| | In Hoggar.org Que cache et que motive l'arrestation du Dr Mourad Dhina par la police française à l'aéroport de Paris Orly le 16 janvier 2012, et son maintien en détention jusqu'à sa prochaine comparution le 21 mars prochain ? Quels sont les dessous de cette affaire qui reste cyniquement opaque. De prime abord, personne de sensé ne croit au ridicule motif judiciaire justifiant la demande d'extradition des autorités algériennes, pour soutien présumé au terrorisme en Suisse où il réside légalement depuis prés d'un quart de siècle sans pour autant être le moindre du monde inquiété par les autorités suisses, qui devraient pourtant être concernées bien plus que la France. D'un autre côté, ce même pouvoir militaire algérien, auteur de cette demande d'extradition, ne se gène outre mesure de traiter directement même avec des chefs de l'action armée (terroristes aux yeux même de ce pouvoir) à l'image d'un Madani Mezrag (AIS) ou d'un Abdelhak Layada ou d'un Hassan Hattab (GIA) et bien d'autres, tant que ces « terroristes » revenus à la raison, contribuent à asseoir son maintien au pouvoir, seule constante concrète et bien réelle admise par ce pouvoir, et à même de déterminer qui est terroriste et qui est patriote ! De multiples explications sont avancées pour tenter de comprendre un tant soit peu ce qui a motivé cette arrestation par les autorités françaises, parmi les explications les plus pertinentes, les échéances électorales qui pointent à l'horizon, aussi bien en France qu'en Algérie, qui sans aucun doute ont largement contribué à cette arrestation, en poussant la majorité présidentielle en France à user de son poids de persuasion, envers la justice de l'hexagone pour maintenir Dr Dhina en détention, sur demande des généraux algériens, de nouveaux confrontés d'une part aux élections législatives de mai prochain menacées d'un boycott massif qui porterait un coup terrible au pouvoir du DRS, du fait entre autres de l'activité de l'opposition effective pour le changement radical et non violent, que mène les mouvements politiques tels que le FCN et Rachad, dont Dr Dhina est l'un de ses fondateurs, et l'un de ses responsables les plus dynamiques, et d'autre part le besoin financier qui se fait pressant pour le parti de la majorité à la présidence en France, justement qui pour compenser le tarissement de la générosité des caisses libyennes qui ne sont désormais plus disponibles comme elles l'ont été du temps du dictateur Kadhafi qui avait planté sa tente à quelques pas de l'Elysée, il y a si peu, pourraient être tenté de satisfaire les attentes des généraux, en retour d'une largesse en reconnaissance de dette ; entre partenaires, l'entraide s'impose, c'est dans la nature même des choses ! Mais bien que pertinentes dans leur quasi majorité, ces explications restent néanmoins parcellaires, ne reflétant pas l'essence de cette affaire et ses enjeux faramineux du côté des deux rives de la méditerranée, car le cas du Dr Dhina à l'instar du calvaire que vit tout le peuple algérien, est étroitement lié aux « tractations » d'après, et même d'avant l'indépendance du pays, en l'occurrence, les relations étroitement tissées dans l'opacité la plus totale, et source de tant de suspicion, entre d'une part une poignée « d'indigènes » algériens ayant servi dans l'armée coloniale française comme sous-officiers, et qui avaient mené dans ce cadre là une guerre implacable contre leurs concitoyens, puis en ont « déserté » à la treizième heure, à quelque petits mois de l'indépendance de l'Algérie, pour être propulsés d'une manière plus que douteuse, pour des raisons qu'il serait fastidieux d'énumérer dans cet écrit, au devant de la scène politique de leur pays indépendant, vers les hautes marches du pouvoir, jusqu'à son ultime gouvernail, particulièrement au lendemain de la mort du président Houari Boumediene, qui les maintenait en laisse pour servir son pouvoir, et d'un autre côté par une classe de politiciens français, qui œuvrèrent d'arrache pied pour pérenniser la présence française en Algérie post indépendance, en « délégant » leurs sous-officiers algériens déserteurs (Daffistes), qui ayant bénéficié d'une promotion à la sauvette dans le cadre de la promotion Lacoste, se virent promus d'une manière caricaturale aux rangs d'officiers en un intervalle record de moins de 18 mois, en vue de les préparer à assumer les hautes responsabilités de l'Etat algérien