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Affaire Beliardouh : faits et méfaits d'une mafia impunie.
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 16 - 12 - 2012

Les témoins oculaires du 20 juillet 2002 sont formels
Abdelhaï Beliardouh a vécu le calvaire
El Watan le 16.12.12
Les documents des procès-verbaux des principaux témoins de l'affaire Beliardouh donnent une idée sur le calvaire qu'a subi le correspondant d'El Watan, Abdelhaï Beliardouh, dans la journée du 20 juillet 2002.
Les injures, les coups, les gifles, les humiliations qu'il a subis de la part de Saâd Garboussi et ses acolytes l'ont mené au suicide. Dans des documents contenant les procès-verbaux des principaux témoins de l'affaire Beliardouh, dont El Watan détient des copies, il apparaît que Abdelhaï Beliardouh a été traîné de force puis engouffré à l'arrière d'une voiture dans laquelle Saâd Garboussi, président de la Chambre de commerce de Tébessa, est monté sur le siège avant. La Daewoo verte a pris la direction du centre commercial où se trouvait le bureau personnel de Saâd Garboussi dans lequel deux personnes l'y attendaient, dont l'un de nationalité tunisiene que Beliardouh connaissait. Le correspondant d'El Watan a subi un interrogatoire musclé, pour le pousser à dévoiler ses sources à propos d'informations révélées dans l'un de ses articles. Durant cet interrogatoire, il fera l'objet d'une agression corporelle dont il n'a jamais voulu en dévoiler le contenu.
A l'issue de cette séance, Beliardouh est monté dans la Mercedes que Garboussi conduisait en le menant vers les principaux points de la ville, le promenant dans la ville comme un trophée. Il fut soumis à un deuxième puis un troisième interrogatoires menés par Rezkallah El Hadi, ancien policier. Vers 21h, Beliardouh a été conduit à son domicile. Garboussi et ses acolytes lui auraient dit que s'il venait à relater ces faits, il serait confronté à de lourdes sanctions. Il convient de signaler, qu'à travers ces dépositions, il apparaît que Garboussi avait menti à de nombreuses reprises. Il soutenait, par exemple, qu'il était venu en Mercedes seul chercher Beliardouh pour lui demander de l'aide afin de faire paraître un droit de réponse suite à son article. Mais il était incapable de confirmer cet argument tant la plupart des témoins à décharge soutenaient devant le juge d'instruction qu'il se préoccupait uniquement de connaître la source des informations selon lesquelles il aurait été lié à des activités terroristes ainsi qu'à des opérations de blanchiment d'argent. El Watan publie ici, in extenso, les procès-verbaux des principaux témoins.
◗ Khmaïssia Aboud, gérant du kiosque
«Le samedi 20 juillet 2002, alors que j'étais dans le kiosque, deux personnes sont arrivées pour me demander où se trouvait Beliardouh. Devant mon ignorance, l'une d'entre elles m'a remis le numéro de téléphone de Garboussi afin de le communiquer à Beliardouh.
Une heure plus tard, Beliardouh est arrivé accompagné d'un certain Fawzi Amrani. Je lui ai remis le numéro de téléphone en question. Au moment où Beliardouh tentait de joindre Garboussi au téléphone, ce dernier est entré dans le kiosque accompagné d'une autre personne. Après nous avoir salués, il a pris Beliardouh et l'a attiré vers l'extérieur en lui disant : «Toi, j'ai besoin de toi.» Arrivé au seuil de la porte du kiosque, je l'ai entendu dire à Beliardouh : «Pourquoi tu écris à propos de mon...» ? Il est à signaler que ce témoin a fait l'objet d'un mandat d'amener par le juge d'instruction à l'issue duquel il a été auditionné le 22 octobre 2002, où il confirma les faits.»
