Les militants Saïd Salhi, Aïssa Rahmoune et Salah Dabouz ont fui en France et en Belgique pour échapper à l'emprisonnement et sauver leur vie. Ils racontent au « Monde » ce qui les a poussés à partir alors que l'Algérie passe son Examen périodique universel au Conseil des droits de l'homme, à Genève. Par Mustapha Kessous et Madjid Zerrouky(Belgique, envoyés spéciaux) Publié le 11 novembre 2022 Le Monde https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/11/11/ Même lui est parti. Lui qui a été de toutes les manifestations, de toutes les marches, de toutes les luttes. Lui qui prenait le micro pour dénoncer le système, les arrestations perpétuelles de militants, les tortures en prison... Saïd Salhi, emblématique vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), a fui son pays, sans bruit, le 23 juin. « Je n'avais jamais pensé quitter l'Algérie», souffle-t-il. C'est dans un coin perdu de Belgique, entouré de noisetiers et de rosiers, qu'il a trouvé «la paix» avec son épouse et ses deux enfants (pour des questions de sécurité, les noms des villes où résident les témoins ne sont pas divulgués). Le quotidien y est enfin plus serein, mais «l'exil est un arrachement», déclara- il avec mélancolie. Ses filles n'ont pu prendre qu'un souvenir de leur vie passée au moment de dire au revoir à Béjaïa, la capitale de la Petite Kabylie. Des photos de famille pour l'une ; un jouet pour l'autre. Il s'agissait de ne pas éveiller la curiosité de la police aux frontières. Et de partir comme en vacances, une petite valise sous le bras. Alors que, vendredi 11 novembre, l'Algérie passe son Examen périodique universel au Conseil des droits de l'homme à Genève, où est évaluée la situation des Etats membres des Nations unies, les ONG algériennes dénoncent un recul sans précédent des libertés dans le pays. Saïd Salhi est le symbole de ce recul et d'une saignée que vit l'Algérie en ce moment, reconnaît Hakim Addad, cofondateur du Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ), qui a dû, lui aussi, quitter le pays pour la France, en décembre 2020. Journalistes, magistrats, avocats et militants des droits humains partent ou tentent de partir. La fermeture et la répression sont telles que plus rien n'est faisable sans risquer l'arrestation, alors nous nous exilons pour parler et agir d'ailleurs.» En Allemagne, au Royaume Uni, en Italie, au Canada, en Espagne et en France, bien sûr. Avec un visa étudiant ou de tourisme, ou, faute de l'obtenir, en prenant un bateau pour rejoindre les côtes ibériques (selon Frontex, plus de 13000 Algériens sont entrés illégalement en Espagne depuis le début de l'année). Selon l'Office français de protection des réfugiés et apatrides, en 2021, 1514 demandes d'asile ont été déposées par des ressortissants algériens, 139 ont reçu la protection. Sur les neuf premiers mois de 2022, 901 demandes d'asile ont été recensées. «CONTINUER LE COMBAT » En Belgique, Saïd Salhi a, lui aussi, demandé l'asile et cette décision le tourmente. «L'asile n'a jamais été un projet. Parfois, je culpabilise. Par rapport à ma famille, à mes parents... Je me bats pour un pays, pour que mes filles puissent vivre chez elles et je le laisse derrière moi. Mais il faut continuer le combat», assure-il. A 51 ans, cet ancien urbaniste, figure de la LADDH, qu'il rejointe en 2005, a été un promoteur infatigable du Hirak et une cheville ouvrière de l'organisation de la société civile autour de ce mouvement pacifique de protestation inédit qui a secoué l'Algérie à partir du 22 février 2019 et qui a mis fin au règne d'Abdelaziz Bouteflika. «Le seul mouvement après l'indépendance [en 1962] qui a unifié les Algériens», rappelle-t-il. Lorsqu'il en parle, on sent une nostalgie l'étreindre : «J'espère un jour retourner en Algérie si la situation s'améliore. Il y a toujours des miracles. Le Hirak n'en est-il pas un?» Ce «miracle», Saïd Salhi décide de l'accompagner dès les premières marches qui ont dénoncé la volonté du «système» de présenter l'ancien président Bouteflika pour un cinquième mandat. «On s'est dit dès le départ que, comme la population était sortie dans la rue, il ne fallait pas laisser seule face au pouvoir», se remémore-il. Le 26 février 2019, lors d'une manifestation étudiante à Alger, il est arrêté avec Abdelouahab Fersaoui, le président du RAJ. Ce jour-là, les policiers pensent avoir mis la main sur les «meneurs». Entre le régime et lui, la pression ne retombera jamais. La LADDH cherche à établir une jonction entre les jeunes et la société civile, rassemblant Kabyles et Algérois, le Sud et