* Tweet * * * Tweet * * Les indicateurs relevés dans l'affaire Khalifa bank permettent de la classer hautement dans le dossier « vol qualifié économique » et « myopie politique ». Le stratège apparent Khalifa Rafik (Abdelmoumène) ne peut être à lui seul le protagoniste principal et tout laisse supposer l'existence d'une organisation hautement rompue aux mécanismes de déroute à grande échelle (à la madoff). Mais comment peut-on en arriver jusque là ? Le marketing séducteur Comme dans toute stratégie marketing Khalifa a développé le mix-marketing pour réaliser sa performance au détriment des déposants incrédules. Qui sont nos clients ? Les clients Khalifa étaient des particuliers en majorité, mais aussi des entreprises publiques en quête de placement de leurs liquidités. Les premiers se présentaient d'eux-mêmes car attirés par la qualité supposée des agences khalifa, rapidité, facilité. Ils ont entendu l'appel. Les seconds, le déroulement du procès précédent l'a démontré, les entreprises publiques étaient démarchées par les « agents commerciaux » de Khalifa. Elles ont entendu qu'on vienne leur faire le prêche sur place. Elles ont cru avec un appétit inavoué (litamaâ, hadak yabqa tallab). (Dans l'interstice l'effecteur était invisible dans le système). Que veulent-ils ? Lorsqu'un client décidé de placer son argent dans une agence bancaire en général les facteurs objectifs sont : la sécurité, la disponibilité, le rendement, et la qualité de service. Khalifa a joué sur les trois derniers fronts vérifiables par le déposant lors des contacts fréquents et de la négociation. Mais l'appât principal pour attirer la proie (Khalifa était une banque de proie) a été à l'évidence le faramineux taux d'intérêt (jusqu'à 17%) qui dans un contexte français aurait été qualifié de taux d'usure, car représentant à l'époque plus du double du taux de base de la banque d'Algérie (taux directeur). En général ce dernier se complète par une marge pour constituer le taux d'intérêt rémunérant les placements au niveau bancaire. A l'époque les particuliers comme les entreprises recherchaient coûte que coûte des placements à haut rendement pour atténuer l'effet de l'érosion monétaire due à l'inflation à deux chiffres, à cause d'une économie moribonde, et le renchérissement du taux de crédit à deux chiffres lui aussi, imposé par les autorités monétaires, conséquence du plan d'ajustement structurel imposé par le FMI. Quels produits leur proposer ? Khalifa a conçu une gamme de produits très sophistiquée, dépassant largement celle des banques publiques qui n'avaient pas encore digéré leur sortie de la coquille socialiste, superbement administrée qu'elles étaient, et manquant d'imagination pour construire le pôle de référence pour l'économie algérienne. C'est là où le bât blesse. Outre la diversité des produits, avec une trame de fond hautement technologique ; carte de paiement (qu'aucune banque publique n'avait réussi à promouvoir) Khalifa proposait toute une variété de produits bancaires avec facilité et leur servait une adjonction qui de la billetterie, qui des cartes de thalasso, qui des cartes visa et autres facilités matérielles. Une sorte de service complet que peuvent envier les meilleurs spécialistes du marketing outremer, mais véhiculé à l'intérieur du plasma de certains algériens gestionnaires du secteur publique (au cerveau de canaille) qui tombent facilement sous l'effet de donnant-donnant (haja bjaja). Le cercle Khalifa était très au fait de la psychologie de masse du « gain-facile » qui mine la mentalité de notre pays depuis la décennie 90 et où règne la confusion entre économie libérale et économie de « libéralités ». Comment les satisfaire ? Là c'est le domaine de la communication, où Khalifa faisait du matraquage sans discontinuité : qui des publicités «produits » dans les journaux sans répit, qui des publicités « images » dans les médias avec un affinement décoratif de hautes responsabilités constituant le cercle de fréquentation de Khalifa qui relève plus de la psychologie de manipulation de type suggestif. C'est un jeune algérien qui monte dans la réussite et qui a brisé le tabou du secteur privé parasite pour l'économie nationale. Le mythe Khalifa allait être bâti sur quelques images médiatisées le montrant côtoyant certaines personnalités et le faisant passer pour quelqu'un devant être craint et rassurant. Qui pouvait oser le remettre en cause publiquement à cette époque, même avec des arguments bien ficelés. Il n'y avait dans l'air aucun doute sur sa probité. Et, à ce niveau, l'homme de la masse (même en étant haut placé) y tombe facilement. Le cercle (des vicieux) qui tourne toujours en rond dans les affaires mafieuses, et ayant transfusé Khalifa dans son airbag voltigeur a profité de son aura installée pour vider, avec sa complicité, les caisses pleines à craquer. L'Etat algérien a le devoir de récupérer cet argent qui appartient à des citoyens spoliés par un excès de confiance savamment entretenu. Jusqu'à quand ces gens de nulle part (la-dine, la-mella, la-assala) vont-ils imposer leur loi maffieuse dans les affaires algériennes. Nous interpellons l'Etat algérien de prendre toutes les mesures pour nettoyer les écuries d'Augias, restaurer par des mesures concrètes la confiance et la sécurité dans le pays pour favoriser l'émergence d'un cercle vertueux seul apte à sauver l'Algérie des prédateurs. Un algérien qui pense que quelque part malheur est bon, l'Algérie a entendu le cri de ses enfants légitimes et son ventre est en train de vomir de ses entrailles les souillures que lui ont infligé les canailles et traîtres depuis l'indépendance. Vos actes se retournent contre vous (sentence de notre Prophète Sidna Mohamed ; QSSSL). (NB de l'auteur : cet article devait être publié dans la presse nationale juste après le procès de la banque khalifa, mais la censure en a décidé autrement). Nombre de lectures: 1878 Views