le fort des forces du mal, et la peur son énergie. Le scandale aujourd'hui, et même si l'actualité semble remettre à l'ordre du jour la décennie 90, est qu'un algérien puisse être kidnappé en plein cœur de la capitale de la Nation du Million et demi million de martyrs, aux portes du temple de l'information, c'est à dire la Maison de la presse sans que cela n'inquiète outre mesure le moindre responsable « théoriquement » en charge de la sécurité des personnes et des biens. Ni les chefs des différents corps de sécurité, encore moins le Ministre de l'Intérieur ou celui de la Justice. Personne n'a éprouvé le besoin de dire aux algériens que l'Etat était responsable de l'application de la loi et de la sécurité des citoyens. Pas un député, pas un sénateur ni un élu quelconque, aucun Parti pour interpeller les pouvoirs publics, rassurer la famille, les proches et les nombreux amis –ies-, ou pour assurer les citoyens que nul n'est au dessus des lois de la république, Cependant et bien entendu quand les victimes sont européennes, le complexe du colonisé chez certains nostalgiques se met au garde-à-vous, et fait que toute l'armada s'ébranle pour aller retrouver les personnes enlevées ! Mais quand il ne s'agît que d'un algérien, n'était-ce le professionnalisme et le sens purement humain d'El Watan –que je remercie ici publiquement- même les médias ont (?) observé un profil qui n'est pas passé inaperçu, défiant l'éthique et la déontologie d'une profession sensée être un devoir, une mission et un art. Dans son ensemble la presse s'est montrée si peu soucieuse de sa perfectibilité, oubliant le temps d'un kidnapping que : informer est beaucoup plus un devoir qu'une profession, et que son silence au sujet de ce kidnapping, restera le fait le plus marquant et le plus choquant, d'une corporation qui ne cesse de crier : démocratie, liberté d'expression, droit d'informer et je ne sais quoi d'autre…Le temps d'un kidnapping, elle a soudain oublié que la véritable valeur du journalisme, c'est l'esprit critique qui consiste en un refus catégorique de toute autorité nobiliaire fondée sur l'arbitraire, l'injustice et le déni de la vérité. L'autre question qui demeure posée, est celle de savoir pourquoi la justice ne s'est-elle pas autosaisie pour ouvrir une enquête judiciaire dès que l'affaire avait été portée sur la place publique par le quotidien El Watan ? Ce sont là deux questions qui restent posées : le silence de la presse et celui de la justice. Ceci dit, je reviens à l'ordre du jour, et je dois avouer en toute humilité, que c'est avec un réel déplaisir que j'apporte ici, un correctif puisé dans la réalité des faits aux réponses de Nezzar concernant les camps de la mort. Je conçois parfaitement qu'il éprouve le besoin de se défendre, ce qui est son droit, mais cela ne doit pas se faire au détriment de la réalité des faits, c'est-à-dire au détriment de la vérité. Quelle vérité me demandera-t-on ? Je répondrais il n'y a qu'une seule vérité, celle que nous avons souffert. Il est de notoriété que les victimes connaissent mieux que tout le monde la vérité immuable. Donc, ma réaction ici est de rétablir la vérité et d'apporter le démenti le plus catégorique aux fausses affirmations, par lesquelles il est tenté de tromper l'opinion publique nationale et surtout internationale par une commutation des faits. Il m'a paru à titre de porte-parole des personnes arbitrairement déportées dans les camps de la mort, qu'il est impérieusement de mon devoir de répondre de manière circonstanciée, et par des arguments incontestables et vérifiables, en m'appuyant sur des faits et actes que ne protège aucun secret d'Etat, mais que l'on dissimule délibérément à l'opinion, c'est-à-dire aux Algériens, Ces Algériens en premier lieu, que l'on tente ce faisant de tromper. Ce qui a été dit est consigné dans le procès verbal du Tribunal suisse, au sujet des camps de concentration, et non pas des centres d'isolement comme on tente de le faire croire, ce qui est complètement faux et qui démontre que le manque de courage se situe du côté de celui qui utilise des contrevérités et des données fausses en vue de tromper la justice, ainsi que ceux qui délibérément se fient à leurs explications, et offrent leurs services pour les semer au quatre vents, oubliant toutefois que le C.D.I.C.S est là, et qu'il reste encore un petit nombre d'hommes, qui eternels trouble-fêtes, diront aux choses et aux gens, qu'ils veillent pour que la vérité une fois réveillée, ne puisse jamais se rendormir La lecture du procès verbal du 20 octobre 2011, ayant pour objet l'audition du Nezzar par un tribunal Suisse, a choqué les victimes des guatanamo's du désert algérien que nous sommes. Après l'arrestation, la garde à vue massive dans différentes casernes militaires, nous fumes transportés dans des véhicules puis des avions militaires, pour être détenus et surveillés par des militaires dans des camps de concentration militaires, dans des zones connues et reconnues à forte teneur de radioactivité nucléaire. Aucun interné ne fut déporté par décision de justice comme cela a été