indépendant. Il ne s'agit pas de vaines accusations gratuites, loin s'en faut, car en plus du sinistre parcours répressif, liberticide et arrogant des ces Dafistes depuis leur accession aux commandes du pouvoir, envers le peuple algérien, qui confirme leur déracinement et l'absence totale d'affinité avec le peuple auquel ils sont censés appartenir, bien des témoignages de divers horizons, aussi bien algériens que français, viennent tous corroborer cet état des choses ; on citera à titre d'exemple, le témoignage du général Boissieu, gendre du Général De Gaule, qui peu avant sa mort écrivait dans ses mémoires, en 1982 : « Des hauts dirigeants de l'Etat algérien, aujourd'hui encore, travaillent pour nous, je ne vous dirai pas leur noms parce que ça porterait atteinte à leur sécurité aujourd'hui », de même que celui du chef de la DST Roger Whybot qui, de son côté, écrit dans ses mémoires en 1975 : « Des hauts dirigeants algériens travaillent encore pour nous ; je ne peux pas vous donner leurs noms ». A côté de cela, le but essentiel de maintenir le black out sur les archives de la colonisation, 50 ans après, ne consisterait-il pas précisément à préserver cette carte vitale, pour les partenaires des deux rives, au risque de dévoiler la nature et l'identité réelle des responsables du pouvoir effectif en Algérie, et cette criminelle connexion entre les deux « faces » de la Françalgérie ? Partant de là, on peut considérer l'arrestation du Dr Mourad Dhina comme un « fait naturel » s'inscrivant en droite ligne dans le cadre de cette relation intriquée et remarquable entre les deux parties, fruit doublement juteux de cette collaboration. Cette détention met une fois de plus la lumière sur l'étendue des souffrances qu'endure le peuple algérien, victime d'une double injustice et d'une répression de concert, d'une part, par le pouvoir militaire et illégitime en place, qui s'est imposé par la ruse, le feu et le sang, et la connivence avec ses parrains de l'ère coloniale, et d'autre part une injustice pernicieuse, dont le peuple paie le prix exorbitant, du fait du « silence » de compromission, sinon de connivence d'une certaine classe politique française (et occidentale en général) qui taisent les crimes des bourreaux, en troquant leur silence bienveillant et protecteur, et en sacrifiant sur l'autel des affaires de l'Etat, des opposants à ce pouvoir, qui par assassinat, comme fut le cas de l'un des responsables du FFS, en l'occurrence Me Mesili, ou du Cheikh Sahraoui, qui par incarcération, tel Dr Anwar Haddam aux Etats-Unies, ou Cheikh Ahmed Zaoui en Nouvelles Zélande, qui par déportation, comme Me Ahmed Simozrag, tout cela en contrepartie de la pérennité de cette liaison hautement privilégiée, qui offre la protection et le soutien indéfectible de cette classe de politiciens français au pouvoir en place en Algérie. Et pendant que le peuple algérien paie ce double prix, dans sa chair, cette classe politique française en tire le double bénéfice du statut quo en Algérie, d'une part en renforçant le pouvoir d'une nomenklatura qui sert d'une manière absolue ses intérêts illégitimes (situation non assurée dans le cadre d'un Etat souverain soucieux de préserver ses propres intérêts en premier lieu) et deusio, « grâce » à leur silence envers les crimes de masse commis par cette nomenklatura, cette classe politique double ces privilèges, par des dividendes alléchants que leur prodigue leurs protégés aux commandes, « en mallettes », dont il est quasi impossible de résister la tentation. Il est donc illusoire de comprendre les dessous et les mécanismes qui ont activé l'arrestation du Dr Dhina, sans connaître l'intrique et l'intrigante connexion entre les sous-officiers de la promotion Lacoste, maîtres incontestés au pouvoir en Algérie post indépendance, et la classe politicienne française nostalgique d'une certaine Algérie française. Pour mieux circonscrire cette liaison inextricable, il est utile de dresser à titre d'exemple, un parallèle édifiant, entre d'une part cette arrestation récente du Dr Dhina (janvier 2012) et une autre affaire non moins rocambolesque qui a eu lieu à Paris il y a presque 20 ans (1993), à savoir l'« opération chrysanthème », survenue à peine quelques jours après le fameux kidnapping de trois fonctionnaires de l'ambassade de France à Alger du temps du duo, Charles Pasqua, ministre de l'intérieur français, et feu Smain