Les Algériens n'entendent pas rentrer chez eux avant la satisfaction de leurs revendications, essentiellement le changement radical du système politique. Malgré les provocations, ils ne perdent pas le cap. Le 18e vendredi de mobilisation nationale a été l'occasion de réaffirmer l'unité du peuple dans sa diversité, en lançant des slogans contre le régionalisme, le racisme et en dénonçant les tentatives de division et de diversion. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Un moment fort de communion et d'engagement. A Alger, la mobilisation est toujours impressionnante. Des marées humaines ont convergé vers le centre de la capitale. A l'unisson, les manifestants ont crié leur colère contre les discours visant à diviser les populations mobilisées depuis le 22 février contre le système politique. La journée était dédiée à l'union du peuple et à l'unité de ses revendications. La détermination d'aller au bout du mouvement populaire se lit sur tous les visages. Les manifestants ont banni le régionalisme à travers leurs slogans, pancartes et banderoles. «Les Algériens khawa khawa» était le slogan phare qui a marqué la journée d'hier, perçu comme un défi aux manœuvres de division du pouvoir. Le chef d'état-major de l'armée a été la cible principale des processions humaines à cause de son dernier discours dans lequel il a annoncé avoir donné des instructions fermes aux forces de sécurité afin de faire face à tous ceux qui arborent un autre drapeau que celui national. Une chasse au drapeau amazigh a été lancée dès le matin. Les services de l'ordre ont opéré des interventions musclées au milieu des foules pour arracher le drapeau amazigh. Plusieurs blessés ont été enregistrés et des dizaines de personnes ont été interpellées. Mais cela n'a pas empêché les manifestants de brandir de manière massive le drapeau amazigh après la prière de vendredi. Ce drapeau a été fortement déployé, hier, à Alger. «On a dit les B, et non les drapeaux», ont lancé les manifestants pour rappeler que la revendication porte plutôt sur le départ des figures du système, à leur tête le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, et le chef du gouvernement, Noureddine Bedoui. L'affirmation identitaire a résonné dans toutes les places de la capitale, comme pour affirmer que la politique du pouvoir de diviser pour régner est révolue. «Le régime algérien a tiré sa force de la division des Algériens depuis 1962. Aujourd'hui, la balle est dans notre camp. On s'unit pour vivre libre ou on se divise pour vivre en esclave», résume une large banderole accrochée sur un immeuble de la rue Didouche-Mourad. Les manifestants ont rejeté le dialogue avec «les bandes». Ils ont appelé au départ de Bensalah et Bedoui avant d'envisager toute solution à la crise du pays. La mobilisation massive d'hier et les messages des manifestants ne laissent aucun doute sur la détermination des Algériens de ne pas arrêter la révolution en milieu du chemin. Il semble que rien ne pourra arrêter cette révolution pacifique qui a émerveillé le monde entier. K. A.