Hirak 17 23 juin 2019 Quatorze manifestants ont été placés sous mandat de dépôt par la justice algérienne pour avoir brandi ou simplement avoir possédé un drapeau Amazigh lors des manifestations du 21 juin dernier. Il s'agit là d'un scandale absolu et d'une atteinte inacceptable à la liberté inaliénable de manifester et de s'exprimer. Ces jeunes, pour la plupart, ont été raflés au hasard en totale illégalité, dans la plus évidente tradition coloniale, par la police « nationale ». Il s'agit là du premier effet du sermon démagogique lu par le chef d'Etat Major Gaid Salah le 19 juin 2019. Ceux qui rédigent les discours de ce géronte savent ce qu'ils font. L'opinion publique sait ce qu'elle a entendu, tous ont parfaitement compris le but de la manœuvre. En tous cas, si personne ne peut préjuger de la valeur militaire de ces rédacteurs de discours, tous peuvent constater l'inanité de leurs compétences politiques. Qui n'a pas immédiatement réalisé que l'Etat-Major de l'ANP, détenteur effectif du pouvoir, cherche à fracturer le front politique constitué par le peuple tout entier ? Cette grossière manipulation vise, dans la plus pure tradition coloniale ici également, à opposer les algériens berbérophones aux algériens arabophones. La réponse des manifestants du vendredi 21 juin à cette tentative de division pour le moins stupide et à – très – courte vue a été sans ambages : l'union nationale a été réaffirmée avec force et conviction. Pour le peuple, d'est en ouest et du sud au nord, le drapeau Amazigh n'est aucun cas un concurrent ou un rival au drapeau de la nation algérienne. Le drapeau Amazigh est le symbole de la profondeur millénaire et de l'immense richesse culturelle du peuple tout entier, arabophone, berbérophone, francophone et dans toues les langues du monde. Cet emblème est le frère culturel de notre étendard national, celui que tous, Algériennes et Algériens, portent haut pour affirmer l'attachement patriotique à l'Algérie. Aucun général n'est en droit de faire appel cyniquement à la mémoire des martyrs pour tenter de porter atteinte à la cohésion du peuple. Aucun apprenti-despote, de l'Etat-Major ou d'ailleurs, n'est qualifié pour s'arroger le monopole du patriotisme ou pour décerner des attestions d'appartenance à la Nation. S'il s'agit d'intimider ou de faire peur pour dissuader le peuple de manifester, le calcul est ici aussi d'une consternante ineptie. La digue est rompue et le peuple manifestera jusqu'à obtenir satisfaction de ses justes revendications pour les libertés et le Droit. Les décideurs militaires devraient essayer d'élever leur stratégie à la hauteur de ces attentes du peuple plutôt que de recourir aux méthodes éhontées de division du colonialisme. Les quatorze jeunes incarcérés illégalement doivent être immédiatement libérés tout comme les 160 prisonniers qui croupissent dans les geôles d'un régime délinquant.