◗ Slimani Yacine, ingénieur d'Etat
«Le samedi 20 juillet 2002, vers 17h30, alors que j'étais dans un salon de thé, j'ai entendu du bruit à l'extérieur. A ma sortie du salon, j'ai vu Azza alias Beliardouh assis sur le trottoir. Garboussi le tenait par la chemise, en lui disant : «Puisque tu me cherches, tu viendras avec moi !» Il a soulevé Beliardouh de force et l'a traîné vers une voiture de marque Daewoo, de couleur verte, stationnée devant l'ancien hôpital.
Ce jour-là, vers 20h, alors que j'étais à bord de la voiture de mon ami, Jouini Tarek, j'ai vu Garboussi conduire sa Mercedes avec, à ses côtés, Beliardouh et un certain Rezkallah Abdellah.»
◗ Adel Sayad, journaliste
«Le samedi 20 juillet 2002, vers 17h30, alors que j'étais assis près de la fenêtre d'un salon de thé, non loin du café Essaâda au centre-ville, mon attention a été attirée par une foule de curieux qui regardaient en direction de l'avenue donnant sur la porte du salon. Je me suis alors levé et j'ai vu Saâd Garboussi tenir avec violence le journaliste Abdelhaï Beliardouh par le col de sa chemise. Il le traînait vers le boulevard du 1er Novembre, en direction de l'ancien hôpital, où une voiture Daewoo, de couleur verte, était stationnée. J'ai remarqué que Beliardouh était placé sur la banquette arrière de la voiture en compagnie de personnes que je ne connaissais pas. Garboussi avait pris la même voiture. Une heure plus tard, j'ai vu Beliardouh descendre d'une Mercedes se dirigeant vers son domicile. Il n'y resta pas longtemps, à peine 10 minutes, puis il est revenu vers le même véhicule. Je signale que lors du retour de Beliardouh, je l'ai appelé du balcon. En vain.»
Lors de son audition, le juge d'instruction en date du 28 juillet 2007, dont le PV a fait l'objet d'une distraction, Adel Siad, qui occupait la fonction de directeur de la radio locale, a confirmé les faits de violence perpétrés lors de l'enlèvement de Beliardouh et donne les précisions suivantes :
«Beliardouh est revenu à bord d'une Mercedes grise de laquelle il est descendu pour aller directement à son domicile. Après une quinzaine de minutes, il est revenu vers la même voiture. Il devait être 20h ou 20h30. A son retour, il semblait très affaibli psychologiquement. Dès le lendemain, je me suis rendu à son domicile en compagnie de Djamel Eddine Heriz. Nous l'avons trouvé dans un très mauvais état psychologique. Il ne parvenait pas à parler des faits qu'il a subis de la part de Garboussi.» Compte tenu de la disparition du procès-verbal cité plus haut, ce témoin a confirmé avec constance ces déclarations aussi bien devant la police judiciaire que devant le juge d'instruction.
◗ Hadfi Abdelkader, employé
«En date du 20 juillet 2002, vers 17h30, j'étais au kiosque en compagnie du nommé Khmaïssia Aboud ainsi que trois autres personnes. Beliardouh était avec nous, en train d'essayer de joindre Garboussi par téléphone. A ce moment-là, Garboussi est entré, nous a salués puis s'est dirigé vers Beliardouh et l'a giflé. Il l'a agrippé par le cou et traîné vers la voiture, où il lui a donné une seconde gifle. Lorsque je les ai rejoints, pour voir ce qui se passait, Garboussi s'est tourné vers moi en me jetant un chapelet d'insultes, en lançant : ‘'Si quelqu'un bouge, je le frapperai avec mon...'' A ce moment-là, je suis resté devant la porte, j'ai vu Garboussi, accompagné d'une autre personne ayant des taches sur les mains, traîner Beliardouh vers une Daewoo verte stationnée devant la porte de l'ancien hôpital. Beliardouh a été engouffré de force à l'arrière de la voiture.»
