«...pense un peu à ta situation humiliante de colonisé, réduit sur son propre sol à la condition honteuse de serviteur et de misérable surexploité par une poignée de privilégiés, classe dominante et égoïste qui ne cherche que son profit sous le couvert fallacieux et trompeur de civilisation et d'émancipation. » (Extrait de l'appel de l'ALN, du 1er Novembre 1954, au peuple algérien.) Essaid AKNINE et Hacène LOUCIF. A l'heure où l'histoire de l'Algérie nous interpelle dans tout ce qui constitue notre algérianité, à l'heure où les bouleversements que connaissent les territoires anciennement colonisées, notamment ceux de Tafriqt U Gafa (l'Afrique du Nord), ceux du Moyen-Orient, ceux du Sahel et ceux de l'Afrique centrale, remettent en cause jusqu'à l'existence des Etats postcoloniaux, à l'heure où-au 53ème anniversaire de son indépendance- notre pays est endeuillé par les tueries des stratégies du chaos local ayant fait, cette fois-ci, une trentaine de morts dans la vallée du M'zab, à l'heure où, l'Algérie s'apprêtant à célébrer le 59ème anniversaire du Congrès de la Soummam, « le terrorisme résiduel » programmé et mené au grès d'intérêts claniques et antinationaux continue d'ôter la vie aux enfants de l'Algérie appelés à servir dans les rangs de l'Armée Populaire Nationale ou engagés sous l'uniforme d'autres corps constitués , il est fait appel à « la constitution d'un front intérieur solide et harmonieux ». Comme le fut celui de Novembre, cet appel aurait pu offrir l'occasion de restituer au peuple son histoire, et de lui permettre d'être souverain de son présent et de projeter un avenir d'émancipation citoyenne à ses enfants. Or, il n'en est rien ! Autoproclamés tuteurs du peuple et dépositaires des richesses du pays, les décideurs de la Présidence, ceux du Commandement militaire et ceux du DRS persistent à maintenir les institutions de l'Etat en otage de leurs luttes claniques et à subordonner le devenir de la Nation algérienne à celui de leur régime criminel et mafieux. Les récentes tueries de la vallée du M'zab et les attentats d'Aïn Defla ne laissent aucun doute sur l'implication des supplétifs des officines étrangères dans un conflit ayant pour enjeux l'arbre de l'après Bouteflika et la forêt de l'héritage du système de l'exercice informel du pouvoir et celui de l'économie rentière qu'il cache. Ces supplétifs se trouvent au niveau des hautes sphères du pouvoir. C'est dans ce contexte qu'il est procédé à une mobilisation massive des émotions et des traumatismes dus à l'intégrisme contrôlé des ignorances, fruit des « ignorances institutionnalisées », pour faire du peuple le Khemmas du régime militaro-mafio-DRS ou de l'un de ses clans. Chers algériennes, chers algériens, Repenser la citoyenneté algérienne pour sortir des impasses historique, identitaire, culturelle, cultuelle, politique, économique et géostratégique qui menacent notre pays dans son existence ne se décrète pas. Ce processus, nous devons le mener pour redéfinir la Nation algérienne de façon à lui donner les moyens de se nourrir des mémoires collectives, des pluralités et des diversités qu'elle recèle et les émanciper pour se réapproprier les institutions de l'Etat, à commencer par l'institution militaire. Car, n'en déplaise aux décideurs, l'armée doit être au service de la Nation. Elle a pour vocation de veiller à la préservation de la souveraineté nationale et de l'intégrité territoriale dont le prix fut chèrement payé par le peuple algérien. Le seul front qui doit nous unir, c'est celui du peuple ! Le seul objectif qui doit nous réunir, c'est celui de la restauration de la légitimité populaire via l'élection d'une Assemblée Nationale Constituante pour, enfin, réaliser l'un des objectifs principaux de la Révolution algérienne : l'instauration d'une République garantissant toutes les libertés démocratique dans un pays libéré du dogme étatisé et des orientations idéologiques aliénantes. Chers sœurs, chers frères, Les leçons de patriotisme, c'est aux décideurs autoproclamés du régime de les prendre. A ces derniers, disons haut et fort : Le patriotisme, c'est se rappeler le devoir d'être fidèle au Serment de Novembre d'instaurer une République algérienne démocratique et sociale. Le patriotisme, c'est consacrer la primauté du politique sur le militaire, tel que préconisé dans les résolutions du Congrès de la Soummam. Le patriotisme, c'est s'astreindre au devoir d'inventaire du régime militaro-mafio-DRS depuis sa naissance. Le patriotisme, c'est restituer le récit historique du combat du peuple pour l'indépendance de l'Algérie aux algériennes et aux algériens. Le patriotisme, c'est mettre à nu les « révolutionnaire » de la 25ème heure, ceux-là mêmes qui n'ont aucun passé réel dans la Révolution algérienne. Le patriotisme, c'est démasquer les commanditaires et les exécutants de tous les assassinats politiques commis contre les enfants de l'Algérie. Le patriotisme, c'est rendre justice à tous les militants politiques, des Droits de l'Homme, syndicalistes ou citoyens réprimés dans les mouvements d'insurrection ou de contestation du régime depuis l'indépendance. Le patriotisme, c'est mettre fin à la supercherie politique de « la famille révolutionnaire ». Le patriotisme, c'est établir la vérité et la justice sur les 200 000 morts et les 20 000 disparus Le patriotisme, c'est donner suite par des mesures politiques et juridiques concrètes au rapport du Pr Issad sur les tueries de la Kabylie en 2001. Le patriotisme, c'est faire toute la lumière sur les tueries de la vallée du M'zab. Le patriotisme, c'est réhabiliter le peuple dans son droit d'exercer ses souverainetés politique et économique. Le patriotisme, c'est rendre l'Etat à Nation. Le patriotisme, c'est dissoudre la police politique. Le patriotisme, c'est démasquer les auteurs des hautes trahisons à la patrie. Le patriotisme, c'est dissoudre les cercles claniques de la décision politique et démanteler les réseaux informels de la distribution de la rente. Messieurs les décideurs autoproclamés du régime militaro-mafio-DRS, le jour où vous ferez preuve de patriotisme face à ces questions soulevées, le jour où vous aurez le courage de faire l'inventaire du régime clanique que vous représentez, ce jour-là, nous vous décernerons des médailles de bravoure. Vive l'Algérie, Gloire à nos martyrs. * facebook * twitter