Lamari, le numéro 1 des services de renseignement interne algérien. Un tel parallèle trouve toute sa signification et son intérêt dans le fait qu'il met en exergue les nombreux points de ressemblance entre les deux « affaires », dans un intervalle de près de deux décennies, et plus significatif encore, le fait que cette affaire récente de l'arrestation du Dr Dhina, s'est opérée avec le retour aux affaires de l'équipe Pasqua, en la personne de son disciple et collaborateur fidèle, Claude Guéant, l'actuel ministre de l'intérieur. La principale similitude entre les deux opérations apparaît très claire dans le modus operandi, qui laisse trahir la marque singulière de l'équipe Pasqua dans sa gestion du dossier Françalgérie, impression d'autant plus renforcée par le fait que cette arrestation récente soit exécutée précisément par les services du ministre de l'intérieur Claude Guéant, dans un genre d'épilogue de l'« opération chrysanthème » qu'on a vainement essayé d'étouffer, ou de sa réactualisation. Vingt ans après le coup de janvier 1992, alors que les putschistes et leurs soutiens civils composés d'une certaine présumée « société civile », regroupés au sein du CNSA, pensaient avoir dissimulé toutes traces de leurs crimes et enterré à jamais cette affaire génocidaire imprescriptible, particulièrement en décrétant une loi infâme qui consacre l'impunité aux génocidaires, en l'occurrence la loi sur la réconciliation, qui bannit toute demande de poursuite à l'encontre des criminels et punit toute personne qui demanderait son droit à rétablir la justice et révéler la vérité sur ce qui s'est passé au lendemain du putsch, voilà que les putschistes se retrouvent de nouveau sur la sellette, confrontés de manière pressante au devoir de mémoire, et sommés de répondre aux demandes légitimes du droit de la vérité et de la justice, les contraignant ainsi à se diriger de nouveau vers leur soutien éternel, cette même classe politique française, particulièrement dans le nouveaux contexte du monde arabe traversé par cette vague de renouveau et de révolutions qui les privent d'un atout tant usité auparavant, par la chute des dictateurs déchus, ce qui ne leur laisse que le seul et fidèle Parain, une certaine France officielle, pour les faire sortir de leur pétrin, et promouvoir leur version des faits, en taisant toute voix dissonante des opposants, tel que celle de Mourad Dhina. Qui se souvient en fait de ce kidnapping rocambolesque survenu il y près de deux décennies, dont ont été victimes le couple Thévenot et de leur collègue Alain Freissier, tous trois fonctionnaires à l'ambassade de France à Alger ? Il est indispensable, pour cela, de faire un bref flash back pour revenir au lendemain du putsch, lorsque les janvieristes, en quête de légitimité, et très mal à l'aise pour défendre leur coup, particulièrement mis à mal par les voix libres à l'extérieur, essentiellement en France. Alors que la main implacable des services de sécurité se déchaînait contre l'opposition à ce putsch à l'intérieur du Pays, il était quasi impossible de faire autant à l'étranger pour réduire en silence ces voix rebelles et réfractaires à la stratégie des généraux. C'est pour parer à cette situation inacceptable aux yeux du pouvoir en place, que s'était établi une connexion entre Charles Pasqua et Smain Lamari, jusqu'à ce que cette coordination fut couronnée, d'une part par la mise au point d'un kidnapping « terroriste » des trois fonctionnaires de l'ambassade France à Alger, et d'autre part, par le déclenchement sur l'autre rive, d'une opération « coup de poing » dans les milieux proches du Front Islamique du Salut, qui s'est soldée par des arrestations massives et des déportations, afin de taire à tout jamais ces voix dissonantes et contrariantes, et répondre de facto aux demandes du pouvoir militaire en Algérie. Il est à noter qu'avant l'exécution de cette double opération, Jean-Charles Marchianni, bras droit du ministre de l'intérieur français de l'époque, Charles Pasqua, avait exprimé à ses proches collaborateurs et à ses partenaires algériens en discutant le sujet ayant trait à la déportation des opposants au coup d'Etat, que « c'était délicat, parce que les gens du FIS étaient des opposants politiques et qu'ils n'avaient commit aucun délit ! », ce qui avait incité Smain Lamari de suggérer « de faire faire au GIA exploser une bombe où résident des Français », ce qui