◗ Younès Chergui, entrepreneur
«Le 20 juillet 2002 vers 17h30, j'étais devant le café Essaâda et j'ai vu quelqu'un qui traînait Beliardouh par le cou, en lui demandant de l'accompagner. Ce dernier tentait de se dégager de la poigne de cette personne qui n'était autre que Sâad Garboussi. En arrivant près de la voiture, une Daewoo verte, garée devant l'ancien hôpital, Garboussi a tordu le bras de Beliardouh et l'a engouffré de force dans la voiture.»
Dans son audition devant le juge d'instruction, Younès Chergui a maintenu ses déclarations en précisant que Garboussi est monté, lui aussi, à bord de la Daewoo.
Synthèse : Amel B.
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Les aveux de Adel Sayad et Djamel Harize à Tébessa
«Ce n'est pas El Watan qui va me protéger !»
El Watan le 16.12.12
Etre témoin dans une affaire, c'est une chose, être confrère en est une autre», a déclaré Djamel Harize, ancien journaliste au quotidien El Khabar et témoin dans l'affaire opposant les ayants droit de Beliardouh et El Watan à Saâd Garboussi et trois autres accusés, lors d'une conférence de presse animée, hier, au bureau du journal El Youm, par le premier nommé et Adel Sayad, journaliste à la radio locale de Tébessa, tous deux amis du défunt Azza.
Il s'est insurgé contre les propos «blessants» émis contre lui et Adel Sayad dans journaux tels qu'El Watan et Le Soir d'Algérie. «Nous avons été traités d'amnésiques dans différents organes, notamment dans El Watan», a-t-il martelé. «Nous n'acceptons pas cette campagne vorace menée contre nous par les avocats de la partie civile», s'indigne-t-il. «Nous sommes tenus de donner notre témoignage, nous ne sommes pas obligés de donner des explications à quiconque», dit encore Harize, niant avoir subi une quelconque pression de la part des accusés. «Nous n'avons peur de personne», ajoute Adel Sayad, qui affirme ne pas avoir été contacté. «Nous ne sommes ni à vendre ni à acheter», disent-ils. Au contraire, ils affirment avoir témoigné honnêtement et sincèrement car ils avaient juré de dire la vérité, rien que la vérité.
A la question de savoir pourquoi il a changé de ton dans son témoignage lors du procès, Adel Sayad a répondu : «Changer de ton après tant d'années, je vois ça normal, l'essentiel c'est que je n'ai pas changé le contenu de mes propos.» Puis il enchaîne : «Adel Sayad de 2002 n'est pas celui de 2012, il a un foyer, des enfants. Je ne suis qu'un homme, je ne peux m'opposer à 20 000 âmes à Tébessa.» Et de s'interroger : «Et ce n'est pas le journal El Watan qui va me protéger, non ?» Les deux journalistes soutiennent qu'ils n'étaient pas responsables de l'acquittement des mis en cause, mais ils accusent clairement les avocats de la partie civile de n'avoir pas été capables de convaincre l'instance judiciaire de la culpabilité des accusés et de prouver les faits qui leur sont reprochés.
«Ils n'ont pas été à la hauteur de leur tâche», précise Djamel Harize. «Maîtres Bourayou ou Soudani auraient pu nous contrecarrer en séance plénière, devant l'assistance, s'ils avaient senti à un moment que nous avions changé notre témoignage, ce qui n'a pas été fait», relèvent les deux journalistes. Djamel Harize n'a pas mâché ses mots. Il a par ailleurs lancé un appel aux avocats de la partie civile d'engager un débat pour les convaincre de sa position. Martelant qu'ils ont été «salis par divers quotidiens nationaux», les deux journalistes ont déclaré qu'ils allaient «recourir à la justice».
Lakehal samir
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Me Soudani Zoubeir. «Les avocats des parties civiles se sont retrouvés sans aucun témoin à charge»
EL Watan le 16.12.12
- Maître, peut-on revenir sur le dossier Beliardouh-El Watan-Garboussi et sur le procès ?