dit, d'ailleurs je rappellerais la démission de Monsieur Ali BENFLIS, alors Ministre de la Justice. Question 25 : Avez-vous connaissance de l'existence de camps de concentration durant la période 1992-1999 ? Nezzar : Non, par contre il existait des camps d'éloignement comme je vous en ai déjà parlé. L'existence de ses camps était prévue dans des lois. (Lesquelles ?). Je précise que ces camps étaient des regroupements. Les services de police prenaient dans la rue ces gens, lors de manifestations désordonnées, ou lors d'occupations de lieux (?), et les déferaient devant la justice, en application de la loi d'urgence. Comme la police n'avait pas de locaux à sa disposition, ceux-ci ont été fournis par l'armée, cette dernière assurait le gardiennage et l'alimentation, Les camps étaient gérés par la justice. Je réponds que ces gens n'avaient aucune activité, passaient leurs journées à prier, et a faire des sermons, ils faisaient également grève. Mr BELMOUHOUB : C'était un goulag fait de camps de concentration dignes, sinon pires que ceux de la gestapo, placés sous autorité et surveillés par des militaires, souvent visités par des gendarmes pour la distribution gratuite de bastonnades. Notre arrestation, notre déportation et notre internement furent hors la loi, hors de tout cadre légal et c'est faux nous n'avons pas été présentés à la justice. De caserne en caserne, nous fumes internés dans des camps qui défient la raison et la loi. En effet nous n'avions aucune activité et nous passions notre temps à prier, ce qui nous honore et démontre que nous représentions aucun danger pour la société, motif hypocrite évoqué lors de nos enlèvements sur des lieux de travail, de nos domiciles et non pas dans la rue, comme on veut le faire croire. Ordre a été donné et exécuté et que celui qui a donné cet ordre ait le courage d'assumer sa pleine responsabilité publiquement et non plus dans le secret de sa conscience. Je l'invite à une confrontation en direct sur le plateau de la télévision qui lui convient le mieux, pour démontrer le mal planifié qui nous a été fait, qui continue à détruire notre existence, à défaut personne ne pourrait nous reprocher l'initiative d'aller plaider devant une Juridiction étrangère. Question 26 : Les forces de sécurité procédaient-elles à des interrogatoires dans ces camps ? : Nezzar : Absolument pas. Ces personnes ont été éloignées simplement parce qu'elles manifestaient…Je réponds qu'on avait autre chose à faire qu'auditionner ces personnes…Je précise qu'il n'y a eu aucun dépassement dans ces camps. Mr BELMOUHOUB: Nous avons tous été soumis à interrogatoire, et des fiches de renseignements étaient alors remplies par un personnel militaire. Quant aux dépassements j'aimerais bien savoir si le meurtre commis à Reggane, un vendredi, la veille du 27éme jour du mois de Ramadhan de l'an 1992, où un ancien moudjahid invalide Hadri MELLAH, âgé de 62 ans, ayant perdu un membre inferieur durant la guerre d'Algérie fut froidement assassiné par balles par un militaire ayant bénéficié d'une totale impunité. C'est pareil à In M'guel où il y eut mort d'homme le jour de Achoura où par balles fut lâchement assassiné GHEZALI Boualem, un père de famille originaire de Mostaganem, qui était cadre auprès de la Casoran. Combien sont-ils aujourd'hui, ignorés, méprisés et sans droits, atteints de pathologies radio-induites dues aux effets de la radioactivité nucléaire, chimique et bactériologique, les victimes de la folie mégalomane et du génie malfaisant, ne bénéficient d'aucune couverture médicale à hauteur des cancers multiformes, qui les menacent et qui finissent par les terrasser. Qu'est-ce qui motive le silence qui entoure la question des camps du sud ? Que voudrait-on exactement dissimuler à la génération de l'indépendance ? La clause secrète comprise dans les accords d'Evian du 19 Mars 1962 autorisant l'armée coloniale de mener à terme ces essais, alors que l'Algérie étaient présumée indépendante, alors que 11 bombes furent expérimentées dans les zones ou nous fumes internés sous fallacieux prétexte, que nous représentions un danger pour la société. Qui a terni l'image du pays, ceux qui aujourd'hui sont auditionnés par des juridictions étrangères, ou bien ceux ravis au mépris de la loi et du bon sens à leurs proches, pour être sans aucun état d'âme, jetés en pâture à la radioactivité nucléaire. A qui profite le crime, si ce n'est à ceux qui ont le cœur à Paris et la main à Hassi Messaoud ? Les mafiocrates qui ont délibérément nui à l'Algérie et à son peuple, et que l'histoire finira par rattraper. Pour finir j'interpelle le président de la république, garant de la constitution pour une satisfaction pleine et entière de la plateforme de revendications, cela mettra d'une part fin à nos profonds sentiments de frustrations, et d'autre part mettra fin à de sournoises et malhonnêtes tentatives politiciennes de récupération par de nombreux apprentis défenseurs des droits de l'homme et autres politiciens de circonstance. Je vous remercie pour votre aimable attention M. Nourredine BELMOUHOUB Porte parole du CDICS