contribuerait à retourner l'opinion française contre eux, prélude à préparer les esprits pour leur déportation. Mais Marchianni semblait peu attiré par cette solution, et proposa « un autre truc, qui marquerait l'opinion sur le plan émotionnel, un enlèvement garanti », ça fait du suspense, en ajoutant à l'intention de Smain Lamari, que si par contre il y a éventuellement des gens pris otage en Algérie ou quelque chose de grave de la part des gens du FIS, ce serait facile de justifier auprès de l'opinion qu'on expulse ces gens là même s'ils n'ont pas commis de délit. C'est ainsi que s'est mise en branle la guerre psychologique, consistant à monter l'opinion française contre les islamistes pour justifier leur expulsion. Et coup de théâtre, parvient un « communiqué » du GIA revendiquant le kidnapping ! Un communiqué tombé à point nommé, et chose étrange (ou peut être pas, diront les initiés de cette FrançAlgérie), les autorités françaises l'adoptent, pour entamer les représailles, sans même un semblant d'investigation sur l'authenticité de ce communiqué, et de la possibilité de manipulation, malgré les nombreux doutes qui planaient sur ces présumés communiqués de revendication de ces « GIA », particulièrement suite aux massacres qui ont coûté la vie à des milliers de personnes, et qui ont jeté la suspicion quant à leurs auteurs et leur commanditaires, à l'instar du communiqué revendiquant le rapt des moines de Tibhirine. Il est à signaler, par ailleurs, que ces doutes ne proviennent pas uniquement des opposants au pouvoir, ou de sources indépendantes, mais également de parties connues pour leur hostilité farouche aux islamistes, et même de certains parmi ceux qui ont cautionné et appelé au putsch de janvier 1992, à l'image de Sid Ahmed Semiane qui était journaliste au quotidien Le Matin, qui écrivit dans son livre en 2005, Au refuge des balles perdues : « Et vint le temps de la décadence absolue. J'ai vu des journalistes diffuser de faux communiqués élaborés par les bons soins de leurs amis officiers des services de renseignement, attribués le lendemain, en gros caractères, directement aux islamistes du GIA, alors qu'ils savaient que c'étaient de faux communiqués ». Parmi les sources qui confirment la nature de cette liaison particulièrement étroite et cette coordination entre les plus hautes instances de ces deux parties, figurent les « révélations » faites par Roger Faligot dans son livre sur la DST, selon lesquelles Jean-Charles Marchianni, qui avait séjourné à Alger pendant l'enlèvement des fonctionnaires de l'ambassade de France à Alger, avait concocté avec ses pairs d'Alger l'opération du kidnapping. Il avait par ailleurs séjourné en Algérie entre les deux tours des élections législatives de décembre 1991, et coordonné avec les généraux algériens au nom de la France, le coup d'Etat de janvier 1992, selon ses propres propos : « Mitterrand donne son accord sibylline mais très clair… ». L'autre témoignage est celui d'un agent de sécurité de l'ambassade qui travaillait pour le compte des services de renseignements français et qui, selon ses dires, « connaissait le lieu de détention des otages » et qu'il « s'agissait d'une grossière manipulation ». Que s'est-il passé en fait ce jour du 24 octobre 1993 ? Ce jour là, trois agents consulaires de l'ambassade de France en Algérie se sont faits enlever sans qu'ils ne sachent ce qui leur arrivait, d'ailleurs assez étonnés eux-mêmes de la bienveillance de leurs ravisseurs, qui suscitait beaucoup de suspicion. Mme Thévenot, s'est dite d'ailleurs étonnée que son mari ayant presque échappé à ses ravisseurs, et alors quelle pensait que ces « monstres » du GIA allaient la tuer, ils viennent lui ramener des médicaments et lui dire qu'ils allaient bientôt les libérer ! Par ailleurs le couple Thévenot témoigne avoir été traité d'une manière trop convenable, et fort suspecte. Ces soupons se sont révélées fondés ; en effet des témoignages ont confirmé que les prétendus ravisseurs du GIA n'étaient en fait que des agents des services de renseignement en accord avec Marchianni, à l'image du témoignage d'Alain Fressier, un des trois otages libérés, produit lors de l'émission « Lundi Investigation » par Canal +, qui confirme la thèse d'un « montage » réalisé par les services secrets français et algériens. A côté de cela, pour les besoins de l'émission, la chaîne a interrogé le couple Thévenot et