Oui, il n'y a absolument aucune gêne, d'autant que tout ce que je vais vous dire a été déjà dit, plaidé en audience publique. Je suis par conséquent disposé à en parler dans le détail.
- Dix ans, c'est long. Les accusés ne semblent-ils pas éviter leur comparution devant le tribunal criminel ?
Effectivement, les accusés ont tenté d'éviter leur comparution en usant de plusieurs pourvois en cassation et le procès n'a pu se tenir que dix ans après les faits. Il faut savoir que la Cour suprême a eu à se prononcer sur ce dossier à quatre reprises : la première fois par arrêt du 12 novembre 2003 à la suite de notre demande de dessaisissement du tribunal de Tébessa, laquelle a été rejetée. La deuxième fois à la suite du pourvoi en cassation soulevé par les accusés contre l'arrêt de la cour de Tébessa du 17 février 2005 qui a confirmé le jugement du 23 mai 2004 prononçant l'incompétence du tribunal correctionnel ; ce pourvoi a été rejeté par arrêt du 31 décembre 2008. La troisième fois, de nouveau les accusés se sont pourvus en cassation contre l'arrêt de la chambre d'accusation du 14 juillet 2009, qui a simplement renvoyé le dossier au juge d'instruction à l'effet de poursuivre l'information en la forme criminelle ; ce pourvoi a été bien entendu rejeté par un arrêt de la Cour suprême le 21 janvier 2010. A la suite de l'arrêt de renvoi devant le tribunal criminel du 9 mars 2011, les accusés ont de nouveau (pour la troisième fois) soulevé un pourvoi en cassation, lequel a été rejeté par la Cour suprême par arrêt du 19 avril 2012. Le procès ne s'est tenu finalement que le 11 décembre 2012. Comme vous le voyez, les accusés ont usé de toutes les voies de recours à chaque étape de la procédure afin d'éviter ou pour le moins retarder au maximum leur comparution devant le tribunal criminel.
- Et l'histoire des témoins ?
En réalité, au départ, le rapport préliminaire de la police fait état de 11 témoins qui ont été auditionnés. Dix d'entre eux se sont présentés volontairement à la police, dont les six témoins à charge. Ces derniers ont relaté dans le détail les faits d'enlèvement du défunt journaliste et la violence que les accusés lui avaient fait subir. Il faut savoir que neuf autres témoins seront entendus par la suite par le juge d'instruction à la demande des accusés, dont certains bien après le décès de la victime. Au final, le dossier comporte 20 témoins, dont 12 seulement se sont présentés à l'audience. Parmi ce nombre de 12, onze témoins sont cités à la demande des accusés et le douzième, qui était à charge, s'est rétracté après avoir confirmé sa déposition à deux reprises devant le juge d'instruction en 2002 et 2011. Aussi, les avocats des parties civiles se sont retrouvés sans aucun témoin à charge.
- Pourriez-vous nous dire ce qu'ont déclaré ces témoins à charge qui étaient absents au procès ?
Il faut savoir que le jugement et l'arrêt d'incompétence ainsi que l'arrêt de renvoi devant le tribunal criminel sont fondés essentiellement sur les témoignages des témoins à charge. Aussi, le premier témoin a-t-il déclaré qu'il se trouvait «dans le kiosque lorsque l'accusé principal, accompagné d'une autre personne, y est entré, qu'il a pris la victime au collet, l'entraînant à l'extérieur après l'avoir giflé à l'entrée du local, en se retournant vers nous tous et nous intimant, avec des propos grossiers, l'ordre de ne pas bouger»; il a dit que «toujours accompagné de son complice, ils le tiraient jusqu'à une voiture de marque Daewoo». Le deuxième témoin a déclaré également avoir vu ce groupe conduire le journaliste par le cou, alors que ce dernier tentait de leur échapper. Le troisième a affirmé avoir vu l'accusé principal tirer la victime par la chemise et l'a entendu lui dire littéralement : «Tu cherches la guerre avec moi.» Le témoin a ajouté que l'accusé principal a pris la victime d'une manière violente puis l'a poussée devant lui vers la voiture... Le quatrième a confirmé les propos des témoins précédents. Le cinquième a déclaré que son attention a été attirée par un groupe de personnes qui regardaient avec étonnement du côté du kiosque ; il s'est mis à sa fenêtre et a bien constaté que l'accusé principal prenait brutalement la victime au collet et l'entraînait en direction de la rue du 1er Novembre jusqu'au tournant. Selon lui, les deux accusés avaient conduit le journaliste ainsi puis l'avaient fait monter dans une voiture de marque Daewoo, sur le siège arrière, entre deux personnes qui attendaient. Un autre témoin a précisé qu'au moment des faits, aucun policier ne se trouvait dans les parages.
