Si j'étais un importateur de « dattes algériennes » je me méfierai d'un pays où un ministre de l'agriculture par le biais de sa justice met « l'honneur de son économie », « l'image de l'Algérie » dans quelques kilos de dattes. Si j'étais importateur de « dattes algériennes » je me méfierais du gouvernement d'un pays qui dément une information en jetant en prison un journaliste pour avoir révélé une affaire banale de marchandise suspectée d'être de qualité discutable. Si j'étais importateur de « dattes algériennes » je réfléchirai à deux fois avant de faire affaire avec un état qui mobilise toute sa puissance, médiatique, judiciaire et politique pour décharger de leurs responsabilités des exportateurs avec lesquels j'aurai fait affaire privée. Je réfléchirai à deux fois avant de faire commerce avec un pays où un ministre de l'agriculture place les intérêts privés des exportateurs qui ne sont que des hommes d'affaires soucieux avant tout de leurs profits, avant l'intérêt général, comme par exemple la préservation de la santé des autres. Et, si j'étais une consommatrice de « dattes algériennes » j'hésiterai avant de manger des « dattes algériennes » porteuses d'une telle charge symbolique transformant l'exportation d'une banale marchandise en voyage quasi mystique de l'honneur d'un pays. Et, si j'étais, par exemple, un importateur de « dattes algériennes » depuis La Nouvelle Guinée Papouasie, alors que jamais de ma vie je n'aurai pensé à lire un article d' Echourouk dont j'ignorai jusqu'alors l'existence, je saurai maintenant que « les dattes algériennes » sont « suspectes » et, j'enverrai un message de remerciement au ministre de l'agriculture pour m'avoir mieux informé que toutes « les agences ennemies » de l'Algérie, et qui sais? je pousserai même la politesse jusqu'à signer une pétition demandant la « libération immédiate » de ce malheureux journaliste, portant le nom désormais célèbre de Belgacem Houam, pour m'avoir tant appris sur son pays depuis si peu de chose.