Alain Fressier, enlevés par un groupe armé avant d'être libérés une semaine plus tard. Selon le témoignage d'Alain Fressier, il affirme que leur libération, contrairement à la version officielle de l'époque, selon laquelle un assaut a été donné par l'armée, a été très déconcertante. « Je n'ai jamais vu d'assaut. Rien. C'est une affaire d'Etat, une affaire diplomatique », mais de peur que les langues ne se délient encore plus, et que leurs déclarations ne mettent en péril les calculs de l'équipe Pasqua et réduisent en miette la version officielle algérofrançaise quant à la responsabilité du GIA dans ce kidnapping, le quai d'Orsay les envoie aux îles Fidji pour dix ans ! Une manière de faire oublier l'affaire et éviter trop de questions « affligeantes ». A travers cette opération, Marchianni voulait passer un message à peine voilé, au gouvernement français, qui dit en substance que si le gouvernement français prenait la peine de satisfaire la demande des généraux algériens, c'est-à-dire l'organisation d'une déportation massive de leurs opposants, ils déploieront à leur tour tout ce qui est en leur pouvoir pour libérer les otages, sains et saufs ! Malgré l'opposition d'Alain Juppé, ministre des affaires étrangères à l'époque, au chantage qu'exerçait le duo Pasqua-Marchianni, il avait compris le message et dû se plier aux exigences de Marchianni et des généraux algériens, et cautionner l'arrestation massive menée par les services de Pasqua dans les milieux proches du FIS, la fameuse et non moins illégitime « opération chrysanthème », sous les projecteurs des cameras des chaînes de TV françaises, invitées « live » et privilégiées à cet événement médiatique. De son côté, le pouvoir algérien n'a pas fait attendre sa part du deal, en menant son opération, toujours devant ces mêmes cameras qui se trouvaient par hasard disponibles, au bon moment, et au bon endroit, pour transmettre, in live une fois de plus, la libération par l'armée algérienne des trois fonctionnaires, sains et saufs. Trois jours plus tard, 80 opposants au régime militaire, et proche du FIS se font arrêter par la police française, certains furent maintenus en détention à Folembray, d'autres déportés au Burkina Fasso, nombre parmi eux s'y trouvent à ce jour, dont un des avocats du FIS, Me Ahmed Simozrag. Quant à la fameuse preuve ayant justifié l'opération « coup de poing », et tant claironnée par Pasqua devant les camera TV, celui là même qui se plaisait à dire à l'intention des déportés « en attente » bien avant cela « alors qu'ils s'en aillent », cette « preuve matérielle » de l'implication dans l'enlèvement, « trouvée » chez eux, selon ses déclarations, les liant directement au terrorisme (et au kidnapping), s'est révélée être une véritable manipulation, un faux document, que la DST a placée chez Moussa Kraouche (membre de la Fédération Algérienne en France) consistant en un faux communiqué qui revendique le rapt des Thévenot, rédigé par les services algériens, photocopié à Paris et mis dans un cartable appartenant à Kraouche, exactement ce que cherchait Pasqua et Marchianni. Ainsi la boucle est bouclée, et l'« opération chrysanthème » est fin prête ! Huit ans après, la justice française avait reconnu officiellement que dans cette affaire la police a construit de fausses preuves (le document photocopié), ce fut reconnu par le juge Roger Leloir qui avait pris en main ce dossier. Il s'agissait d'une manipulation de toute pièce, mais malgré cela ces mêmes media, qui se sont rendus disponibles pour balayer en boucle les arrestations dans les milieux proches du FIS, se sont comme par enchantement volatilisés, pour un off total, aussi bien lors de la libération de la majorité de ces suspects, contre qui aucune accusation n'a été retenue, que concernant la falsification des preuves à l'origine des arrestations et des déportations ; ces media n'ont rien vu, rien entendu, au point où même les décisions de la justice française, et les déclarations du juge Leloir, n'ont pas suscité le moindre intérêt, ni une quelconque curiosité professionnelle ! Ainsi, dans un intervalle de 20 ans, le ministre des affaires étrangères, M. Alain Juppé, se trouve dans la même situation, peu enviable, otage de l'équipe Pasqua, cette fois en la personne de son fidèle disciple et non moins zélé, Claude Guéant. D'ailleurs la relation houleuse entre Alain Juppé et Claude Guéant, n'échappe pas à