Abdelwahab Boumaza
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Me Ksentini écrit à El Watan
El Watan le 16.12.12
Monsieur le directeur,
A l'occasion de sa parution n°6739, datée du 13 décembre courant, le journal El Watan a publié, en page 4, un encadré aux termes duquel il m'a été expressément imputé d'avoir été l'avocat de Garboussi Saâd, à hauteur des pourvois en cassation de ce dernier devant la Cour suprême, et concouru ainsi et par avance au verdict de l'acquittement par lequel s'est par la suite prononcé le tribunal criminel de Tébessa à son endroit dans la soirée du 12 décembre 2012. Ceci alors même que je n'ai connu ni de près ni de loin cette affaire dont j'ai, jusqu'à ce jour, ignoré l'existence, que je ne connais ni son contenu ni ses antagonistes et que je vois mal de quelle façon il m'aurait été rendu possible d'assurer l'acquittement de l'accusé qu'elle concerne. Dans ces conditions, je vous prie de publier sans délai et en bonne place le présent démenti que je vous adresse en vous rappelant que les dispositions de l'article 296 du code pénal édictent en substance que toute allégation ou imputation d'un fait qui porte atteinte à l'honneur et à la considération des personnes est une diffamation. Sans attendre vos excuses publiques, je vous prie de croire, Monsieur le directeur, à toute ma considération.
Maître Ksentini Farouk. Président de la CNCPPDH
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Le président de la CNCPPDH a bel et bien été l'avocat de Garboussi
El Watan le 16.12.12
Dans un arrêt de la cour suprême datant du 31 décembre 2008, sous le numéro 398 247, dont le journal El Watan détient une copie, le nom de maître Farouk Mustapha Ksentini est cité à deux reprises dans la première page, avec son adresse à Blida, en sa qualité d'avocat de Saâd Garboussi, accusé d'avoir séquestré et torturé le défunt correspondant d'El Watan à Tébessa, Abdelhaï Beliardouh.
Dans sa troisième page, cette décision reprend les moyens développés par Me Ksentini, à savoir l'application de l'article 249 alinéa 1 selon lequel la séquestration, l'enlèvement et l'arrestation n'auraient pas dépassé dix jours. Il convient de préciser que cet arrêt rejette le pourvoi fait par le conseil de Garboussi et les trois autres demandeurs. Dans sa réponse adressée au journal le 13 décembre 2012, Me Ksentini utilise l'entête de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH) en soutenant qu'il n'a connu «ni de près ni de loin cette affaire» dont il a «jusqu'à ce jour ignoré l'existence».
Il est paradoxal, en tant qu'avocat et de surcroît président de la Commission des droits de l'homme, qu'il ne connaissait mot de cette affaire ayant défrayé la chronique. Si Me Ksentini persiste dans ses déclarations et pour prouver sa bonne foi, il ne lui reste que le recours contre cet arrêt pour faux et usage de faux. Deux jours avant la tenue du procès, qui s'est soldé par l'acquittement des coupables de la tragédie ayant mené le correspondant d'El Watan au suicide, le président de l'instance officielle des droits de l'homme, rattachée à la Présidence, soutenait que «la justice algérienne n'était pas indépendante».


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