le Nord. Entre partis politiques aussi, toutes tendances confondues. Le pouvoir réagit et veut couper court à toute idée d'unité nationale. «C'est pour cela qu'il commence à s'attaquer à la Kabylie, avec l'interdiction du drapeau berbère dans les manifestations [en juin 2019]», affirme-il. Le tout puissant ex chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah, est à la manœuvre, avec une ligne directrice: diviser pour mieux régner. Les arrestations et condamnations à des peines de prison commencent à pleuvoir. « J'étais prêt. Je m'attendais à recevoir des coups. À faire de la prison... Qu'a fait Le Pouvoir pour nous casser ? L'article 87 bis», lance Saïd Salhi. En juin 2021, ce point du code pénal assimile à du «terrorisme» ou à du «sabotage» tout appel à «changer le système de gouvernance par des moyens non conventionnels». Officiellement visés: les islamistes du mouvement Rachad et les indépendantistes kabyles du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK). Il s'agit aussi de faire taire tous les contestataires. «C'était un basculement psychologique, cet article a été une manière de nous ramener à la décennie noire [qui a fait plus de 150000 morts dans les années 1990, dans une guerre contre le terrorisme islamiste]. En Algérie, être accusé de terrorisme est une infamie, alors imaginez les répercussions dans les familles après une telle mise en cause. Beaucoup de militants ont reculé, analyse-t-il. En réalité, le pouvoir connaît mieux la société que l'opposition. Nous n'avons pas perçu ses peurs. Le régime le savait et a su jouer sur ses traumatismes. » La répression s'intensifie, le défenseur des droits humains continue de la dénoncer, mais il est de plus en plus inquiet. «L'ex Président du Conseil national des droits de l'homme [un organisme étatique] m'a envoyé un jour ce message : "Dans toute lutte, il faut prévoir une balle pour son ennemi et neuf pour ses amis. «Un avertissement ? Quand Il se déplace, les services de sécurité prennent l'immatriculation de sa voiture en photo et le filment. Le 25 avril, le militant Hakim Debbazi meurt en prison. Saïd Salhi Médiatise son cas. Cette fois ci, les messages que lui fait parvenir le pouvoir deviennent sans équivoque : «Fais attention à toi.» Il comprend qu'il doit partir. Avec Saïd Salhi, deux autres figues de la LADDH, aux sensibilités différentes, ont dû s'en aller également. Dans son salon d'un modeste HLM, situé quelque part dans le nord de la France, Aïssa Rahmoune tourne avec ses tourments, à la manière d'un derviche mélancolique. Les Montagnes de Kabylie, sa maison, la piscine, son fils de 5 ans qui n'arrête pas de lui demander comment vont ses chiens... Tizi-Ouzou semble si loin et inaccessible en face de cette vulgaire route nationale. « J'avais une bonne situation au pays. On ne refait pas sa vie à mon âge, souffle-t-il. Je n'avais pas le choix : il fallait fuir pour rester en vie.» Ce brillant avocat, vice-président de la LADDH, est parti le 27 avril avec son garçon et son épouse, enceinte de jumeaux. D'abord par la Tunisie, pour ne pas éveiller les soupçons des autorités, avant de rejoindre la France le 6 mai. Quelques jours plus tard, ce quadra à la voix réconfortante a déposé une demande d'asile. Aïssa Rahmoune a un rêve : une Algérie libre et démocratique. Alors qu'il se destinait à étudier le commerce international, la «décennie noire» le bouleverse. Il refuse, selon lui, la ligne que le régime impose à l'époque : la «bipolarité» de la vie politique. « Il fallait opter pour un camp, celui des islamistes ou des militaires. J'ai choisi le droit », clame-t-il. UN RÊVE BRISE PAR LE COVID-19 Il a déjà l'intuition que seule une justice indépendante peut permettre à son pays «d'ouvrir des portes sur le futur, le monde politique et associatif », explique- t-il. Voilà pourquoi il intègre la Ligue en 1997. Face au système politico-militaire et aux islamistes, la LADDH représente, pour lui, la « troisième voie », celle de «la sagesse, de la réconciliation et du débat ». Durant sa carrière, Me Rahmoune se soucie de la vie des militants, des plus iconiques aux simples anonymes : il a été l'un des avocats de la famille du chanteur Lounès Matoub (assassiné en 1998). Et puis, le 22 février 2019 arrive. Son Rêve va t'il enfin se réaliser ? Deux jours plus tard, il appelle avec d'autres confrères à une marche nationale des avocats pour la «dignité». Les mois qui suivent sont intenses: il défend sans relâche des figures du Hirak telles que Lakhdar Bouregaa, héros de la guerre d'indépendance (1954 – 1962), l'activiste