9 décembre 2013 à 23:45 Elle se retrouve avec trois ailes La LADDH... en voie de disparition ? La mise en conformité avec la nouvelle loi sur les associations a, une fois de plus, aggravé les dissensions au sein de la « Ligue ». La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) va-t-elle finir par disparaître à la fin de l'année en cours ? La question est, désormais, posée avec insistance, d'autant que les congrès de conformité vis-à-vis de la nouvelle loi, organisés par les deux ailes représentées par maîtres Benissad et Zahouane, n'ont pas été autorisés par l'administration. À cette bataille pour s'emparer de la prestigieuse ligue créée en 1985 et au CV gonflé, s'ajoute une troisième aile, représentée par les dissidents et opposants à Noureddine Benissad. Ces derniers dont le coordinateur n'est autre que Kadour Chouicha, du bureau d'Oran, s'apprêtent eux aussi, à tenir leur congrès à la fin du mois de décembre. Des sources au fait du dossier qualifient la situation de « floue », mais ne doutent pas que « les trois ailes continueront à travailler, sans pour autant qu'il y ait d'agrément pour aucune partie ». Votée à l'APN, le 12 janvier 2012, la loi 12-06 relative aux associations, stipule dans son article 70 que les associations régulièrement constituées sous l'emprise de la loi 90-31 du 4 décembre 1990, susvisées, sont tenues de se conformer aux dispositions de la présente loi dans un délai de deux ans, par le dépôt de nouveaux statuts. Faute de quoi, elles seront automatiquement dissoutes. Voilà qui menace l'existence même de la LADDH, si aucun agrément ne lui est accordé par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. Ce dernier a, faut-il le signaler, rejeté la demande d'autorisation de tenir les assemblées pour les deux ailes de la ligue, sous prétexte qu'il existe toujours deux parties en conflit. Pourtant, les concernés ont enfoncé le clou et tenu leur congrès, malgré le refus signifié par le département de Tayeb Belaïz. D'abord, celui tenu les 29 et 30 novembre dernier, et qui a reconduit Hocine Zahouane à la tête de la LADDH dont il défend la légitimité depuis 2005, année durant laquelle, la ligue connaîtra son premier conflit interne. Elu pour un mandat de quatre ans, maître Zahouane était le seul candidat à sa propre succession et a eu la confiance des 38 sections de wilayas présentes à l'assemblée générale, selon un participant. Ensuite, celui organisé les 6 et 7 décembre, et qui a réélu maître Nouredine Benissad comme président de la ligue. Le congrès a vu la participation de 160 congressistes représentant 36 wilayas, lit-on dans leur communiqué rendu public. Il était une fois la cause des droits de l'homme... Pour les opposants à la gestion « opaque » de Benissad, dont les initiateurs du mouvement de contestation ont vu leurs activités gelées par la dernière session du Conseil national tenu début octobre a Béjaïa, ils comptent passer à l'action le 22 décembre prochain. Selon nos sources, « il se peut que la date soit changée, mais les partisans de Chouicha tiendront leur réunion à Zéralda ». Il sera question de retirer la confiance à Benissad, se conformer à la nouvelle loi et se déclarer représentants légitimes de la LADDH. En somme, une troisième aile verra le jour. De quoi « diviser davantage les militants qui sombreront dans les tiraillements internes et s'éloigneront de leur principale cause qui est la défense des Droits de l'homme », regrette-t-on de même source. Qu'en est-il de la base et de la véritable présence de la ligue sur le terrain ? Nos sources qualifient de « dramatique » l'état d'esprit des militants. « Des membres et représentants des wilayas, notamment celles de l'intérieur et du sud du pays, naviguent à vue et ne sont pas au courant des déraillements qu'a atteints la LADDH », nous dit-on. Pour ce qui est du terrain, les différentes ailes « se reposent beaucoup plus sur la reconnaissance étrangère que sur celle des autorités algériennes ». Bizarrement, on cherche du crédit chez « Euromed », la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme ou l'Union européenne, plus que l'on ne le cherche chez Tayeb Bélaïz. « À l'étranger, on nous dit : Continuez d'exister, on a besoin de vous », assènent nos sources, tout en liant cette allégeance aux sommes d'argent et autres dons que reçoivent ces associations de l'autre côté de la rive. En définitive, c'est la cause des droits de l'homme déjà en régression en Algérie, qui en subira les conséquences de cette guerre d'intérêts au sein de la prestigieuse ligue, vidée de toutes ses valeurs. Notons que nos tentatives de joindre, hier, maîtres Benissad et Kadour Chouicha, se sont avérées vaines.