l'attention des observateurs de la scène politique française. Il n'est un secret pour personne qu'Alain Juppé n'avait accepté le poste de ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de François Fillon, qu'à la seule condition d'écarter Claude Guéant du Secrétariat général de la Présidence, et cela à cause de son immixtion flagrante dans les affaires en relation avec la politique étrangère de l'Etat. D'ailleurs, au vu du statut dont jouissait Guéant auprès de Sarkozy, cela lui a valu d'être surnommé « le cardinal », et « chef du gouvernement bis » et « Vice-président de la République ». En effet la nomination d'Alain Juppé à la tête du Quai d'Orsay le 27 février 2011 avait coïncidé avec l'exemption de Claude Guéant du Secrétariat général de l'Elysée et sa nomination comme ministre de l'Intérieur. Toutefois, les craintes de Juppé subsistèrent même après ce changement dans les fonctions de Guéant, du moins en ce qui concerne la politique algérienne de la France, du fait que cette politique soit du ressort (principalement) du ministère de l'Intérieur, exactement, comme au temps de l'époque coloniale. Pour rappel, Juppé et Guéant se sont déjà rencontrés dans les couloirs du gouvernement français, et ont divergé dans la manière de traiter le dossier de l'Algérie suite au coup d'Etat de 1992. Edouard Balladur avait nommé dans son gouvernement (fin mars 1993 à la mi-mai 1995) Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, et Charles Pasqua ministre de l'Intérieur. Immédiatement après la prise de fonction, Pasqua nomma Guéant, qu'il avait eu l'occasion de connaître lorsqu'il était fonctionnaire dans le département de Hauts-de-Seine, alors qu'il était depuis 1991 préfet du département des Hautes-Alpes, en tant que Directeur adjoint de cabinet du ministère de l'Intérieur, puis après quelques mois, en 1994, comme Directeur général de la police nationale, poste qu'il a conservé jusqu'en 1998, et de part cette fonction, c'était lui qui fut chargé de traiter l'affaire de l'Airbus, le 24 décembre 1994, ainsi que celle des attentats commis à Paris, l'été 1995, trop de coïncidences ! Claude Guéant tout comme Nicolas Sarkozy ont tous les deux évolué sous la cape de leur mentor Charles Pasqua, qui les avait propulsés au devant de la scène politique française. Même le retour de Guéant en 2002 au ministère de l'intérieur lorsque Sarkozy y était ministre, après une absence d'environ quatre ans, fut sur intervention directe de Pasqua. Il n'est donc pas surprenant, que Guéant, dans un élan de reconnaissance de dette envers son mentor, et autres services rendus, prenne en avril 2010 la défense de Pasqua devant le tribunal dans l'affaire du « Casino d'Annemasse » dont les faits remontent à l'année 1994, qui n'est d'ailleurs qu'une affaire de corruption dans laquelle Pasqua est cité, parmi tant d'autres. A côté de cela, c'était par l'intermédiaire de Pasqua que Guéant était entré en relation avec les réseaux Françafrique et Françalgérie, et a tissé des liens étroits avec eux, de sorte que la première chose qu'il entreprit de faire quand il fut nommé secrétaire général à la présidence en 2007, était de remplacer les diplomates « rénovateurs » par des dirigeants de ces réseaux parallèles qu'il contrôlait, et qui décident encore à ce jour, de la politique française envers l'Afrique et l'Algérie en particulier, parfois en contradiction même avec les orientations de la politique étrangère établie par le Quai d'Orsay. Si Alain Juppé s'était incliné après le coup d'Etat de 1992 en Algérie et fut contraint de céder au chantage de Charles Pasqua, en cautionnant l'« opération chrysanthème », va-t-il récidiver une fois encore, dans le cas de la détention du Dr Mourad Dhina, et s'embourber dans les méandres de la politique Françalgérie menée par les disciples de Pasqua, Guéant entre autres, ce ministre hautement civilisé, vorace de littérature américaine, et insatiable mélomane des symphonies de Mozart, qui a déclaré au tout début de ce mois-ci que « les civilisations ne se valaient pas », ou alors va-t-il se racheter, et faire amende honorable en refusant de se laisser entraîner une fois de plus à cautionner une procédure illégitime et injuste, sous le fallacieux prétexte d'un dossier judiciaire, dont la France est la première à savoir le caractère politique, preuves à l'appui ? Rachid Ziani-Cherif Membre du Conseil du Mouvement Rachad 19 février 2012