Brahim Laalami, le politique Karim Tabbou, le journaliste Khaled Drareni ou encore Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT, trotskiste), acquittée par le tribunal militaire de Blida après avoir été accusée de «complot» contre l'armée et l'Etat. Il multiplie les appels à la transition démocratique, mais l'épidémie de Covid19 brise son rêve. «Le régime en profite pour mettre tout le monde en prison, résume l'avocat. Des magistrats sont mutés, notamment les plus contestataires.» Dans les mois qui suivent, certains militants tentent de reprendre les marches en Kabylie et, le 11 juin 2021, il est arrêté – pour la troisième fois – lors d'une manifestation à Tizi Ouzou avec deux autres avocats de renom. Il raconte que la police leur reproche de ne pas avoir... respecté la distanciation physique. Quelques jours plus tard, ils déposent une plainte auprès du procureur général pour dénoncer ce type d'arrestation. «Le vendredi suivant, des voitures de la gendarmerie se garent devant chez moi. Ils sont revenus régulièrement. Dès que mes chiens aboyaient, je savais qu'ils étaient là. C'est le début d'une intimidation qui va durer des mois, explique-t-il. Cette pression était une manière de nous dissuader de porter plainte contre les forces de l'ordre. Car, si les citoyens le font, cela engendrerait des preuves, des rapports et de la documentation que nous, avocats, on peut utiliser sur le plan national et international.» Cette présence de la gendarmerie sans discontinuité effraie ses proches et la tension qui en découle est difficile à apprivoiser. «Après une réunion familiale, on me dit de quitter le pays », se rappelle-il. D'autant qu'il apprend d'une de ses sources que les renseignements généraux seraient en train de monter un dossier sur lui pour appartenance à un groupe terroriste, sur la base de l'article 87 bis. «Parce que j'ai défendu des gens de Rachad et du MAK», dit-il. DENONCER « L'ARBITRAIRE » « C'est comme si la France avait condamné Jacques Vergès ou Gisèle Halimi pour terrorisme parce qu'ils avaient défendu, en leur temps, des indépendantistes algériens », lance Salah Dabouz. Chez cet avocat qui garde toujours la tête haute, la contestation est un mode de vie. Dans sa famille (des Berbères de rite ibadite), originaire de la majestueuse ville mozabite de Ghardaïa, elle est même héréditaire. Il raconte que son père, victime un jour d'une injustice, n'avait pas hésité à écrire, en 1967,à Houari Boumediene, alors tout puissant président algérien, pour lui fait part d'une réflexion: «Si un citoyen perd ses droits sur le trottoir, il est censé les récupérer dans les instances de justice ; mais si c'est dans ces instances de justice qu'il perd ses droits, comment peut-il faire pour les récupérer ? » «Ne pas oublier de contester», tel est son credo. Que ce soit sur sa page Facebook, dans les salles d'audience des différentes wilayas (préfectures) ou lors d'une grève de la faim, Salah Dabouz, «59 ans et demi», comme il le dit avec un sourire enfantin, n'a pas omis de dénoncer «l'arbitraire», «les abus de la justice», «la justice du téléphone» et un pays qui «n'a rien d'un Etat de droit». Figure du barreau algérien, Salah Dabouz, élégant avec sa cravate rouge parsemée du Yaz, le symbole des Berbères, est devenu avocat presque par hasard et assez tard. Un cousin qui a eu un différend avec une université l'a poussé à s'intéresser au droit. Alors commercial à Tiaret (nord-ouest), il reprend ses études au début des années 2000 et prête serment à l'âge de 46 ans. Il exerce dorénavant son métier en Belgique depuis plus de trois ans. A l'instar de MM. Salhi et Rahmoune, cet ancien président de la LADDH (de 2013 à 2018), qui a refusé de troquer sa langue et ses convictions pour un poste, a dû, lui aussi, quitter son pays pour échapper à la prison ou à la tombe. « Je suis parti pour ne pas mourir, explique-t-il. Pas par lâcheté mais pour préserver ma vie.» Sa vie, il aurait pu la perdre le 9 septembre 2019 à Ghardaïa. Ce soir-là, il échappe à une agression au couteau qui aurait pu être fatale. Une semaine plus tard, il s'envole pour la Belgique. Entretemps, hasard des circonstances, il venait de recevoir un visa, car il s'était «inscrit en tant qu'avocat étranger au barreau belge». Il laisse à Alger son épouse, ses parents malades et son cabinet. Il tient à préciser qu'il n'a pas demandé l'asile pour le moment. « Je suis parti pour me protéger, mais je n'ai pas demandé la protection [aux autorités]», souligne-t-il. Avant son agression, il a subi l'acharnement de la justice : interpellations, condamnations. Et pour avoir déclaré que le parquet de Ghardaïa est «le pire des pires» du pays, il a été interpellé à Alger, en avril 2019, puis présenté à un juge de la cité mozabite, située à 600 kilomètres de la capitale, qui le place sous contrôle judiciaire deux, puis trois fois par semaine. « Je prenais le bus de nuit à 23 heures d'Alger, j'arrivais à 6 heures à Ghardaïa. Je signais le registre au tribunal et je reprenais le bus de 9 heures pour être chez moi le soir à Alger. Je refaisais ce voyage tous les deux jours. Ça a duré quatre mois. J'avais déjà connu un tel contrôle en 2016, se souvient-il. Ghardaïa a toujours été un laboratoire de la répression.» Face à différentes menaces qu'il a pu recevoir, il a porté plainte à de multiples reprises, restées sans effet, selon lui. «Partir, c'est aussi un moyen pour continuer le combat. Mort, on ne peut plus rien faire», arguait-il. Pour illustrer son propos, il évoque un cas qu'il a connu, celui de son ancien client, le docteur Kamel Eddine Fekhar. Ce militant de 55 ans de Ghardaïa est mort en mai 2019 : il avait été arrêté pour avoir dénoncé des pratiques «ségrégationnistes » à l'encontre des Mozabites par le pouvoir central. Il avait été placé en détention provisoire et poursuivi pour «atteinte à la sûreté de l'Etat» et «incitation à la haine raciale». Pour dénoncer cette détention, M. Fekhar était entré en grève de la faim. Sa santé déclinant (il avait déjà fait de la prison dans le passé), il est tombé dans le coma et a été transféré en ambulance de l'hôpital de Ghardaïa à celui de Blida, à plus de 550 kilomètres, où il est décédé. Me Salah Dabouz avait alors dénoncé un «crime» et une «mort programmée ». « Le pouvoir a tué Fekhar, je ne voulais pas terminer comme lui, dit-il dans une franchise déroutante. Dans 99 % des affaires politiques, il n'y a pas de faits, ou de plaintes. C'est toujours le parquet qui agit de son propre chef. Un simple post sur Facebook peut vous conduire en prison.» « PIRE» QUE SOUS BOUTEFLIKA Pourquoi le pouvoir algérien s'attaque-t-il aussi frontalement aux avocats ? «Nous sommes le dernier verrou de la contestation, clame Aïssa Rahmoune. Qui va dénoncer la torture, les arrestations arbitraires, les mandats de dépôt excessif ? Qui va rendre public ce qui est caché dans les couloirs de la justice ? » Avec du recul, Me Rahmoune pense que les avocats ont, lors du Hirak, servi de «caution au régime algérien, car il a eu besoin de nous». «En défendant les détenus d'opinion, le pouvoir a pu dire que ces derniers avaient eu droit à une défense, à un procès équitable alors que tout était déséquilibré, assure-t-il. Voilà pourquoi ce régime continue de prétendre qu'il n'y a jamais eu de détenus d'opinion en prison.» Le collectif Algerian Detainees («détenus algériens») estime à plus de 200 le nombre de détenus d'opinion. Loin d'Alger, et en exil à l'étranger, l'idée est de relocaliser le militantisme algérien pour constituer une base arrière en Europe. «Ici, on a accès à la presse et aux institutions internationales, on peut continuer à servir notre pays», martèle Aïssa Rahmoune, qui a été élu vice-président de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), le 27 octobre à Paris. Pour ces trois figures des droits de l'homme, la situation actuelle en Algérie est «pire» que sous Bouteflika. «Le contexte international a aussi compté : la crise énergétique et la guerre en Ukraine permettent au pouvoir de se radicaliser et de tourner le dos aux mécanismes internationaux des droits humains. En d'en finir avec toute contestation ». « Quelle puissance étrangère va critiquer l'Algérie maintenant?», note M. Salhi. Lui et ses deux camarades sont pessimistes quant au futur de leur pays. «J'ai peur pour l'Algérie. De ce qui va arriver. Que les prochaines manifestations soient violentes, et nous ne serons plus là pour être le médiateur entre le pouvoir et la rue. Les gens se sentent pris au piège dans cette prison à ciel ouvert», confie Saïd Salhi. «Si le régime s'entête à continuer à gérer le pays avec ce mépris, nous allons droit vers la confrontation, assure Salah Dabouz. Le système sait réprimer. Par le passé, il a tué des révolutionnaires comme Abane Ramdane ou le président Mohamed Boudiaf. Il peut aussi éliminer tous militants actuels, cela ne m'inquiète pas : il y aura toujours de la contestation.» Mustapha Kessous et Madjid Zerrouky Aïssa Rahmoune, en France, le 5novembre. CAMILLE MILLERAND/DIVERGENCE POUR « LE MONDE » Salah Dabouz, en Belgique, le 7 novembre. COLIN DELFOSSE POUR « LE MONDE »